Canal+ a diffusé ce dimanche le documentaire de son ancienne journaliste tout juste arrivée chez M6, Marie Portolano, intitulé « Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste. » Dénonçant le sexisme et le harcèlement présents dans le monde du journalisme sportif, une souffrance et un combat quotidien que 16 journalistes sportives évoquent tout au long du documentaire.
Diffusé ce 21 mars sur la chaîne cryptée Canal+, le documentaire « Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste » réalisé par Marie Portolano et Guillaume Priou, fait déjà beaucoup de bruit. Puisque c’est quasiment du jamais vu, une vingtaine de femmes journalistes (dont Nathalie Iannetta, Laurie Delhostal, Estelle Denis ou encore Margot Dumont) témoignent devant les caméras, une preuve du réel problème de sexisme dans le journalisme sportif. Une idée à laquelle Marie Portolano dit avoir pensé lors de la diffusion en 2019 du documentaire « Je ne suis pas un singe », réalisé par Marc Sauvourel et Olivier Dacourt, évoquant le racisme dans le football.
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Raconté de façon chronologique, c’est sur le scandale de Marianne Mako que débute ce documentaire, la première des journalistes sportives à participer à une émission de foot en 1987. « Téléfoot » à l’époque, émission à laquelle participe notamment le célèbre journaliste Thierry Roland, qui va écraser dans son autobiographie, intitulée « Tout à fait Thierry », sa consœur. « Elle est sympa, plutôt mignonne, mais j’ai entendu trop de catastrophes sortir de sa bouche pour la prendre au sérieux. Le foot se joue avec du poil aux pattes et au menton. Il n’est pas prévu pour les femmes journalistes. » S’adressant aussi à la jeune journaliste à l’époque de L’Equipe Frédérique Galametz, aujourd’hui rédactrice en chef du journal, fière de lui avoir répondu. « L’essentiel, avec ou sans pénis, avec ou sans poils, c’est de filer les bonnes infos » à l’aide d’une rubrique dans son journal.
Un harcèlement sexiste quotidien dans les rédactions
Les années passent, le problème persiste, et dans des rédactions à grande majorité masculine, le harcèlement et le sexisme sont quotidiens mais bien difficiles à cerner. Comme le décrit la journaliste France TV Cécile Grès «le harcèlement est difficile à décrire puisque c’est souvent quelque chose d’assez sournois, c’est dur de devoir expliquer pourquoi tu es une victime, et de devoir convaincre. » Des remarques, des blagues, des rumeurs à caractère sexuel, des comportements déplacés de certains confrères, des messages sans arrêt, l’atmosphère y est plus qu’oppressante pour les femmes journalistes victimes de misogynie et de harcèlement à longueur de journée. Une face cachée du métier de journaliste qu’a voulu mettre en lumière Marie Portolano dans son documentaire, et qui existe encore aujourd’hui, en recueillant des propos inimaginables, qu’elle aussi aurait reçus et voulait dévoiler.
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C’est avec les révélations de Clémentine Sarlat dans un entretien accordé au journal L’Equipe en avril 2020, à propos de l’attitude de certains collègues au sein du service des sports, que l’ex-journaliste sportive de France TV, a commencé à faire bouger les choses : « J’allais à Stade 2 en pleurant. Pour la préparation de l’émission, personne ne me parlait, ils m’avaient mise dans un bureau à part, loin des rédacteurs en chef. » Une interview qui entraînera de nombreuses révélations, encouragées par le mouvement #MeToo, avec notamment la récente création du collectif « Femmes journalistes de sport » et la signature de plus de 150 journalistes ou étudiantes d’une tribune publiée par « Le Monde », elles s’unissent notamment contre « l’infériorisation des femmes dans les rédactions sportives. »
Les réseaux sociaux : carrefour du sexisme
L’arrivée des réseaux sociaux détermine aussi un véritable tournant dans le monde du journalisme puisque comme l’explique Isabelle Ithurburu, journaliste sportive pour Canal+, une erreur sur un direct peut y devenir virale et vous faire perdre complètement confiance en vous. « A la télé, quand tu ne sais pas tu te tais, il ne vaut mieux rien dire, que dire une bêtise, c’est Eric Bayle qui m’avait donné ce conseil. Il me disait surtout toi, moi je peux la dire personne m’en voudra, on dira que c’était un lapsus, toi tu vas en réentendre parler pendant dix ans. »
Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste, à retrouver sur MyCanal.
Des réseaux sociaux, comme Twitter notamment, favorisant les commentaires misogynes et à caractères sexuels comme le raconte dans le documentaire, Charlotte Namura, consultante de l’émission Téléfoot. « La seule chose à laquelle je pensais le dimanche matin, c’était horrible, c’était, j’espère que ça va aller quand je vais rallumer mon téléphone (…) J’étais la seule à qui on revenait sur le physique, qui recevait des menaces de viol, à qui on disait t’es moche…»
Photos à la Une : (@CANAL+)
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