L’arrière des Bleues, Jessy Trémoulière, s’est confiée sur le tournoi des Six Nations, qui a pris fin dimanche dernier à Padoue par une défaite contre l’Italie (31-12). La meilleure joueuse du monde a également évoqué son retour avec l’équipe de France à sept.
Elle ne s’arrête décidemment jamais. Quelques jours seulement après la fin du tournoi des Six Nations, Jessy Trémoulière s’apprête déjà à retrouver l’équipe de France. À sept, cette-fois. Mais avant de s’en aller parcourir le monde et s’envoler vers le Japon avec les Bleues du Seven, l’arrière du Stade rennais a pris le temps de faire le bilan, sur le dernier tournoi des Six Nations, que l’équipe de France a achevé à la troisième place, derrière l’Angleterre et l’Italie.
Jessy, quel bilan tirez-vous de ce tournoi des Six Nations ?
Dans l’ensemble, c’est un tournoi assez mitigé. On a vu que l’on pouvait faire de belles prestations et a contrario, que l’on pouvait tomber dans la facilité ou être pris à la gorge par des nations comme l’Italie. On ne s’attendait pas à avoir un tel rythme en face. Cette troisième place est un peu décevante, car nous sommes la troisième meilleure nation mondiale. Il ne faut pas tout refaire, il y a des choses à garder, à améliorer. Mais par rapport à ce qu’on a connu, on peut faire beaucoup mieux.
L’an dernier, vous avez remporté le Grand Chelem. Qu’est-ce qu’il a manqué cette année pour rééditer cette performance ?
Déjà, je pense que l’on n’a pas été épargnées par les blessures. Dix nouvelles filles qui ne connaissent pas le projet de jeu ont dû l’assimiler en une semaine. Par rapport à l’année dernière, nous n’avons pas affiché la même équipe sur ce tournoi des Six Nations. Des leaders se sont aussi blessées.
L’Angleterre était-elle intouchable cette année ?
Elles ont marqué, il me semble, plus de quarante points par match. C’est énorme. On voit que c’est une nation qui domine vraiment l’Europe en ce moment. C’est un beau challenge pour les années à venir de jouer contre elles. C’est une équipe qui est maintenant professionnelle, avec des joueuses expérimentées et un jeu fluide. L’Angleterre est armée pour prétendre à être championne du monde en 2021.
Le nouveau système mis en place par la Fédération anglaise avec des contrats fédéraux a eu un impact sur leur niveau intrinsèque ?
Non, je ne pense pas. Nous, nous avons été un peu affaiblies sur le tournoi cette année. Mais si nous pouvons compter sur un groupe type, où l’on travaille avec un peu plus de rigueur et d’intensité, je pense que l’on peut rivaliser face à ces nations. Il ne faut pas s’attarder sur ce match en Italie ou face à l’Angleterre. Nous sommes passées à côté de ces matchs. Il y aura le Four Nation cet été avec l’Angleterre, les Etats-Unis et la Nouvelle-Zélande. Une belle tournée d’été. C’est là que l’on verra où l’équipe en est actuellement, le travail qu’il reste à effectuer.
Pensez-vous avoir un retard à combler avec elles ?
Non. Il faut juste être plus rigoureuse. Et consciente de ce que l’on peut faire aussi. On peut vite tomber, se mettre la tête à l’envers. Après, il y a des matchs, où malheureusement, ça ne va pas. On a beau tout faire, tout tenter, tout essayer, ça ne passe pas. Mais je pense que l’on est malgré tout toujours dans le top 3 mondial.

Quels sont les motifs de satisfaction ?
Nous sommes restées nous-mêmes. Nous n’avons pas fait de grandes envolées. Mais quand l’équipe marche bien, quand tout fonctionne, on peut faire de belles choses. À l’inverse, on peut vite retomber sur terre, sur nos pieds. Ce que l’on a acquis sur ce tournoi, il ne faut pas le mettre à la poubelle.
Il y a aussi l’éclosion de jeunes joueuses prometteurs…
Exactement. Il y a eu des jeunes, des nouvelles capées. Je crois qu’il y a eu cinq capées sur ce tournoi. Elles ont montré de belles choses. Pourquoi ne pas construire l’avenir avec elles. Elles sont l’avenir du rugby féminin. C’est bien de les intégrer sur des tournois comme ça. On verra la suite, mais je ne me fais pas de soucis.
Quelles sont vos prochaines échéances avec les Bleues ?
Personnellement, j’ai un contrat à sept. Je vais vite basculer avec elles, car il y a une qualification pour les Jeux olympiques au bout de la saison. Au mois d’avril, il y a un tournoi au Japon. Je vais reprendre les entraînements avec les filles, reprendre le rythme. Il nous reste trois tournois pour prétendre à une qualification olympique. Il y a le championnat d’Europe à partir de fin juin aussi. La saison est encore longue. Se qualifier pour les JO, nous n’avons pas l’occasion de le réaliser tous les ans.
Justement, que pensez-vous de la performance de l’équipe de France à sept lors du tournoi de Nice le week-end dernier ?
Elles ont effectué un très, très beau tournoi. C’est gratifiant. Ce tournoi était le bienvenu pour mettre tout le groupe en confiance. Et prouver que nous sommes aussi capables de battre des nations comme l’Australie.
À Nice, il n’y avait pas la Nouvelle-Zélande. Que pensez-vous de cette équipe ?
C’est ce qui se fait de mieux au très haut niveau. Les Blacks Ferns ont un jeu fluide. C’est une nation qui pue le rugby et qui le transmet très bien sur le terrain.
Avez-vous déjà dans un coin de votre tête cette Coupe du monde 2021 ?
Bien sûr. On prépare nos rencontres pour ça. Une Coupe du monde ne se prépare pas un an, ni un mois à l’avance. Les séances d’entraînements, le travail individuel que j’effectue, c’est pour être la meilleure en 2021.
Propos recueillis par Fanny Pechiney
Photo à la Une : (@FFR)
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