Les doubles championnes d’Europe de voile en 470, Camille Lecointre et Aloïse Retornaz, vont représenter la France aux Jeux Olympiques dans un peu moins d’un mois (23 juillet au 8 août). Les deux athlètes doivent pourtant gérer vie professionnelle et personnelle avec leur vie de sportive de haut niveau. Une décision que Camile Lecointre, mère de famille, et Aloïse Retornaz, ingénieure en entreprise, n’ont pas tranchée puisque tous les aspects de leur vie sont organisés pour se compléter.
La vie de sportive est rythmée par les aléas de la vie de famille et la vie privée s’adapte aux exploits sportifs. Tel est le quotidien des deux skippeuses. Mère d’un petit garçon depuis septembre 2017, Camille Lecointre a saisi l’occasion de fonder une famille après sa médaille de bronze à Rio : « J’ai senti que c’était le bon moment. J’ai eu de la chance car la fenêtre pour faire un bébé est courte entre deux olympiades ! » La sportive de 36 ans réussit le défi d’allier vie personnelle et obligations d’athlètes grâce son détachement à 100% de la Marine Nationale pour se consacrer entièrement à la voile de haut niveau. Une situation qui lui permet de jongler entre toutes ses responsabilités et d’organiser au mieux son emploi du temps.
« Depuis que j’ai mon fils, j’ai beaucoup moins de temps pour moi, souligne Camille Lecointre. Le temps libre que j’ai, je le consacre à ma famille. Mes journées sont optimisées à bloc, je fais en sorte que tout s’enchaîne bien. Comme toutes les mères qui travaillent finalement, mais j’ai de la chance que Gildas (Philippe, coach de l’équipe de France féminine de 470) et Aloïse [Retornaz] comprennent mes contraintes et soient avec moi dans ce projet ! »
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Sa coéquipière a également une vie bien chargée avec ses responsabilités d’ingénieur dans le groupe bancaire Crédit Mutuel Arkéa. Aloïse Retornaz a voulu continuer à allier sport de haut-niveau et vie professionnelle comme elle avait réussi à le faire pour ses études à l’ISEN (Institut supérieur de l’électronique et du numérique) de Brest : « Je tenais à ce que mon diplôme ne reste pas traîner dans un coin, explique celle qui découvrira les Jeux Olympiques cet été. Travailler au Crédit Mutuel Arkéa est une chance, cela me permet de ne pas vivre dans une bulle et aussi d’assurer l’avenir. On entend souvent que la reconversion est difficile pour les sportifs de haut-niveau, moi je n’ai pas à m’inquiéter de ça car j’ai déjà une expérience professionnelle ! »
Un emploi du temps millimétré pour réussir à tout gérer
Cependant, travailler et préparer les Jeux Olympiques demande un minimum d’aménagements. La sportive de 27 ans bénéficie d’une convention d’insertion professionnelle de mécénat entre elle, son entreprise, la région et l’Agence Nationale du Sport (ANS). Cette convention définit son nombre de jours dans l’entreprise et le temps consacré pour son entraînement. « Cette convention est une chance, indique la skippeuse brestoise. C’est ce qui me permet depuis 5 ans de travailler et de continuer à pratiquer la voile à haut niveau ! Évidemment, à l’approche des Jeux, je suis moins souvent en entreprise, mais je sais que je pourrai reprendre plus souvent dès l’année prochaine ! »
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Ses aménagements ont permis aux deux skippeuses de commencer leurs séances d’entraînement dès janvier 2018 avec en ligne de mire l’épreuve olympique. Les résultats ont été rapidement au rendez-vous puisqu’en 2019, elles raflent tout. Elles remportent le titre de Championnes de France Élite, les Championnats d’Europe, l’épreuve-test des JO à Enoshima et elles sont désignées Marins de l’année. Après une année amputée à cause de la crise sanitaire, le succès revient cette saison avec le second titre de champion d’Europe dans leur catégorie mais également une encourageante 4ème place aux Championnats du Monde. Un palmarès qui confirme que la vie de sportive n’est pas incompatible avec une vie personnelle chargée.
Une décision de ne pas choisir
Cette deuxième facette de leur quotidien permet de relativiser les échecs sportifs. « Évidemment je suis toujours aussi contente lorsqu’on fait une bonne performance, et toujours aussi déçue lorsqu’on en fait une moins bonne, mais j’arrive à tourner la page plus vite ! », décrit la Havraise d’origine depuis la naissance de son fils. Pour sa coéquipière, le travail en entreprise bonifie ses qualités pour la voile : « L’entreprise m’apporte la rigueur, les protocoles, quand la voile depuis mon tout jeune âge m’a apporté une certaine autonomie, la possibilité d’être multi tâche. En fait, grâce à ces deux facettes de ma vie, j’arrive à bien m’adapter, je suis un caméléon ! »
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Des choix de vie qui sont totalement respectés par les deux femmes : « Garder un pied dans le monde de l’entreprise c’est super important pour la reconversion qui est parfois difficile pour les sportifs, explique Camille Lecointre. Ce qui est bien surtout c’est que c’est son choix et sa volonté ! » De son côté, Aloïse Retornaz analyse le choix fort effectué par sa coéquipière en 2017 : « C’est un choix de vie sympa, et qui était osé à l’époque car quand elle a décidé de faire un bébé, il n’y avait pas d’exemple à suivre en voile olympique. C’est aussi une chouette aventure pour leur vie de famille. »
Leur rêve olympique demande une grande organisation mais c’est aussi le coût pour réussir à allier vie de sportive et vie privée. Camille Lecointre et Aloïse Retornaz tenteront de décrocher la médaille d’or à Tokyo dans leur catégorie des 470 et ainsi prouver que la vie d’athlète n’est pas incompatible avec tout le reste.
Photo à la Une : (@Sailing energy)