Nouvelle mini-série mise en place par notre rédaction, consacrée cette fois aux clubs emblématiques qui ont fièrement marqué l’histoire du basket français. Ce deuxième numéro va s’attarder sur l’Union sportive Valenciennes Olympic, le grand rival du Bourges Basket. Du sommet du basket français et européen à une disparition incomprise, retour sur l’épopée tragique de l’USVO.
Comment rivaliser face à un géant du basket français tel que Bourges ? Valenciennes n’a pas à rougir, au contraire, puisqu’en quelques années, le club du Nord a pris du gallon, surpassé l’insurpassable, étoffé son palmarès jusqu’à s’imposer comme l’un des clubs historiques du basket français. Entre conflits sportifs et financiers, l’USVO va être victime d’une décision politique qui signer l’arrêt de mort d’un club qui ne méritait aucunement de disparaître de la sorte. Une fin tragique qui ne permettra donc jamais de savoir jusqu’où la domination valenciennoise aurait pu aller.
Une genèse mouvementée
Il faut remonter en 1923 pour rencontrer l’ancêtre de l’Union sportive Valenciennes Olympic. Un ancêtre qui, à l’époque, a vu le jour grâce un professeur de sport dénommé monsieur Derry. Alors qu’il soignait les troupes américaines lors de la Première Guerre Mondiale, il a découvert le basketball, sport dont il est éperdument tombé amoureux. C’est ainsi qu’est né le Basket Club Orchésien. De grandes ambitions naissent au sein du club au fil des années. Changement de nom en 1931, le BCO devient le Stade Orchésien et va par la suite fusionner avec le club voisin de l’Union Nomainoise. Naît alors, en 1961, l’Union Sportive Orchies Nomain.
À l’instar de Bourges, c’est la section masculine qui joue les premiers rôles au sein du club jusqu’en 1974/75. À cette époque, les premières esquisses de l’USVO future commencent à voir le jour. Sous la houlette de Marc Silvert, ancien joueur de l’AS Denain Voltaire, une toute jeune équipe fait ses premiers pas, déjà ambitieux d’atteindre le plus haut niveau possible. En parallèle, l’équipe masculine accède en Nationale 3 puis en Nationale 2 entre 1975 et 1980. Mais le constat est sans appel, il sera impossible d’aller plus haut. La section masculine lègue progressivement son statut à la section féminine qui va dès à présent jouer les premiers rôles à l’USON.
Une progression fulgurante à l’origine de l’USVO
En l’espace de quelques années seulement, les joueuses de l’Union Sportive Orchies Nomain grimpent les échelons, sans pour autant se précipiter. En 1981, le groupe monte en Nationale 3. L’année suivante, direction la Nationale 2 et enfin, en 1986, les efforts sont récompensées puisque l’USON atteint le plus haut niveau du basket féminin en France : la Nationale 1. Évidemment, cette réussite sportive s’accompagne d’un engouement grandissant et d’une ferveur nouvelle de la part d’un public de plus en plus présent. Les résultats suivent et le groupe se qualifie même pour les compétitions européennes. Résultat, les petites villes du Hainaut, région transfrontalière, à cheval sur la France et la Belgique, ne suffisent plus en terme de capacité d’accueil. L’USON se tourne vers la ville de Valenciennes pour disputer les rencontres européennes. Robert Leroux, président du club depuis la création de l’USON et Jean-Louis Borloo, maire de Valenciennes, trouvent un accord qui va encore davantage bouleverser l’histoire du club. Le 7 mai 1991 naît l’Union sportive Valenciennes-Orchies.
Robert Leroux va finalement regretter ce déménagement. Un retour à Orchies étant impossible, il décide de quitter son poste. Qui d’autre pour le remplacer que Jean-Louis Borloo, à l’origine de se changement majeur. C’est sous les ordres de ce tout nouveau président que l’USVO va remporter ses premiers titres nationaux. En 1991, les « jaune et noir », entraînées par Marc Silvret, remportent le tournoi de la Fédération, ancienne compétition qui réunissait les quatre équipes les mieux classées à l’issue de la saison régulière du championnat de France de la Ligue Féminine de Basket. En 1994, l’Union sportive Valenciennes-Orchies met fin à la série de trois victoires consécutives de Challes-les-Eaux en finale du championnat de France en s’imposant deux fois en deux rencontres (54 à 52 puis 59 à 38). L’USVO empoche ainsi son premier titre de champion de France.
Valenciennes ou l’éternel second
À la suite de cette victoire face à Challes-les-Eaux, Valenciennes espère confirmer et devenir une place forte du basket féminin. C’était sans compter l’arrivée fulgurante et fracassante du Tango Bourges Basket. De 1996 à 2000, l’USVO parvient à atteindre la finale du championnat de France mais s’inclinera toujours face à la domination sans précédent du club burgien. La rivalité bat son plein, sans que Valenciennes n’arrive à inverser la tendance. Du moins, il faut attendre quelques années avant que la puissance des Tangos ne prenne un coup, laissant l’équipe du Nord prendre le dessus.
