Ancienne boxeuse, désormais pratiquante de MMA, ce qui frappe tout d’abord chez Lucie Bertaud, c’est sa force de caractère. La combattante sait ce qu’elle veut et où elle va. Elle s’est longuement confiée pour Le Sport au Féminin. Extraits.
Arrivée par hasard dans le monde de la boxe, Lucie Bertaud n’en reste pas moins une athlète reconnue dans son sport. Trois titres de championnes d’Europe, cinq titres nationaux. Celle qui pratique désormais du MMA à la Bellator Company en veut toujours plus. Également journaliste sportif, la Française est une réelle athlète multitâche.
Pourquoi la boxe ?
Pour être honnête, j’en avais un peu rien à faire de la boxe, et même des sports de combat. Jusqu’à mes quatorze ans. Au collège j’ai été victime de harcèlement et j’ai été agressée par un groupe de filles. Je me suis promis que plus jamais cela n’arriverait. Donc j’ai commencé à apprendre la boxe. J’aimais bien la boxe thaï mais malheureusement il n’y avait pas grand chose chez moi, donc j’ai du apprécier la boxe anglaise comme il n’y avait que ça. Rapidement, mon coach m’a repéré. Mon premier combat en compétition … c’était drôle, j’ai eu tellement la trouille que j’ai sauté sur mon adversaire, je ne lui ai laissé aucune chance. A partir de là, une flamme est née, une graine s’est plantée. Je savais que j’allais faire ça pendant une grande partie de ma vie.
Sa fonction de journaliste
Le problème pour la boxe féminine, à mon époque en tout cas, c’est qu’on était quasiment dans un anonymat complet ! On réalisait toutes des exploits incroyables, et personne n’en parlait, c’était frustrant. Je voulais que ça change. Le statut de sportif de haut niveau peut ouvrir des portes de grandes écoles. Donc en 2008 j’ai décidé de rejoindre Sciences Po, ils avaient créé un cursus pour les sportifs. J’ai d’abord eu une année de remise à niveau puis ensuite j’ai pu rejoindre les autres étudiants. Là-bas, j’ai obtenu un certificat de journaliste sportif. J’ai eu un contrat en alternance sur TF1 et après je suis arrivée sur « Kombat Sport », où j’animais une petite émission : « Face à face ». On parlait d’un art martial différent chaque mois, on recevait des invités qui nous montraient des prises. A la fin c’était la partie drôle, celle ou je me battais avec l’invité. Je suis une femme de terrain donc j’ai également animé l’émission « Road to Fight ». On était en voiture avec des sportifs et on s’arrêtait dans des lieux significatifs pour eux. Après ça, la chaîne a été rachetée, c’est devenu RMC Sport. Ils ont viré tout le monde donc j’étais un peu dégoutée. Je me suis un peu retirée du milieu, maintenant je fais ça à l’occasion.
Son confinement
Ca va, ça se passe plutôt pas mal. Je suis redescendue chez ma famille en province, parce que le confinement à Paris je ne le sentais pas. Je voulais être confinée dans le vert sinon j’allais déprimer. Je suis en décalage horaire, je me lève tard, je me couche tard. Le ring me manque vraiment énormément, mais j’essaie de palier à ce manque. Je me suis recréé une salle de sport sur mon balcon, on fait avec les moyens du bord. Mon père m’a bricolé un vieux pneu pour taper un peu, j’ai ma sœur avec qui je peux m’entraîner pour quelques prises.
Après ce n’est pas facile, je n’ai pas de réelles infrastructures, pas de sparring-partner, mais on fait avec. Honnêtement, c’est une situation tendue, j’ai eu pas mal de soucis de revenus etc à cause du corona. J’ai eu des petites baisses de motivation. Mais je suis quelqu’un qui arrive à transformer le négatif en positif, j’anime des séances de sport sur Zoom, je lis des livres, je fais des vidéos. Le confinement fait ressortir mon côté créatif et c’est une bonne chose. Je travaille aussie sur mon livre qui devrait sortir au dernier trimestre 2020 si tout va bien. C’est un livre sur mon expérience, en partie aux USA.
le MMA en France
Le MMA est déjà très populaire en France. L’UFC, Bellator … ce sont des entreprises qui ont un pouvoir incroyable. J’ai découvert le MMA quand j’étais journaliste, j’ai commencé à m’y intéresser et je me suis rapidement dit que je voudrais en faire. Je suis partie vivre aux États-Unis parce que j’avais signé un contrat avec la American Top Team en Floride. Après je suis rentrée en France. J’ai eu énormément de chance parce qu’au moment ou je suis rentrée, le MMA était légalisé en France. Je m’inquiétais un peu parce que je n’ai plus 20 ans, je souhaitais plus que tout participer à cette hype autour du MMA. Aujourd’hui c’est fait, j’ai signé un gros contrat avec la Bellator, la deuxième plus grosse compagnie au monde.
Ils m’ont fait un super contrat, digne de l’UFC. Jamais je n’aurais pensé signer un aussi gros contrat. La France était un peu le dernier territoire non-conquis par le MMA, on était un peu les gaulois. C’est le conseil que je donne aux jeunes, pour faire du MMA, il ne faut pas juste être un bon sportif. Il faut plein d’autres choses. Il faut être un chef d’entreprise, les compagnies s’en foutent de toi, ce qu’elles veulent c’est faire de l’argent. Il faut être capable de gérer ça. Il faut aussi avoir du charisme, être un showman, pour que le public t’aime. Enfin, je dirais qu’il faut arrêter avec « l’American Dream », j’ai vécu aux USA et il n’y a rien d’exceptionnel, on est bien lotis en France !
Photo à la Une : (@Bellator)