Vice-championne du monde de fleuret en 2019, Pauline Ranvier est à 26 ans l’une des escrimeuses françaises les plus en vue ces dernières années. Pour Le Sport au féminin, elle est revenue sur ses débuts, son quotidien de sportive de haut niveau ainsi que sur le report des Jeux Olympiques.
Pouvez-vous nous raconter votre parcours ?
J’ai commencé l’escrime vers 9-10 ans, à l’école, un peu par hasard. Il y avait des ateliers pour les enfants et j’ai testé l’escrime parce qu’à l’époque j’aimais bien Zorro. Cela m’a plu directement. L’année d’après, je me suis inscrite dans le club de Paris Suffren – où je suis restée 9 ans – j’ai fait quelques compétitions et j’ai aimé ça. C’est comme ça que j’ai été détectée assez jeune pour faire du haut niveau. Depuis quelques années, je suis au club de Melun Val de Seine.
Vous arrivez à vivre de l’escrime aujourd’hui ?
Actuellement, je suis étudiante. Je termine mon master dans une école de management du sport, qui m’a aidée à bien mettre en place mon double projet. J’ai pu poursuivre mes entraînements et n’avoir cours que les jeudis et les vendredis. Et je suis aussi militaire. Je suis embauchée par l’armée, dans le cadre d’un dispositif qui permet à quelques sportifs français de bénéficier du statut de militaire et de s’assurer une stabilité financière. Dans les faits, on transmet les valeurs de l’armée à travers notre sport et on leur doit une vingtaine de jours par an. Ils peuvent, par exemple, nous demander d’intervenir sur quelques événements ou venir faire des stages commando. On est à leur disposition.
Quel est votre plus beau souvenir en compétition ?
Sans hésiter, les championnats du monde, en juillet 2019. C’est ma première médaille individuelle dans un grand championnat. Et évidemment, toutes les victoires par équipes aussi, parce que les émotions y sont multipliées par quatre. Ce sont des moments très forts aussi.
D’ailleurs, vous deviez aller aux Jeux Olympiques cet été. Comment avez-vous vécu l’annonce de leur report ?
Au début, j’étais un petit peu dans le déni, même si j’avais bien compris que ça allait être compliqué de les maintenir. Et quand j’ai compris que le report était malheureusement officiel, ça m’a fait un petit coup au moral, parce qu’on s’était préparés pendant assez longtemps pour ça, on avait tout mis en place, tout était calé… Et puis, le fait que ce soit repoussé d’un an, ça veut dire faire encore plus d’efforts, de sacrifices, de repartir encore sur une année complète assez complexe. Donc ça remet pas mal de choses en question. Après, je sais que tout le monde est logé à la même enseigne et qu’on va tous devoir faire face de la même manière. Donc maintenant je pense à autre chose et je suis focalisée sur cet objectif pour l’année prochaine.
Comment s’est passé votre confinement ? Vous avez réussi à poursuivre votre entraînement ?
Au début ça allait parce que c’était un peu comme des vacances. Et ça fait du bien quand on est sportifs de haut niveau de s’ennuyer un petit peu et de ne rien faire. Mais au bout de quelques semaines, l’escrime a commencé à vraiment me manquer et c’était un peu plus dur. Heureusement, mon préparateur physique m’avait apporté un vélo de l’INSEP donc j’ai pu faire des entraînements assez bons. Mais c’est vrai que c’était compliqué de faire des entraînements éloignés du groupe. On a repris l’entraînement à la fin du mois de mai, sans escrime pour commencer.
La reprise n’a pas été trop compliquée ? Vous aviez réussi à vous maintenir à un bon niveau de forme ?
Oui, ça va, j’étais en bonne forme. Après, évidemment, on s’entraînait moins pendant le confinement donc la reprise a été un peu dure. Mais comme j’ai tout de même pu m’entraîner correctement, ça m’a évitée d’arriver complètement cramée le jour de la reprise. Et donc tout s’est bien passé malgré tout.
Même si on manque encore un peu de visibilité sur le calendrier des compétitions, quels sont vos objectifs et ambitions pour les prochains mois ?
J’aimerais avoir une ébauche de calendrier international rapidement. Ça nous permettrait d’imaginer la suite et d’avoir des objectifs à court, moyen et long terme parce qu’aujourd’hui ce qui est assez compliqué c’est de s’entraîner sans savoir quand sera notre prochaine compétition. Autant en France, on a à peu près une visibilité sur les compétitions nationales mais à l’étranger pas du tout. Donc ce n’est pas simple de s’entraîner dans ces conditions.
Photo à la Une : (@FFE)
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