Spécialisée dans le 60 et le 100 m haies, Fanny Quenot s’est longuement confiée pour Le Sport au Féminin. Sa vie sur son île, sa longue coupure avec l’athlétisme ou encore ses ambitions futures, la jeune femme s’est exprimée et n’a éludé aucun sujets.
Alors qu’elle débute l’athlétisme à l’âge de six ans en Guadeloupe, Fanny Quenot se voit contrainte de faire une croix sur ses rêves. Le sort joue en sa faveur quand elle rejoint Lyon pour ses études. Petit à petit, l’athlète a repris le sport et a commencé à se faire une place dans sa discipline.
« Sur mon île il y a eu un certain engouement pour l’athlétisme »
Je suis née en Guadeloupe. Je suis partie vers l’âge de vingt ans en Métropole pour faire mes études sur Lyon. J’ai commencé l’athlétisme très jeune. C’était comme inné chez moi. Marie-Josée Perec est guadeloupéenne. Sur mon île, il y a eu un certain engouement pour l’athlétisme grâce à elle. Elle a vraiment créé une mode et poussé plein de gens de ma génération à se mettre à l’athlé. Malheureusement, j’ai dû m’arrêter pendant mon adolescence à cause d’un déménagement à la campagne. C’était compliqué pour moi de trouver un club. Quand je suis partie à Lyon, j’ai décidé de reprendre. Au début je ne pensais reprendre qu’en loisir. Au bout de trois ans, j’ai commencé à retrouver un niveau national, puis international. A 23 ans, je peux enfin vivre mon rêve.
« J’ai un peu fait un burn-out de la Métropole »
J’ai un attachement particulier à la Métropole. J’étais hyper contente car là-bas, j’ai trouvé un club qui m’a bien accueilli sur Lyon. Récemment, j’ai voulu faire un choix. J’étais seule en Métropole. J’avais un peu de famille mais ils étaient loin. J’ai décidé de revenir sur mon île pour préparer les Jeux. J’avais besoin de ma famille et de revoir le soleil tous les jours. J’ai un peu fait un burn-out de la Métropole. Pour performer, aussi, il faut avoir un bon environnement autour de soi. Mais je suis toujours attachée à Lyon bien entendu. J’adore les circuits de compétition. En Métropole, c’est également plus facile de circuler dans les autres pays européens. Et puis même, on retrouve les collègues, l’équipe de France, tout ça. Même si la Guadeloupe est sur le bon chemin, beaucoup de choses sont mises en place pour que le sport progresse.
Son retrait des pistes
J’ai mis ma carrière en pause pendant près de dix ans. Mes parents voulaient continuer de m’emmener vers mon rêve du plus haut niveau mais mon père a eu une opportunité professionnelle. Nous avons donc tous déménagé dans une partie un peu plus rurale de l’île. Il n’y avait pas du tout d’infrastructures, rien pour s’entraîner. On a essayé au départ d’aller vers le côté ville pour que je puisse continuer mes entraînements. Mais en Guadeloupe, il n y a qu’une route. Donc entre les embouteillages, les devoirs à faire, etc…c’était un rythme trop difficile et j’ai décidé de couper avec l’athlétisme. J’avais abandonné l’idée mais à Lyon je me suis retrouvée face à un stade et je me suis dit « allez c’est le moment, fais toi plaisir ! ». Mon coach a rapidement vu mon potentiel. J’ai commencé à faire deux ou trois compétitions en saut de haies. Ça fait plaisir de voir tous les échelons gravis.
Les Championnats de France Elite 2019
J’ai fait deuxième aux derniers Championnats de France. Forcément, l’objectif, c’est toujours d’aller chercher l’or. Après, vu le niveau français qui est très élevé j’étais quand même très contente de moi. Je m’étais imposée à moi-même de finir sur le podium pour être qualifiée pour les Championnats du Monde après. J’étais très positive mais je savais que je n’avais clairement pas le droit à l’erreur. J’ai fait mon record personnel donc évidemment c’est encore plus une fierté. Malheureusement aux Championnats du Monde, je n’ai pas pu faire la même performance qu’aux France. J’ai fait une petite erreur sur ma course. C’est vraiment dommage. Mais ça m’a donné encore plus faim de victoires pour la suite !
« Si on se foire c’est pour l’équipe »
La troisième place aux Championnats d’Europe par équipe ? Dans mon palmarès c’est toujours une médaille même si ce n’est pas en solo. C’était mes premiers championnats d’Europe en équipe. Ça forge l’expérience. Au-delà de ça, ça permet aux filles de voir de nouvelles têtes et de me montrer après ma si longue pause. Ce qui est vraiment intéressant c’est que l’on ne joue pas pour soi. On joue pour son pays. En fait, c’est aussi encore plus stressant. Si on se foire c’est pour l’équipe. J’ai fait une erreur mais je n’ai jamais lâché. Il y a un côté plus challengeant je trouve de jouer en équipe. Personne n’a le droit à l’erreur et on le sait dans ce genre d’évènements. Dans un sens c’est plus encourageant aussi. On rigole, on s’encourage. Que l’on perde ou que l’on gagne, on est ensemble.
Ses ambitions dans le futur
J’ai eu une grosse coupure dans ma carrière. Je ne me mets aucune limite. Tant que mon corps pourra suivre je continuerai. Pour Paris 2024, je n’aurais que 33 ans. J’envisage donc de continuer après. Pour cette saison, elle s’est compliquée à cause du coronavirus. Les Fédérations ont prévu des compétitions donc je vais faire un petit bout de saison. Peut-être un mois, un mois et demi. C’est peu pour une sportive. Pour la saison prochaine, je reviens en Guadeloupe en septembre puis je vais démarrer une saison en indoor dès février prochain. L’objectif c’est de voir où j’en suis, où en est mon chrono et reprendre le rythme. J’ai pris le report des Jeux d’une manière positive. Cela me permettra de travailler ma technique et de gagner en vitesse et en explosivité. Cette année en plus sera bénéfique.
Photo à la Une : (@DR)