Fraîchement médaillée d’or aux Championnats du monde juniors -23 ans de Bobsleigh, Margot Boch, 21 ans, et sa pousseuse, Carla Sénéchal, 24 ans, affichent de grandes ambitions sportives pour les mois à venir. En pleine préparation des Championnats du monde séniors, l’équipage féminin de bob à deux s’est confié au Sport au Féminin. Entretien.
Les deux bobeuses débordent d’ambition. Passionnées par le Bobsleigh, l’adrénaline et la vitesse que le sport apporte, Margot Boch et Carla Sénéchal espèrent pouvoir atteindre les sommets d’ici 2022. Incarnation d’une fraîcheur juvénile, l’équipage féminin de bob à deux veut se faire une place dans le paysage des sports d’hiver. Et démocratiser la pratique du Bobsleigh par les femmes.
Margot, Carla, comment-vous est venue l’idée de devenir partenaires de course ?
M : J’avais comme projet de faire du Bobsleigh. Je faisais déjà de l’athlétisme. Mon directeur faisait aussi du bob. Je lui ai demandé s’il pouvait me donner des noms de sprinteuses. Le nom de Carla est ressorti. Je lui ai écrit sur Facebook et c’est ainsi qu’on a appris à se connaître.
Est-ce qu’il est important de se connaître par coeur et d’avoir confiance en sa coéquipière au Bobsleigh ?
C : C’est important qu’on s’entende bien et qu’on ait les mêmes objectifs pour que cela marche. Nous passons 5 mois de l’année ensemble où on se voit tous les jours, où on mange ensemble, où on fait des trajets ensemble… Donc si on ne s’entendait pas cela serait compliqué. Et puis sportivement c’est un plus. Dans notre sport il faut être synchronisées et sur la même longueur d’ondes.
Margot, vous venez de remporter les Championnats du monde juniors. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
M : Je ne sais pas trop, je ne réalise pas encore. Il a fallu se refocaliser tout de suite sur les Championnats du monde séniors qui arrivent. Je pense que je réaliserai plus en fin de saison quand je serai auprès de mes proches mais je suis super contente d’amener un titre à la France.
Qu’aviez-vous en tête pendant la course ? Comment on s’entraine pour une telle compétition ?
M : J’ai simplement pensé à ce que je devais faire dans la piste et au départ pour que tout se passe bien. Si tout s’alignait, en bas, le résultat devait être à la hauteur de mes attentes. Je ne suis pas partie en me disant « je veux une victoire ». Une compétition comme celle-ci, on l’envisage comme les autres. La différence c’est qu’il s’agit d’un point clef de notre saison. On se retrouve contre des personnes de notre âge. C’est important pour prouver ce qu’on vaut. Mais sinon, c’est comme une Coupe du monde, ou une Coupe d’Europe.
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Vous venez de passer les Championnats du monde juniors, Margot. Maintenant vous allez concourir en séniors, aux côtés de votre coéquipière, Carla. Comment envisagez-vous les Championnats du monde qui arrivent ?
C : Ca va être nos premiers Championnats du monde séniors. Nous sommes très contentes de pouvoir participer à cet événement. On met toutes les chances de notre côté pour que cela se passe bien puisque nous avons fait l’impasse sur une étape de la Coupe du monde qui se passe en ce moment en Autriche. Nous sommes déjà en Allemagne pour préparer les Championnats du monde qui arrivent la semaine prochaine. Et on s’entraine à 100% pour préparer au mieux cet événement.

Quel rythme d’entrainement avez-vous par jour ?
C : Là on s’entraine bi-quotidiennement. Deux fois par jour.
Donc c’est très intense…
M : Oui ! (elle sourit)
C : C’est intense. Nous descendons tous les jours la piste et tous les matins nous avons des exercices de préparation physique. Nous faisons de la musculation ou de l’athlétisme.
« Les JO ? C’est un rêve de petite fille ! Nous les attendons avec impatience »
Et après les séniors c’est l’objectif JO, non ?
