Nouria Newman n’est pas une Savoyarde comme les autres. A à peine 30 ans, elle vient de réaliser une chute mémorable de 23m dans les Hautes-Alpes. Sa passion vertigineuse a de quoi nous donner des sueurs froides. La Française est une perfectionniste avertie.
Les explorations sont le grand plaisir de la kayakiste de l’extrême la plus titrée au monde. La pandémie l’a pourtant obligé à repenser sa manière de vivre, elle a dû se tourner vers des spots situés sur le territoire français. Notre cher pays regorge de ressources atypiques, Nouria Newman pourra le confirmer puisque c’est dans les Hautes-Alpes, sur le canyon des Oules de Freissinières qu’elle a exécutés cette chute de 23 mètres. Le spot est prisé des amateurs de canyoning, la Tricolore le trouve néanmoins difficile à appréhender. Elle affirme que c’est « plus technique que ce que l’on peut retrouver ailleurs ». Cela est causé par deux spécificités bien particulières : la proximité entre les murs et l’eau peu profonde. La marge d’erreur pour les kayakistes est donc réduite au néant. Au moindre faux mouvement, le bateau peut taper contre le mur, l’emportant dans une chute incontrôlée. La Française est ravie d’avoir osé pagayer dans ce canyon, qu’elle gardait dans un coin de sa tête depuis son ouverture en 2011.
Un retour aux sources forcé, mais grandement productif
Des joyaux comme celui-ci, Newman en a trouvé plusieurs depuis un an et demi. Assez amusant, mais le Covid l’a obligé à ouvrir grand les yeux sur les trésors qui se nichaient tout près. Adepte de « Google Hearth », la kayakiste a laissé de côté les chutes de l’Himalaya ou celles des USA pour trouver des spots entre le Val d’Oise et Tignes, à deux pas de chez son père. La trouvaille dont elle est la plus fière, sans aucun doute « Pakidaille » à la gorge de la Daille. Un rapide se rapprochant de ce qu’elle a pu trouver par le passé au Pakistan. Forte tête et baroudeuse, elle a aussi profité des Gorges du Verdon pour tourner un projet vidéo avec son partenaire Red Bull. Autant de nouveautés qui ont fait le plus grand bonheur de la sportive assoiffée de sensations fortes.
Des eaux dangereuses
Petit bout de femme haut comme trois pommes, Nouria Newman n’hésite pas à amener son kayak de 32 kilos tout autour du monde. Aventurière dans l’âme, elle ne semble pas avoir peur de grand-chose. Kayakiste émérite, la Française s’est toujours lancée des défis que le commun des mortels aurait pensé irréalisables. Ce sont tous ses voyages qui font de la Savoyarde une sportive qui sait où elle pose la pagaie. L’ensemble de ses expéditions est minutieusement préparé et les plans peuvent être bouleversés jusqu’à la dernière minute selon l’humeur des eaux. Pourtant, en dépit de ces règles de sécurité, le danger règne toujours en roi, comme ce jour de 2018 où Newman s’est fait une belle frayeur . Partie pour une descente de 375km en solitaire sur les eaux Tsarap au Ladakh en Inde, elle se retrouve coincée dans un siphon, à la suite d’un mouvement incontrôlé. Prise de frayeur, la professionnelle avertie parvient à s’extirper du courant d’eau. Tant bien que mal, elle nage dans les eaux affolées et rattrape, dans un dernier élan de lucidité, son bateau à l’aide de sa pagaie, pour finir la descente.
Incessamment à la recherche de repousser les limites du possible, Nouria Newman s’inscrit comme la référence dans la cercle fermé des kayakistes de l’extrême. Reconnue dans le monde entier pour ses expéditions pionnières, elle a déjà été couronnée trois fois lors des Championnats du monde de kayak extrême. Meilleure pagayeuse du monde pour la 5e année consécutive, elle trône sur la discipline depuis début mai grâce sa chute de 31 m à la cascade de Don Wilo en Équateur (record du monde féminin).
Photo à la Une : (@RedBull)