En cette période de confinement, Le Sport au Féminin vous propose de revenir sur les moments historiques de l’histoire du sport féminin. Aujourd’hui, retour sur un match de tennis improbable, entre un homme, Bobby Riggs, et une femme, Billie Jean King. Un match d’anthologie qui a fait entrer le tennis féminin dans une autre dimension.
20 septembre 1973. Au sein de l’Astrodrome de Houston, devant plus de 30 000 spectateurs et près de 90 millions de téléspectateurs, Billie Jean King, numéro un mondiale de l’époque, féministe engagée et qui se bat pour l’égalité des primes entre les hommes et les femmes, affronte Bobby Riggs, ancienne gloire du tennis dans les années 1940, macho, provocateur et qui souhaite prouver la supériorité biologique du tennis masculin. Un match d’exhibition certes, mais un rendez-vous incontournable de l’histoire de balle jaune, qui a fait entrer le tennis féminin dans une autre dimension.
Bobby Riggs allume la mèche
Grand champion des années 40 avec notamment un Coupe Davis remporté en 1938, un titre à Wimbledon en 1939 et des sacres à l’US Open en 1940 et 1941, l’Américain n’a plus rien à prouver à la planète tennis. Et pourtant. A 55 ans et alors que ses belles années sont derrière lui, Bobby Riggs décide de prouver la domination du tennis masculin. Réputé pour ses sorties remarquées et ses commentaires machistes sur le tennis féminin, il passe des paroles aux actes en provoquant la numéro un mondial de l’époque, Billie Jean King, afin de prouver que sur un court de tennis, les hommes sont bel et bien supérieurs aux femmes.
Mais en 1973, l’Américaine, âgée de 29 ans, a réalisé un break dans sa carrière de joueuse et propose à Riggs de se tourner vers la meilleure joueuse du moment, une certaine Margaret Court. Probablement LA plus grande joueuse de tennis de l’histoire, détentrice du record de titres en Grand Chelem avec vingt-quatre sacres dont onze à l’Open d’Australie. L’Aussie accepte ce défi et affronte le retraité, le 13 mai 1973 en Californie. Bobby Riggs fait le show et descend des travées avec un bouquet de fleurs qu’il offre à son adversaire. Sur le terrain, il abuse de lobs, d’amortis, use l’Australienne et remporte le match d’exhibition sans forcer (6-2, 6-1). Riggs exulte et fait même la une du Time Magazine. A ce moment là, l’Américain ne se doute pas qu’il a remporté une bataille, mais pas la guerre.
« J’ai su à ce moment-là que je devais l’affronter »
“J’ai su à ce moment-là que je devais l’affronter. Nous, les femmes, étions en train d’obtenir de véritables progrès. Je voulais que ça continue. J’avais l’impression que si je perdais, ça nous ramènerait 50 ans en arrière. » C’en était trop pour Billie Jean King. Une nouvelle fois, Riggs fait les choux gras de la presse et lance le match face à sa compatriote. “Billie Jean King est une star du tennis, mais elle ne vaut pas tripette devant moi. Le tennis féminin est bien en dessous du tennis masculin”.
Le jour J arrive et le 20 septembre 1973, les deux Américains croisent le fer à Houston, au sein d’un Astrodrome plein à craquer et devant près de 90 millions de téléspectateurs. Une exposition totale et Riggs ne manque pas de faire le show. Une fois de plus. Il débarque dans l’arène avec une tenue aux couleurs de la marque Sugar Daddy, entouré de femmes et tenant dans ses mains un porcelet, symbole de la misogynie. Billie Jean King lui renvoie la pareille et entre dans l’Astrodrome couverte de plumes, sur un char tiré par quatre apollons. La bataille des sexes peut commencer.
Un match à sens unique …
Meilleure physiquement, plus maligne tactiquement, la Californienne domine de la tête et des épaules cette rencontre et s’impose en trois sets (6-4, 6-3, 6-3). La native de Long Beach a su tirer les leçons de la défaite de Margaret Court quelques mois plus tôt. Collée à sa ligne de fond, son endurance et sa régularité ont eu raison des services-volée et de la puissance de son adversaire, âgé à l’époque de 55 ans.
… et des retombées immédiates
Une victoire historique qui a marqué un tournant pour le tennis féminin. Car quelques mois plus tard, Billie Jean King et huit autres joueuses du circuit, qui avaient fondé la WTA (Women’s Tennis Association) en mai 1973, obtiennent l’égalité des primes entre les hommes et les femmes. En 2017, un film intitulé « Battle of the sexes » vient même retracer l’exploit retentissant de Billie Jean King face à Bobby Riggs.
Photo à la Une : (@TennisCircus)
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