L’exploit aurait pu être hors normes mais les Brestoises n’ont pas eu l’énergie nécessaire pour réaliser deux très grandes performances dans le même week-end. Après avoir éliminé Györ, le triple tenant du titre, Brest a été dépassé par les Vipers de Kristiansand en finale de Ligue des Champions.
Les Brestoises ont fait bien plus qu’exister pour leur premier Final Four de Ligue des Champions. Ce week-end devait conclure en apothéose une saison quasi parfaite pour les Bretonnes. Une Coupe de France et un Championnat en poche, Brest partait avec insouciance à Budapest (Hongrie) pour décrocher son étoile. Ce samedi, en demi-finale, l’obstacle était immense, Györ et son effectif impressionnant renforcé par les Françaises Amandine Leynaud et Laura Glauser dans les buts et d’Estelle Nze Minko et Béatrice Edwige. Le club hongrois est triple tenant du titre de la compétition (2017 à 2019), depuis l’instauration du Final Four à Budapest en 2014, il n’a perdu qu’une seule fois en finale en 2016 contre le CSM Bucarest. Une autre statistique pouvait impressionner les Brestoises, Györ restait sur 55 victoires consécutives en Ligue des Champions.
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Les joueuses de Laurent Bezeau ont tout donné pour contrarier la machine hongroise. Ce sont elles qui ont pris les devants en début de match grâce à un bel engagement défensif (5-9, 22’). Les parades de Cléopâtre Darleux (12 arrêts) et les maladresses des blanches et vertes permettent à Brest d’avoir trois buts d’avance en rentrant au vestiaire (8-11). Les Hongroises ne laissent pas les Bretonnes partir au score et reviennent quelques minutes après la mi-temps (11-12, 36’). Les coéquipières d’Ana Gros (9 buts) n’y arrivent plus, Brest s’écroule offensivement en traversant une période de 14 minutes de disette où les Magyares continuent de marquer. Brest reste en vie grâce à ses gardiennes, Cléopâtre Darleux magistrale dans ses buts et bien aidée par Sandra Toft (6 arrêts) qui ont su maintenir le navire brestois. À 8 minutes de la fin, les Brestoises sauvent une balle de -3 (20-18) ce qui les maintient en vie.
Progressivement, l’attaque revient et c’est un tir en lucarne de Djurdjina Jaukovic (5 buts) et un penalty arrêté par la Danoise Sandra Toft qui permet à Brest d’arracher les prolongations (20-20). Brest n’est déjà pas à un miracle près dans cette demi-finale. En ratant 5 occasions de passer devant, les Brestoises ont donc été obligées de tenir défensivement pour pousser les coéquipières de Veronica Kristiansen (8 buts) aux tirs aux buts (23-23). Les 2500 supporters hongrois ne sont pas forcément confiants puisque leur dernière défaite dans la compétition s’était déroulée aux jets de 7 mètres.
Les Brestoises ont pourtant eu très peur quand la meilleure marqueuse du match, Ana Gros rate son penalty d’entrée. Heureusement, la meilleure buteuse des Hongroises, Veronica Kristiansen se manque aussi. Les espoirs sont donc permis dans cette séance de tirs aux buts. Cléopâtre Darleux réalise l’arrêt décisif contre sa coéquipière en sélection, Estelle Nze Minko, et offre l’occasion à Brest de remporter la rencontre. Isabelle Gullden ne tremble pas et envoie Brest en finale de la Ligue des Champions (25-27). Un exploit majuscule pour les Bretonnes.
« On est dans une dynamique incroyable depuis quelques semaines, affirmait Laurent Bezeau après la victoire. On a beaucoup de confiance en nous. Il y a une espèce de sérénité. On a réussi à créer une véritable force collective et il y a un vrai groupe. Les filles sont actrices de leur projet. Elles ont dû puiser dans leurs ressources pour l’emporter mais elles l’ont fait. »
L’euphorie de la victoire a redonné un peu d’énergies là où les corps semblaient touchés après cette rencontre éprouvante. Ana Gros avait déjà été prise de crampes lors de son jet de 7 mètres et ses coéquipières semblaient également diminuées malgré la joie de la qualification. Brest se qualifiait pour sa première finale de Ligue des Champions mais aussi la première pour un club français.
