A seulement 21 printemps, Sharone Bauer est déjà sportive de haut niveau depuis près de sept ans. En 2017, elle a même intégré l’équipe de France, preuve de son talent. Désormais, la jeune tricolore rêve de titres et de Jeux Olympiques dans l’Hexagone. Son arrivée dans le badminton, son parcours, ses ambitions… Sharone Bauer s’est longuement confiée pour Le Sport au Féminin, à l’occasion du lancement de notre nouvelle rubrique consacrée aux « Championnes de demain. »
Malgré une saison quelque peu tronquée par l’épidémie de la Covid-19, Sharone Bauer a réussi à faire parler d’elle dans le monde du badminton. Il faut dire qu’à 21 ans seulement, la jeune française semble avoir une route toute tracée vers le succès. Présente en équipe de France depuis 2017, Sharone Bauer a notamment remporté la médaille de bronze avec le groupe tricolore aux derniers Championnats d’Europe par équipe à Liévin, en 2020. Désormais, la Française se projette vers de nouvelles échéances, et notamment les Jeux Olympiques, auxquels elle compte bien participer.
Peux-tu nous en dire plus sur ton parcours ?
Finalement, quand j’y pense, c’est assez drôle. Le badminton n’étais pas un choix réfléchi. Au départ, ça s’est fait plus ou moins au feeling. Tout d’abord, c’est parti d’un petit jeu dans mon jardin avec ma famille et mes amis. Puis, petit à petit c’est devenu ma passion et mon quotidien. J’ai commencé le sport jeune. J’avais huit ans seulement quand tout a démarré. Au tout début, j’en pratiquais deux en même temps, le badminton et la gymnastique. J’arrivais à concilier les deux mais rapidement c’est devenu plus compliqué. Après deux ans de pratique, je me suis décidé d’arrêter la gymnastique.
Pourquoi ?
J’avais de moins en moins le temps de la pratiquer. Ensuite, je n’avais pas vraiment d’espoir de viser plus haut, alors qu’en badminton si. C’est pourquoi j’ai décidé de miser entièrement sur le bad. Plus les années passaient, plus je prenais de plaisir à jouer au badminton. J’arrivais à me projeter toujours plus. Il y a quelques années maintenant, j’ai été repérée dans mon club par le pôle espoir de Strasbourg. J’y ai passé cinq ans avant de rejoindre le Pôle France. Ensuite, j’ai rejoint l’ASPTT Strasbourg.
Je suis désormais titulaire dans l’équipe de Top 12. Il y a des moments ou ça a été très dur. Je me souviens, avant d’intégrer le Pôle France je me suis déchiré les ischios. A ce moment-là, j’ai tout remis en question. Est-ce que j’allais un jour revenir à mon niveau ? J’étais dans le flou total. Après ma blessure, j’ai décidé de passer du simple ou double. Finalement, cette blessure aura été comme un déclic pour moi. Elle m’a donné la voie à suivre pour continuer ma carrière.
Que penses-tu de ta saison personnelle ?
Nous avons quand-même eu de la chance. En début d’année, nous avons pu participer à deux tournois avant une longue pause à cause de la crise du coronavirus. Grâce à ces tournois, j’ai pu me rendre compte que je n’étais vraiment pas loin du niveau des meilleures mondiales. Bien sûr, tout n’est pas encore parfait, mais je suis jeune et je peux encore progresser pour être dans le top mondial. Aujourd’hui, nous sommes 70e au classement mondial. C’est une belle récompense et bien évidemment, c’est toujours une satisfaction de pouvoir jouer des gros matchs contre des adversaires de grande qualité.
De toutes façons je suis comme ça, j’ai toujours envie de viser plus haut. En ce qui concerne ma saison, je suis assez satisfaite mais quand-même légèrement déçue. Au début c’était vraiment compliqué pour les badistes, nous ne savions absolument pas où nous allions ni quand cette crise allait enfin se terminer. C’était très long d’attendre. Mais désormais, les tournois vont pouvoir reprendre, nous attendons tous cela avec grande impatience et avec des ambitions.
Quelles sont tes ambitions à moyen terme ?
Des ambitions, j’en ai à revendre ! Si je devais me concentrer sur du court-moyen terme, je dirais tout d’abord que j’aimerais intégrer le top 50 assez rapidement. Je pense que ce serait déjà une récompense énorme pour nous. Ensuite, nous avons quatre tournois qui nous attendent, le Portugal, l’Espagne, l’Autriche et encore l’Espagne.
Ce que nous voulons c’est donner le meilleur de nous même à chaque fois. Si nous le faisons, alors peut-être que nous pourrons intégrer le top 50 facilement, je n’en doute pas. A plus long terme, j’aimerais également pouvoir intégrer l’INSEEP, ce serait une étape de plus non négligeable dans la suite à donner à ma carrière. De toutes façons, je suis quelqu’un d’ambitieux, je veux toujours allez le plus haut possible. On verra déjà lors des prochains tournois.
Et avec l’équipe de France ?
Je mentirais si je disais qu’on ne pense pas tous aux Jeux Olympiques. Bien sûr que les JO sont dans un coin de ma tête. Mais avant les Jeux, il y a également les Championnats d’Europe à aller chercher. Nous concernant, je pense qu’on sera un peu justes pour les prochains Jeux. En revanche, les Jeux Olympiques de 2024 sont un réel objectif, on s’entraîne tous les jours pour y être ! Nous savons qu’il y aura énormément d’étapes à franchir avant d’accéder aux Jeux. C’est pourquoi pour le moment je reste focalisé sur les tournois. Bien évidemment, c’est une fierté incroyable de pouvoir représenter son pays au plus haut niveau.
En 2020, je suis sélectionnée pour les Championnats d’Europe par équipe de Liévin. C’était incroyable. C’est certainement l’un de mes meilleurs souvenirs avec mon titre de Championne d’Europe Juniors. A mon arrivée à Liévin, j’étais la plus jeune du groupe. Je venais à peine d’intégrer le monde senior. Toutes les filles autour de moi avaient entre 20 et 30 ans. C’étaient toutes des sportives accomplies et expérimentées. Pourtant, elles m’ont très rapidement mise à l’aise. Nous sommes passées par un bizutage mais tout le monde était très avenant et ouvert avec moi. Heureusement, sinon je pense que j’aurais pu mal le vivre. En plus, on revient avec la médaille de bronze chez nous, dans notre pays. C’était vraiment quelque chose de fabuleux.
Photo à la Une : (@FuturSport)