Joueuse de l’ASM Romagnat, Caroline Thomas a été sacrée championne de France la saison dernière avec le club auvergnat. Pour autant, la native de Digoin en Saône-et-Loire ne s’enflamme pas. Si l’ASM Romagnat veut confirmer son nouveau statut, c’est avant tout par le mental que cela passera. Le titre de la saison dernière, les objectifs de cette saison, et son avenir avec les Bleues, Caroline Thomas s’est longuement confiée pour Le Sport au Féminin.
C’est enfin l’heure pour les joueuses de l’ASM Romagnat. Championnes en titre l’année dernière après une très belle victoire face à Blagnac en finale de play-offs la saison dernière (13-8), les Auvergnates remettent déjà leur titre en jeu.
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Dans la poule 1 où sont situées les coéquipières de Caroline Thomas, nous trouvons également le Stade Toulousain, le Stade Rennais ou encore le FC Grenoble Amazones. Après leurs très bons play-offs les ayant menées vers le titre la saison dernière, les joueuses de l’ASM Romagnat se savent désormais attendues et deviennent la cible à abattre. Reste à savoir si les Auvergnates réussiront à hausser leur niveau de jeu tout en conservant leur état d’esprit de l’année dernière !
Vous avez battu Blagnac la saison dernière. Un cap est-il désormais passé psychologiquement ?
Oui, c’est sûr. Mais à mon avis, toute l’équipe a passé un cap psychologique quelques temps avant. Nous l’avons passé lors du match aller face au Stade Toulousain. Nous avions perdu et en plus, nous n’avions même pas réussi à ramener les points du bonus défensif (défaite 36-27). Mais malgré la défaite, nous avions senti que quelque chose s’était passé dans la tête de toutes les filles. Nous avions compris que lorsqu’on jouait comme cela, avec le cœur et les tripes, on pouvait rivaliser avec presque n’importe qui, et même les cadors du championnat. C’est à partir de ce moment-là précisément que nous sommes devenues de moins en moins timides et que nous avons commencé à croire en nous et nos capacités. Après ce match, nous avons déroulé notre jeu. Nous nous sommes imposées contre Bordeaux (48-5), contre Bayonne (19-5) et puis nous avons su prendre notre revanche contre le Stade Toulousain quelques temps après (victoire 24-17).
Aujourd’hui, vous sentez-vous prêtes à jouer le titre chaque saison ?
Bien évidemment qu’on se sent prêtes ! Si tu démarres le championnat en te disant que tu ne vas pas gagner, que les matchs vont être difficiles, tu n’arriveras jamais à rien je pense. A ce compte-là, ça ne sert à rien de s’engager dans une compétition. Maintenant c’est différent, nous avons plus de confiance, plus de certitudes. On va démarrer la saison en tant que championnes en titre. Aujourd’hui, tout est remis à zéro. Surtout, il ne faut pas que l’on prenne trop la confiance. Ce qui est certain, c’est qu’on va être bien plus attendues. Pour autant, on ne s’est pas mis plus de pression que d’habitude. Notre préparation a été exactement la même que d’habitude. Le plus important, c’est surtout de ne pas se perdre dans cet argument du titre remporté. Il faut surtout que l’on joue au rugby, que l’on se fasse plaisir et qu’on conserve les valeurs qui étaient les nôtres la saison dernière.
Notre état d’esprit devra être irréprochable ! »
Nos objectifs cette saison ? Ils restent exactement les mêmes que l’année dernière dans nos têtes. Comme chaque année, c’est d’atteindre les phases finales. Après, évidemment, nos ambitions ont augmenté parce que nos résultats aussi ont été au-delà de nos espérances. Mais comme on dit souvent dans le sport, on va prendre les rencontres les unes après les autres. Il ne faut pas que ce titre de champion nous grise trop. Comme toutes les équipes, on joue pour gagner. Quand tu gagnes un titre, tu as forcément envie d’y regoûter ! Une vraie contre-performance, ce serait justement de ne pas se qualifier pour ces phases finales. On ne comprendrait pas comment cela est possible. Mais c’est ce qui nous arrivera si on change notre état d’esprit, si on part la fleur au fusil en ne respectant pas nos adversaires. Mais pour le moment, ce n’est absolument pas ce qu’il se passe dans le club. Notre état d’esprit devra être irréprochable !
Quelle a été la réaction de l’équipe après la belle victoire en demi-finales contre Montpellier l’année dernière ?
Evidemment, nous étions vraiment contentes après le match. Après la rencontre, nous nous sommes toutes réunies. On s’est dit que ce qui allait se passer maintenant, ce n’était que du bonus. Le but est d’aller toujours plus haut désormais. Ca fait un peu bateau comme phrase, mais lorsqu’on joue une finale il faut absolument la gagner. C’était donc notre objectif quand nous savions que nous allions jouer face à Blagnac. De toutes façons, si nous voulions aller au bout, il fallait battre toutes les plus grosses équipes. Après Toulouse, Montpellier était le deuxième gros morceau. Mais nous avons réussi à nous en sortir de belle manière. Ce sont toujours des matchs plaisants, les matchs couperets, ce sont ceux qu’on aime le plus jouer. A la fin du match, nous n’étions pas du tout surprises de notre performance. Nous nous étions préparés pour ces moments-là. Nous avions bien analysé nos adversaires, on savait comment elles jouaient. Donc non, nous n’étions pas surprises, surtout que la rencontre était vraiment tendue jusqu’à la fin. Mais c’est un bon moment dont on se rappellera toutes longtemps.
Désormais, on nous considère comme une grosse équipe du championnat. »
Pensez-vous que votre image a changé maintenant que vous êtes championnes ?
Aujourd’hui, on commence à parler de nous de manière différente. Désormais, on nous considère comme une grosse équipe du championnat. Avant que l’on remporte ce titre, certaines équipes avaient quelques à priori sur nous. « On va jouer les filles de Romagnat. Elles sont bien gentilles mais ça devrait passer ». Aujourd’hui, je pense que nous sommes davantage attendues. Désormais, on va vraiment être prises au sérieux. Les autres équipes vont nous aborder différemment, se méfier davantage. En soi, de notre côté, la préparation est toujours la même depuis des années. C’est plutôt celles des autres équipes qui risquent de changer. Elles vont devoir s’adapter à nous. Comme chaque année, le champion, c’est la cible à abattre, la tête à couper. Cette année, c’est nous. Nous allons devoir nous méfier.
À titre plus personnel, quels sont vos objectifs pour cette nouvelle saison ?
On joue un sport collectif, donc je n’aime pas réellement parler de mes objectifs personnels. Pour moi, ça ne compte pas réellement. Mais je dirais que mon principal but cette saison va certainement être de retrouver du temps de jeu dans un premier temps. C’est vrai que lors des phases finales de l’année dernière, je n’ai malheureusement pas joué autant que je l’aurais souhaité. C’est dommage. Si je retrouve du temps de jeu, je retrouverai petit à petit mon niveau. C’est à cette condition que je pourrais de nouveau postuler pour une place en sélection également. Dans tous les cas, je réussirai si l’équipe réussit et si je mets tout en œuvre pour que tout se passe bien.