Sa victoire en 1991 permet également à l’USVO de se qualifier pour la Coupe d’Europe des clubs champions. Les Valenciennoises se qualifient pour le Final Four mais échouent finalement en demi-finale. Une histoire qui va là-encore se répéter. Durant cette période, le club change à nouveau de nom en 1999. La mairie d’Orchies s’étant retirée, l’USVO reste l’USVO mais devient l’Union sportive Valenciennes Olympic. Au fil des saisons, elles vont engranger de l’expérience, nationale et européenne, jusqu’à voir leurs efforts récompensés dans les années 2000, période plus glorieuse que la décennie précédente.
De bon club français à grand d’Europe
2001. Une année fantastique pour la basket féminin français mais aussi l’année du changement de rôle entre Bourges et Valenciennes. Ces deux équipes se retrouvent en finale de l’EuroLigue, ce qui est tout simplement incroyable pour la promotion de ce sport féminin dans notre pays et à travers toute l’Europe. Certes, Bourges s’impose mais s’impose sur le fil, in extremis, pour inscrire encore davantage l’histoire. Sur le plan national, la donne n’est plus la même. Valenciennes remporte la première Coupe de France de son histoire, face à Aix-en-Provence et se retrouve en finale du championnat de France, face à Bourges une nouvelle fois. La finale est serrée, tendue, électrique, mais Valenciennes l’emporte en deux manches. Une ère s’achève, une autre s’ouvre. Le début d’une domination franche mais de courte durée.
La saison suivante, l’USVO a tout bonnement réussi à réaliser le triplé Championnat-Coupe-EuroLigue. Cette véritable Dream Team (Ann Wauters, Allison Feaster, Isabelle Fijalkowski, Audrey Sauret, Edwige Lawson, Sandra Le Dréan, Nathalie Lesdema), menée d’une main de maître par Laurent Buffard, ouvre alors une période dorée pour le club valenciennois. Bien aidé par la professionnalisation du club qui, dès 2003, a confié ses droits sportifs à une Société anonyme sportive professionnelles (Valenciennes-Sports-Investissements), qui a su se développer pour faire partie des tout meilleurs budgets de Ligue Féminine de Basket.
Jusqu’en 2005, l’USVO va garnir son armoire à trophées, remportant cinq championnats de suite (dont quatre face à Bourges et un face à Tarbes), quatre Coupes de France consécutives (dont une face à Bourges) ainsi que deux EuroLigue. Dès 2006, l’épopée folle de Valenciennes va subir le retour en puissance de son éternel rival berruyer. À la suite de la défaite en finale du championnat de France, aucun trophée ne vient s’ajouter à la collection, une première depuis la saison 1999/2000. Les Valenciennoises vont tout de même réagir en 2007, réussissant un dernier doublé Championnat-Coupe.
Entre football et politique, le début de la fin
Vous vous demandez sûrement ce que le football vient faire dans l’histoire de l’USVO et pourtant, le lien existe bel et bien. Le 28 avril 2006, le Valenciennes Football Club l’emporte 3 à 0 sur le terrain de Sedan et s’assure la montée en Ligue 1. Cette accession signe le début de la fin du club féminin de basket de Valenciennes. Comment maîtriser les dépenses publiques de la ville quand le VAFC a besoin d’un nouveau stade et que l’USVO nécessite une nouvelle salle ? Les hommes et les femmes politiques de Valenciennes ont par conséquent fait le choix de conserver le football et d’envoyer le basket, devenu trop encombrant et trop coûteux, à Saint-Amand-les-Eaux.
Les deux clubs sont donc forcés de fusionner. Une bonne nouvelle pour les Amandinois, dont le niveau de leur équipe était à l’époque à des années lumières de celle de Valenciennes. Une obligation terrible pour l’USVO qui ne survivra pas à ce choix, loin d’être étonnant mais parfaitement désespérant des politiciens de l’époque. Pour essayer de calmer le jeu, de nombreuses promesses sont faites au club de l’Union Hainaut Basket ainsi qu’aux supporters. Budget en hausse, club renforcé, salle de 4 000 places… sauf que plus rien ne va. Le public n’est plus au rendez-vous. De plus, regrouper deux équipes veut forcément dire avoir trop de joueuses. Forcé de couper certains, le club a dû le payer très cher. Par conséquent, la saison 2008/09 s’achève avec des déficits, aussi bien sur le plan sportif que sur le plan économique.
9 mars 2009. Le club est placé en cessation de paiement. L’Union Hainaut repart en deuxième division et s’implante définitivement à Saint-Amand-les-Eaux. À Valenciennes, l’association USVO met la clef sous la porte. C’est la fin, définitive et tragique, d’un club qui aura marqué l’histoire du basket féminin en France et qui aura malheureusement subi la loi du plus fort (à savoir le football, qui plus est masculin).
Le palmarès complet de l’Union sportive Valenciennes Olympic :
Еn France
Champion de France (7) : 1994, 2001, 2002, 2003, 2004, 2005, 2007
Vainqueur de la Coupe de France (5) : 2001, 2002, 2003, 2004, 2007
Vainqueur du Tournoi de la Fédération (8) : 1992, 1994, 1997, 1998, 2002, 2003, 2004, 2005
En Europe
Vainqueur de l’EuroLeague (2) : 2002 et 2004
Photo à la Une : (©Basket Retro)