C : Juste avant de parler des Jeux nous aurons une étape, encore en Allemagne, mais sur une autre piste pour faire les Championnats d’Europe juniors. Cette fois-ci nous concourrons dans la catégorie des – de 26 ans et là nous serons ensemble.
M : Et après cela se passera l’année prochaine, en fonction des courses, du classement. Nous avons jusqu’au mois de décembre pour nous qualifier.
Donc cela vous laisse encore un peu de temps pour vous concentrer sur les Championnats puis après les JO…
Toutes les deux : Oui !
C : Mais nous avouons que notre tête est déjà sur la qualification pour les Jeux.
C’est quelque chose d’important pour vous ?
M : C’est un rêve ! (sourire)
C : De petite fille. (sourire). C’est le rêve ultime de tout sportif. C’est l’échéance, le spectacle, l’événement que nous ne voulons pas louper.
Vous diriez que c’est encore plus important que les Championnats ?
M : C’est différent. Les Jeux, nous avons une chance tous les 4 ans. Il faut saisir l’opportunité du mieux que nous le pouvons. Alors que les Championnats, nous avons une chance chaque année, sauf l’année olympique. Mais je pense que cela reste aussi important qu’un Championnat en termes de course.
C : Et puis c’est quelque chose que nous préparons pendant 4 ans. Là, cela fait 3 années que nous préparons nos Jeux Olympiques. Nous les attendons donc avec impatience.
« Nous voudrions développer le sport et faire comprendre aux femmes que c’est autant un sport féminin que masculin »
Il y a aussi la dimension patriotique, celle de représenter son pays… cela doit être quelque chose, non ?
C : Oui, bien sûr. Notre discipline, malheureusement, n’est pas beaucoup médiatisée. Les Jeux Olympiques permettent d’en parler un peu plus. Mais on est déjà très fières de pouvoir porter les couleurs de la France. C’est aussi un rêve de petite fille. Avoir du bleu blanc rouge sur nous, c’est génial … Mais voilà, les Jeux… c’est encore un niveau au-dessus.
Quid de la représentation féminine ? Est-ce aussi un but que vous recherchez ?
M : Quand nous avons commencé, nous n’étions pas beaucoup de féminines. Nous n’étions d’ailleurs que toutes les deux. C’est vrai que sur du long terme, on voudrait développer le sport et faire comprendre aux femmes que c’est autant un sport féminin que masculin.
C : Et nous avons un défi principal. Il n’y a jamais eu d’équipe féminine aux Jeux Olympiques. Nous voudrions représenter notre sport aux JO et amener une équipe féminine le plus loin possible.
Vous pensez qu’il pourrait y avoir un effet post JO pour démocratiser un peu plus la discipline ?
M : On ne sait pas trop encore mais on l’espère. Souvent post JO, il y a pas mal de monde puisqu’ils la voient à la télévision. Donc on espère que des filles voudront essayer, cela serait avec plaisir de leur apprendre.
C : On aimerait bien qu’il y ait une relève derrière nous. Cela faisait 10 ans qu’il n’y avait pas eu d’équipage féminin. On ne voudrait pas encore voir dix ans passer sans une autre équipe féminine. Donc on va tout faire pour qu’on parle de nous grâce à nos résultats.
Même cette année. Peut-être qu’il y aura déjà un petit mouvement avec vos victoires…
C : Oui cela serait super mais après ce n’est pas évident. Nous sommes encore très novices dans notre discipline. Cela fait 3 ans que nous sommes sur le circuit. Et c’est un sport qui demande beaucoup d’expérience. C’est difficile de faire de très gros résultats et de faire parler de nous mais nous nous battons, nous faisons de notre mieux pour avoir de bonnes performances.
M : Nous n’avons que 21 et 24 ans donc nous sommes un peu jeunes, c’est vrai. Mais ce n’est pas pour autant qu’on ne montre pas que nous sommes là. Nous commençons un peu à faire parler de nous sur le circuit. Nous avançons et nous espérons que cela paiera.
Photo à la Une : (@DR / David Malacrida)