Ces dernières années, les matchs de football féminin se jouent dans des stades de plus en plus remplis. C’est ainsi que sont apparus partout en Europe de nouveaux groupes de supporters, dédiés uniquement aux sections féminines des clubs professionnels.
Mais comment fonctionnent ces groupes de supporters et pourquoi ont-ils choisi de chanter leur amour aux équipes féminines à chaque match, laissant de côté les équipes masculines ? Quelques éléments de réponses avec des kops de trois clubs : l’OL, Chelsea et Roma Calcio.
Des groupes 100% dédiés aux équipes féminines…
Meilleur club de cette dernière décennie sur le terrain, l’OL féminin est également très bien représenté en tribune avec pas moins de deux groupes de supporters voués uniquement à la section féminine du club : les OL Ang’Elles et le Kop Fenottes. Et le nombre d’adhérents des deux kops est en constante progression. Par exemple, les OL Ang’Elles – premier groupe de soutien dédié uniquement à une équipe féminine à avoir vu le jour en France – sont passés de 50 à 300 membres en un peu moins de dix ans.
Mais alors qu’est-ce qui a déterminé ses membres à se consacrer uniquement au football féminin ? « Depuis Knysna et les problèmes avec l’équipe de France, on a été un peu refroidi par le football masculin. À la même époque, à Lyon, on avait la possibilité d’assister aux entraînements de l’équipe féminine, qui pratiquait déjà un très bon football. Les joueuses communiquaient et échangeaient avec nous. Et au fil du temps, le président Jean-Michel Aulas a su créer avec cette équipe quelque chose de très convivial, avec une bonne ambiance ; à l’image de ce qu’est le football féminin, en fait », raconte Willy, en charge de la communication du groupe. Un léger désamour pour le football masculin pour les OL Ang’Elles donc.
Et pour les autres ? Les raisons sont diverses. Du côté du Roma Calcio (club de Serie B), le groupe s’est constitué au départ avec les familles des joueuses. Au fil du temps, d’autres supporters se sont joints à eux et désormais ils encouragent leur équipe avec des banderoles et des drapeaux au stade pour tous les matchs, que ce soit à domicile ou à l’extérieur.
… qui ont choisi de se démarquer des kops de l’équipe masculine…
Pour beaucoup de clubs de supporters, le déclencheur a aussi été le constat de l’existence d’un trop grand nombre de kops chez les équipes masculines : « Il existe déjà bien assez de groupes de supporters de l’équipe masculine de l’OL ! », explique Rémy, l’un des fondateurs en 2015 du Kop Fenottes à Lyon. Même observation du côté de Chelsea où Kerrie a fondé le Chelsea Women Supporters Group en 2014 : « Il y a énormément de clubs de supporters de l’équipe masculine mais il n’y en avait aucun pour l’équipe féminine. On a donc décidé de créer un petit groupe pour essayer de voir s’il y aurait d’autres personnes intéressées par l’équipe féminine. Avec beaucoup de travail, une communauté s’est créée doucement mais sûrement, au fil du temps. »
… tout en conservant un œil sur les résultats des garçons
Pour autant, supporter l’équipe féminine de son club ne signifie pas pour autant abandonner son soutien à l’équipe masculine, comme le confirme Kerrie : « Au sein du Chelsea Women Supporters Group, il y a beaucoup de membres qui soutiennent également l’équipe masculine. »
Et parfois, ce double soutien va même encore plus avec des groupes de supporters communs aux deux équipes. C’est le cas, par exemple, au PSG où c’est le Collectif Ultras Paris qui se charge d’assurer l’ambiance chez les féminines. Un groupe qui a également sa place au Parc des Princes pour les matchs des garçons.
Une ambiance plus sereine et amicale dans les stades
Mais alors, soutenir une équipe féminine, est-ce vraiment différent que de soutenir une équipe masculine ? « Oui » répondent en cœur nos différents interlocuteurs. Tout d’abord, au niveau de l’ambiance au sein du stade. Par exemple, au sein du Kop Fenottes, Rémy nous explique : « Nous adaptons des chants existants pour les féminines et nous utilisons des chants tombés en désuétude. Nous avons également deux chants propres et réguliers et avons instauré dès nos débuts une animation dans le but de faire participer tout le public présent, devenue notre marque de fabrique : le « Ahou » à la 69ème minute. »
Pour les OL Ang’Elles, lassés des ultras du football masculin qui dégradent les équipements et n’hésitent pas à insulter les équipes adverses, c’est le respect qui est instauré en valeur primordiale. Willy nous explique que, par exemple, le groupe s’arrête de chanter lorsqu’il y a une blessure sur le terrain – et même si celle-ci concerne une adversaire : « Dans notre soutien, il n’y a aucune insulte. Au pire, des petites réactions, quand une de nos joueuses est brutalisée. Mais jamais rien d’injurieux. »
Et c’est sans doute cette ambiance bienveillante qui permet aux différents clubs de supporters de se respecter mutuellement et de passer du temps ensemble en dehors des matchs. Chez les OL Ang’Elles, par exemple, on termine souvent les matchs avec les groupes de supporters adverses ou à discuter avec les joueuses. Une proximité devenue aujourd’hui impossible dans le football masculin.
Plus accueillants, plus sereins, plus familiaux, les groupes de supporters d’équipes féminines se démarquent véritablement de leurs pendants masculins. Cependant, une chose les rassemblera évidemment toujours : leur amour du football qui les fera suivre leur équipe jusqu’au bout du monde. Car comme le chante à chaque match Kerrie du Chelsea Women Supporters Group : “We all follow the Chelsea over land and sea…”
Photo à la Une : (@DR)
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