À la fois athlète de haut niveau et spectatrice assidue de sport, Estelle Raffai nous donne sa vision de la place du sport féminin aujourd’hui, tout en revenant sur les modèles qui l’accompagnent chaque jour. Interview.
Vous avez commencé l’athlétisme dès l’enfance. Vous aviez des modèles à cette époque ?
Non, quand j’étais jeune, je ne connaissais pas forcément les athlètes hormis Usain Bolt.
Et aujourd’hui ?
Oui, comme beaucoup d’athlètes, je dirais que je m’inspire d’Allyson Felix. Elle est humble, elle est forte sur 100m, 200m, 400m, … et son palmarès est énorme !
Et vous-même, avez-vous l’impression d’être un modèle pour les jeunes filles qui pratiquent l’athlétisme ?
Sur les réseaux sociaux, je reçois quelques messages et j’essaye de toujours répondre. On me demande de temps en temps d’envoyer des photos ou des dossards. J’essaye de toujours répondre positivement.
Est-ce que vous diriez que dans l’athlétisme les hommes et les femmes sont traités sur un pied d’égalité ?
En termes de salaires, je pense que c’est assez équivalent. En revanche, du côté de la médiatisation, les femmes sont vraiment moins mises en avant. Par exemple, l’année dernière, aux championnats du monde de relai, on n’était pas du tout attendues sur le 4x200m. Finalement, on a remporté la course. Et derrière, c’est totalement passé inaperçu alors qu’on était quand même championnes du monde, avec le dossard de l’équipe de France ! Et là, je me suis dit que si ça avait été des garçons, on en aurait beaucoup plus parlé dans les médias. Surtout qu’on avait quand même battu la Jamaïque d’Elaine Thompson-Herah !
On en a beaucoup discuté avec toutes les filles du relai et on était toutes d’accord sur ce point alors que c’était quand même « un truc de malade » (sic) qu’on venait de faire ! C’est pour ça que je trouve que la vraie inégalité dans l’athlétisme, elle se fait surtout au niveau de la médiatisation.
Pour vous, c’est un problème propre à l’athlétisme ou au sport en général ?
Non, c’est vraiment une différence que je note dans le sport en général. Ce sont souvent les garçons qui sont plutôt mis en avant.
Et c’est quelque chose qui vous frustre aussi en tant que spectatrice ?
Oui, par exemple, pour le football quand mes amis veulent regarder des matchs, ce sont toujours des matchs de garçons. À chaque fois, je suis frustrée de ne pas pouvoir voir plus de matchs de filles. Et quand il y en a, ce sont que les grandes compétitions comme la Coupe du monde. C’est difficile de voir des « petits matchs » de filles. J’aimerais voir plus de sport féminin à la télévision parce que parfois on a l’impression que les femmes sont sous-représentées dans le sport alors que ce n’est pas le cas.
Photo à la Une : (@EstelleRaffai)
Un commentaire
Pingback: Athlétisme : 3 choses à savoir sur Alice Finot, vice-championne d’Europe du 3000 m – Le Sport au Féminin