La FFF vient d’annoncer que le cap des 200 000 licenciées venait d’être franchie cette année. Une excellente nouvelle qui prouve que le football féminin est bien en plein essor depuis quelques années. Pourtant, cela n’a pas toujours été le cas. Longtemps mésestimé et moqué, il a même été interdit par les hautes instances du football.
Retour sur le jour où la FFF décidait tout bonnement d’interdire la pratique féminine du football en France !
Une interdiction progressive qui stoppe une discipline en plein essor
La pratique du football par les femmes n’est pas récente. Elle remonte même à plus d’un siècle. C’est, en effet, pendant la première guerre mondiale, alors que les hommes sont au front, que les femmes commencent à se rassembler pour jouer. Les premiers championnats voient le jour dès 1918. Et alors que la discipline se popularise de plus en plus, la fin de la guerre marque un gros coup de frein dans sa pratique. La société se réorganise, les hommes retrouvent les postes décisionnaires dans les institutions et les médias. Les femmes doivent, elles, rester à la maison. Commencent alors les années qui conduiront lentement mais sûrement à l’interdiction de la pratique du football pour les femmes en France.
Les médias et la FFF s’opposent à la pratique féminine
C’est dès le début des années 20 que certains hommes commencent à s’opposer publiquement à la pratique féminine ; que ce soit des hommes d’État comme le baron de Coubertin ou bien des journalistes. C’est ainsi qu’en 1925, Henri Desgranges écrivait dans le journal L’Auto : « Que les jeunes filles fassent du sport entre elles, dans un terrain rigoureusement clos, inaccessible au public : oui, d’accord. Mais qu’elles se donnent en spectacle, à certains jours de fêtes, où sera convié le public, qu’elles osent même courir après un ballon dans une prairie qui n’est pas entourée de murs épais, voilà qui est intolérable ! ». Des propos qui peuvent paraître surréalistes aujourd’hui mais qui furent corroborés quelques années plus tard par la FFF elle-même, qui dans un communiqué de 1928 déclarait : « Nous sommes totalement hostiles au football pour la femme et nous nous contenterons de l’ignorer. »
Une interdiction totale dès le début des années 30
Et c’est ainsi que les femmes furent contraintes de cesser leur pratique du football… Le championnat cessa d’ailleurs d’exister en 1933. Durant la deuxième guerre mondiale, le régime de Vichy ira même plus loin en insinuant que le football serait dangereux pour le corps des femmes et pour la santé de leurs appareils reproducteurs. Encore une preuve, si besoin en était, de la phallocratie prégnante en France…
Durant les décennies suivantes, les rares femmes osant braver les interdits, s’autorisent à jouer mais dans le cadre de foires et sont souvent l’objet de rires, traitées comme des bêtes curieuses. Et cette situation ne paraît pas choquer les institutions du football. Ainsi, en 1965, Pierre Delaunay, le secrétaire général de la FFF déclarait : « Il est hors de notre portée d’admettre que les femmes puissent vraiment pratiquer le football. Une fois encore, le football ne s’adresse, à notre sens, qu’à la gent masculine ».
1970 ou l’année de la reconnaissance officielle du football féminin en France
Avec de tels discours, prononcés il y a seulement une cinquantaine d’années – et qui plus est par les plus hautes autorités du football – tout semble plus clair quant à la lente et tardive imposition du football féminin en France. Cependant et comme souvent c’est par la force du combat et de la persévérance de certaines femmes – et quelques hommes également, il faut le reconnaître – qui auront le courage de braver ces interdits, que le football féminin renaîtra. C’est ainsi que le 29 mars 1970, la FFF n’aura eu d’autre choix que de reconnaître officiellement le football féminin.
Photo à la Une : (@AFP)
Un commentaire
Pingback: Alice Milliat, la pionnière du sport féminin - Le Sport au Féminin