Alors que la saison 2020 de WNBA approche, il est temps de revenir sur ces basketteuses françaises qui ont tenté l’aventure outre-Atlantique. Aussi rares sont-elles, les explications ne manquent pas.
Depuis sa création en 1997, la Ligue américaine de basketball féminin n’a vu évoluer en ses rangs qu’une petite quinzaine de Françaises. Et pour cause, elle est loin d’avoir l’impact qu’a son homologue masculin et fait bien moins rêver les jeunes filles que ce que la NBA fait rêver les jeunes garçons. Celles qui ont eu l’opportunité d’y évoluer le savent, les contraintes sont multiples. Tout d’abord, les calendriers se chevauchent. Celui de la WNBA, dont la saison se déroule l’été, allant même de mai à septembre, empiète sur les fins de saisons, sur les campagnes internationales ou encore sur les débuts de saison prochaine. Nombreuses sont celles qui ne rateraient jamais la moindre occasion de jouer pour l’Équipe de France, délaissant ainsi la WNBA. Tout comme Céline Dumerc : « Pour rien au monde je ne raterai le moindre stage de l’équipe de France pour y aller. Le maillot bleu est trop important pour moi.«
Sans oublier que ce choix n’est que purement sportif, le côté économique étant dérisoire pour une ligue d’été. Pour les meilleures joueuses qui peuvent toucher des sommes frôlant le million d’euros parfois, prendre part à une saison de WNBA où, selon la LFB, elle ne gagnerait « que » une centaine de milliers d’euros (entre 70 000 et 120 000 euros la saison) le prouve. La WNBA est tout simplement la meilleure ligue de basket féminine au monde et y participer reste un objectif sportif majeur. Malgré cela, ce ne sont que quelques françaises qui y ont déjà mis les pieds et, rares sont celles qui sont parvenues à performer et à s’imposer réellement. Seule Sandrine Gruda a réussi à gagner le tant convoité titre de champion.
Isabelle Fijalkowski, pionnière tricolore
Première française à traverser l’Atlantique pour fouler les parquets de WNBA, Isabelle Fijalkowski y a fait bien plus que de la figuration. En 1994, elle prend la décision de rejoindre les États-Unis et d’intégrer, pour un essai, l’Université du Colorado. Trois années plus tard, elle est appelée pour jouer avec les Cleveland Rockets, devenant ainsi la première française à rejoindre la WNBA. Considérée et reconnue comme la meilleure joueuse d’Europe au moment de la création de la Ligue américaine, elle va effectuer une saison rookie plus que satisfaisante, compilant 11,9 points et 5,6 rebonds de moyenne par match. Performances sur performances, bien aidée par sa taille (1,95m), Isabelle Fijalkowski se fait une place.
Si bien que l’été d’après, elle décroche un second contrat. En pleine progression, confirmant les espoirs placés en elle par les scouts américains, elle ne cesse de s’améliorer, devenant même l’une des joueuses les plus adroites du championnat. Tournant à 13,7 points et 6,9 rebonds de moyenne par rencontre, elle termine sa seconde saison WNBA en remportant le titre de Championne de la Conférence Est avec 20 victoires et 10 défaites. Malgré des capacités et un talent indéniables, la poste 4/3 décide de ne pas poursuivre plus longtemps l’aventure américaine. Les raisons illustrent les explications fournies ci-dessus, entre épuisement et préférence pour la sélection tricolore : « J’ai joué deux ans sans avoir beaucoup d’arrêt et j’ai commencé à avoir les genoux pas très nets. Pour moi, la priorité c’était l’équipe de France.«
13 Françaises, aucun regret et de belles réussites
Au total, ce sont treize Françaises qui ont rejoint un jour la WNBA. Seules quelques unes d’entre elles auront laissé une fine empreinte sur la planète du basket féminin aux États-Unis. Car le basket y est extrêmement différent, la confiance est moindre et les possibilités de discuter quasiment inexistantes. En bref, les étrangères ne sont pas considérées à leurs justes valeurs. Emmeline Ndongue, Valériane Ayayi, Lucienne Berthieu, Emilie Gomis, Audrey Sauret, et Laure Savasta sont autant de tricolores pour qui l’aventure outre-Atlantique n’a pas été des plus concluantes. Même Céline Dumerc, qui a profité d’un été libre pour faire le grand saut, a pris part à 28 matches en WNBA dont 11 comme membre du cinq de départ pour une moyenne de seulement 3,3 points et 4,0 passes. Malgré cela, impossible d’avoir un quelconque regret car l’objectif est atteint : connaître de l’intérieur ce qu’est la WNBA, peu importe la manière dont cela se passe.
Mais certaines Françaises ont toutefois réussi à s’affirmer dans la Grande Ligue. Dotée d’une persévérance à tout épreuve, Edwige Lawson-Wade aura pris part à cinq saisons de WNBA entre 2005 et 2010. Elle totalise 141 rencontres de saison régulière, dont 32 en tant que titulaire, au cours desquelles elle tournait en moyenne à 4 points, 1,4 rebond et 1,6 passe décisives. Elle a également disputé 14 matchs de playoffs, qui l’ont amené à toucher du doigt le sacre ultime. Elle a atteint, avec les Silver Stars San Antonio, la finale, finalement perdue. Celles qui sont parvenues à décrocher le Graal sont Sabrina Palie et Sandrine Gruda. La première faisait partie de l’effectif des Shock de Detroit qui a remporté le titre en 2006. La seconde, qui a débuté sa carrière américaine avec le Connecticut Sun où elle a performé. Après un break de quatre saisons, la Martiniquaise s’est engagée avec les Los Angeles Sparks. Avec un temps de jeu moindre, elle a tout de même eu le droit à un titre de champion qui est venu la récompenser cette année-là.
Marine Johannès, un avenir bleu en WNBA
La jeune meneuse tricolore Marine Johannès, qui performe en France mais aussi sur la scène européenne, représente l’avenir des joueuses françaises en WNBA. En mars 2019, elle s’engage à son tour avec le New York Liberty et prend part à la saison 2019 de WNBA. Convaincante, elle décroche un contrat s’étalant sur plusieurs années avec ce même club. Malgré la crise liée au coronavirus, qui a empêché les françaises de rejoindre les États-Unis, Marine Johannès n’a pas été coupée et son contrat n’a pas été rompu mais simplement gelé. Preuve que le potentiel de la jeune femme s’est d’ores et déjà exporté outre-Atlantique.
Mention spéciale pour les Franco-Américaines Gabby Williams et Bria Hartley qui, elles aussi, représentent la France aux États-Unis, la première de par son passeport, la deuxième de par ses sélections en Équipe de France.
La liste complète des Françaises ayant joué en WNBA :
Isabelle Fijalkowski – Cleveland
Emmeline Ndongue – Los Angeles
Céline Dumerc – Atlanta
Valériane Ayayi – San Antonio
Lucienne Berthieu – Cleveland et Houston
Emilie Gomis – New York
Sabrina Palie – Detroit
Audrey Sauret – Washington
Laure Savasta – Sacramento
Edwige Lawson-Wade – San Antonio
Sandrine Gruda – Connecticut et Los Angeles
Endy Miyem – Minnesota
Marine Johannès – New York
Photo à la Une : (©WNBA)
Un commentaire
Pingback: Récapitulatif Draft WNBA 2021 : Deux françaises sélectionnées ! - Café Crème Sport