L’haltérophile néo-zélandaise Laurel Hubbard a obtenu son ticket pour les Jeux Olympiques de Tokyo. Elle devient la première sportive ouvertement transgenre à s’aligner au JO. Portrait.
Hubbard est la première femme transgenre à concourir aux Jeux
Elle sera une candidate sérieuse au podium dans le pays du soleil levant. Cette sélection pourrait animer le débat sur la participation des sportives transgenres, notamment les avantages qu’elles auraient conservés. Mais « l’athlète remplit toutes les conditions pour participer », selon le comité de sélection olympique. De ce fait, elle présente depuis plus d’un an un taux de testostérone inférieur à 10 nanomoles par litre de sang lors des contrôles. Puis elle s’est déclarée comme femme depuis plus de quatre ans. En l’occurrence, depuis 8 ans maintenant. Alors du 25 juillet au 5 août, Hubbard va concourir dans la catégorie féminine des 87 kg. Une décision soutenue par sa principale concurrente australienne, Charisma Amoe-Tarrant.
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L’haltérophile la plus âgée à Tokyo
Classée à la seizième place du ranking mondial, Laurel Hubbard sera l’haltérophile la plus âgée aux Jeux 2021. Avec ses 43 ans, ses détracteurs estiment qu’elle a un avantage physique certain. Simplement du fait d’être née homme, au détriment de ces concurrentes nées femme. Ils ne manqueront pas d’exprimer une corrélation entre son changement de sexe et sa longévité. Beaucoup estiment que l’athlète, fille de l’ancien maire d’Auckland (2004 à 2007), s’est entraînée comme une folle avant d’effectuer son traitement d’hormone.
Elle est née sous le nom de Gavin Hubbard
En 1978, du côté de Auckland, Gavin Hubbard pointe le bout de son nez. Dès l’adolescence, elle se questionne sur son genre. Assigné garçon à la naissance, le mal-être émerge. « En fait, expliquait-elle dans une de ses rares interviews sur Radio New Zealand, je me suis dit que, peut-être, si j’essayais de faire quelque chose de très viril (la pratique de l’haltérophilie), j’allais le devenir, mais ça ne s’est pas passé comme ça. » Malgré de bons résultats sportifs, « la pression d’essayer de s’intégrer dans un monde qui n’était peut-être pas conçu pour des gens comme moi », était bien trop forte. Alors l’athlète, range les poids au placard en 2001 et entame une longue période de réflexion. À 35 ans (2012), alors qu’elle s’appelait encore Gavin, Laurel Hubbard a effectué sa transition de genre. La décision de sa vie.
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D’excellents résultats
Avant sa transition de genre, Hubbard a obtenu un record de Nouvelle-Zélande. En 1998, alors junior, dans la division M105+, elle lève 135 kg à l’arraché, et 170 kg à l’épaulé-jeté. Avec 300 kg au total, elle signe une excellente performance. Mais cette performance ne lui aura pas permis de percer sur la scène internationale. Plus tard son record national est avalé par David Liti. Après une longue pause et un changement de sexe, le Comité international olympique (CIO) autorise les athlètes transgenres à concourir. L’occasion pour Laurel Hubbard de reprendre l’entraînement et la compétition. Elle remporte l’argent aux mondiaux en 2017 à Anaheim (Etats-Unis), et l’or aux Championnats d’Océanie en 2017 (Gold Coast, Australie) et 2019 (Apia, Îles Samoa).
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« Je veux juste être moi-même »
Malgré les nombreuses critiques qu’elle reçoit, Laurel Hubbard parle très rarement devant les médias. En 2017, elle s’était exprimée dans une longue interview pour Stuff : « Je suis consciente que je ne serai pas soutenu par tout le monde, mais j’espère que les gens pourront garder l’esprit ouvert et regarder ma performance dans un contexte plus large. » Une manière intelligente de répondre aux critiques des athlètes concurrentes, notamment celles de sa compatriote Tracey Lambrechs. Après une grave blessure au bras en 2018, où son coude s’était retourné alors que la barre était au dessus de sa le tête, le jury a salué son sérieux. « Je respecte les règles, je ne suis pas là pour changer le monde, je veux juste être moi-même et faire ce que j’aime faire », déclare Hubbard sur Radio New Zealand.
Photo à la une : (@Alex Pantling)