Une finale qui laisse des regrets
Peut-être qu’elles avaient joué une finale avant l’heure mais réalisée une performance du même niveau le lendemain contre les Norvégiennes de Kristiansand était encore un cran trop haut pour les Brestoises. Cependant, on connaît le mental de cette équipe qui a réussi à remonter de 7 buts Metz en finale du Championnat. Les Brestoises commencent le match à l’envers et se retrouvent menées rapidement (3-8, 9’). Les Brestoises font illusion et reviennent dans la partie (9-9, 15’). Les Norvégiennes, qui jouaient également leur première finale européenne, ont remis un petit coup de pression pour reprendre le large avant la mi-temps (14-18).
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Emmenées par une redoutable Henny Reistad (12 buts, élue MVP du Final Four) et les arrêts de sa gardienne Katrine Lunde (12 arrêts), les Vipers ont contrôlé les Françaises durant l’intégralité du match. Les Brestoises ont couru après le score toute la rencontre et n’ont jamais été en capacité de revenir. Cléopâtre Darleux n’a pas réussi à réitérer sa performance de la veille et s’est reprise en seconde période (5 arrêts) pour sauver les meubles brestois. En effet, les Norvégiennes avaient encore fait un début de mi-temps tonitruant (4-0) qui leur permettent de prendre 7 points d’avance (15-22, 35’). Les Brestoises ont pourtant des ultimes occasions de revenir à 3 longueurs d’écarts mais Brest rate ses transmissions et ses tirs.
Ana Gros (8 buts) et une défense plus appliquée avaient offert ce dernier espoir. Les Vipers remettent un dernier coup, bien aidé par les erreurs des Bretonnes, pour imprimer son rythme et éteindre la rébellion brestoise (28-34). Une fin difficile mais qui amène à d’autres ambitions pour les années à venir. Le club armoricain va changer de cycle avec le départ de son entraîneur Laurent Bezeau pour l’Agence Nationale du Sport ou de sa meilleure marqueuse Ana Gros (135 buts en Ligue des Champions cette saison) qui va rejoindre le CSKA Moscou. Isabelle Gullden va rejoindre les nouvelles championnes d’Europe tandis que Pablo Morel deviendra le nouvel entraîneur des Bretonnes.
« On a essayé mais malheureusement, ce n’était pas assez, a expliqué Ana Gros à la fin de son dernier match sous le maillot brestois. Il y a des regrets bien sûr, quand tu joues la finale et que tu ne gagnes pas il y en a toujours. Mais c’est surtout dommage car on n’a pas joué à notre meilleur niveau, alors qu’en finale il le faut, et même être à 200 %, et ça, on ne l’a pas réussi aujourd’hui. Mais je n’en veux à personne, on s’est battues jusqu’au bout. Je voulais bien terminer avec Brest, le titre en Ligue des champions était mon rêve depuis toujours, on n’était vraiment pas loin. »
Djurdjina Jaukovic, l’arrière de Brest ne manquait pas de rappeler les ambitions pour les années futures : « Tout le monde disait qu’hier (samedi) c’était la finale avant la finale, on a joué la prolongation, puis les tirs au but. On a toutes puisé dans nos forces, il y avait de l’émotion. Ce que je peux dire, c’est que je suis fière de faire partie de cette équipe. C’était la première fois pour Brest au Final Four et je sais que ce ne sera pas la seule. On espère revenir ici la saison prochaine et faire mieux. Notre parcours cette saison, c’est quelque chose d’énorme pour notre équipe. Pendant toute la saison, on a connu des hauts et des bas, mais on a réussi à s’en sortir. »
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Cette saison a aussi montré de belles équipes françaises en Coupe d’Europe avec le titre en C2 de Nantes et la finale des Brestoises en C1. Brest, malgré cette finale perdue, pourra bien évidemment fêter la plus belle saison de son histoire et se réjouir des grands exploits qu’elles ont réalisé ces dernières semaines.
Photo à la Une : (@BBH)
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