Journaliste phare de la chaîne beIN SPORTS depuis maintenant sept ans, Margot Dumont (28 ans) a pris le soin de se confier, pour Le Sport au Féminin. Sa passion pour le football, son parcours, sa vision du sport, l’ancienne attaquante d’Issy-les-Moulineaux nous dit tout.
C’est l’histoire d’une passion, mordante, presque débordante, qui l’anime depuis ses premiers pas. C’est l’histoire, aussi, d’une jeune femme, qui chaque week-end, arpente les pelouses de Ligue 1, micro en main. Comme plongée dans un rêve. À vingt-huit ans, Margot Dumont s’est imposée, depuis quelques années, comme l’une des journalistes phare de la chaîne beIN SPORTS, lancée en 2012. Présente cette saison dans « Le décrassage de Luis » (chaque lundi à 19 heures), la native de Lyon, qui à ses quatorze ans créait déjà son propre média, axé sur l’actualité de l’Olympique lyonnais, était au commentaire, mercredi 20 mars, d’une rencontre de charité. Un match entre les anciens du Stade de Reims, renforcés par les joueuses de la D2 féminine du club et le Variétés Club de France afin de soutenir les violences faites aux femmes. La semaine dernière, entre deux reportages, Margot Dumont a accepté d’échanger les rôles, pour une fois, et d’enfiler, à son tour, le costume de celle qui répond aux questions. Son parcours, son amour pour le ballon rond, ses souvenirs, ses rêves, l’ancienne joueuse d’Issy-les-Moulineaux s’est confiée, sans détours. Extraits.
Margot, peut-on dire que le football fait aujourd’hui partie intégrante de votre vie ?
Bien sûr. Et depuis toujours. Je ne suis pas tombée dedans comme ça, par hasard. Depuis que je suis en âge de marcher, j’ai toujours été à fond dans le football. Notamment par le biais de mes cousins, qui m’ont pris sous leurs ailes et avec qui je jouais souvent. J’ai pleins de souvenirs, de rencontres, que je suis allée voir avec eux, ce qui m’a conforté dans cette passion. J’ai connu les succès de l’Allemagne à l’Euro 1996, ceux de la France en 1998 et en 2000. Étant issue d’une double culture (sa mère est allemande, son père français), je ne pouvais pas rêver mieux. Il y avait l’Olympique lyonnais aussi. J’ai vécu les titres de champion de France. Le football a vraiment bercé mon enfance.
Embrasser une carrière de joueuse professionnelle, c’était ça, votre objectif, votre rêve, avant de vous plonger dans le journalisme ?
Oui, vraiment. En primaire, au moment d’inscrire sur les feuilles de renseignements le métier que je voulais exercer plus tard, j’écrivais toujours footballeuse professionnelle. C’était assez utopique, surtout à l’époque, où le football féminin n’était presque pas, ou très peu reconnu. La section féminine de l’Olympique lyonnnais n’existait pas à cette époque. C’est dommage que je ne sois pas née dix ans plus tard (sourire). J’aurais peut-être pu me donner les moyens d’intégrer le monde professionnel.
Vous avez quand même réussi à mettre un pied dedans…
Oui, avec Issy-les-Moulineaux, en première division. C’était en 2012, l’année où j’ai intégré BeIN SPORTS. Avec le travail en parallèle, c’était compliqué de concilier les deux. Mais c’est une magnifique expérience, qui m’a un peu rapproché de ce rêve, que j’avais depuis toujours.
Comment faire pour décomplexer les jeunes filles, casser les codes et les pousser à réaliser leurs envies ? Dans une émission (J+1, Canal +), Eugénie Le Sommer disait que certaines jeunes filles étaient parfois embêtées par les garçons à l’école…
La seule façon de banaliser le football féminin, c’est d’en voir plus souvent à la télévision, dans les médias. Que cela devienne normal et que cela ne soit plus une surprise quand un match de football est diffusé à la télé. Aux États-Unis, une fille qui joue au football, c’est normal. Quand j’étais moi-même petite, je n’avais pas ce problème. C’était même l’inverse. Les garçons me prenaient toujours dans leur équipe. Ce qu’il faudrait, pourquoi pas, c’est créer des équipes féminines dans les écoles. Pour en revenir aux États-Unis, là-bas, toutes les universités ont une équipe de soccer féminine. En France, je ne pense pas que la demande soit si importante. Mais cela vaudrait le coup d’essayer.
Quel regard portez-vous sur le sport féminin et comment jugez-vous son évolution ?
Le sport féminin s’est énormément développé. Que ce soit au niveau des infrastructures ou du niveau intrinsèque des joueuses. Pour prendre l’exemple du football, je me souviens encore que quand j’allais jouer à Rodez ou à Marseille, on se déplaçait en minibus. Aujourd’hui, les équipes se déplacent en avion. Mine de rien, c’est moins de fatigue. Cela laisse plus de temps pour mieux préparer les matchs. Le football s’est professionnalisé. Les arbitres sont mieux formées. Les encadrants, les staffs, aussi. Prenez les maillots. Il y a une dizaine d’années, on jouait avec les mêmes que ceux des garçons. Et je peux vous dire qu’en tant que femme, on se sent très mal à l’aise dans des maillots de garçons. Aujourd’hui, les filles ont des maillots à elles. Même si je regrette que ce ne soit pas encore le cas en Coupe de France. Mais en tout point, l’évolution du football féminin et du sport féminin en général est très intéressante.
Avez-vous une discipline sportive en dehors du football féminin qui attire particulièrement votre attention ?
Je suis quand même très portée sur le football (sourire) ! Mais j’aime bien jeter un œil sur les autres disciplines de temps en temps, comme le handball ou le basket-ball. J’aime bien voir jouer l’équipe de France de rugby féminine, aussi, lors du tournoi des Six Nations. C’est sympa à regarder. Il y a aussi le ski alpin, le biathlon. Mais comme le tennis, ces sports sont déjà dans les mœurs. Ce sont les sports collectifs qui sont encore un peu sous médiatisés. Même si je pense que les mentalités progressent et que les équipes de France féminines intéressent de plus en plus de monde. L’équipe de France, c’est un peu le porte-drapeau de la nation. Aussi bien chez les filles que chez les garçons. Donc forcément, ça attire.
Que répondez-vous aux détracteurs du sport féminin ?
Je leur dis une chose simple : cela ne sert à rien de comparer. C’est l’erreur que tout le monde fait. On ne peut pas comparer Eugénie Le Sommer à Cristiano Ronaldo. Un homme et une femme ne sont pas faits de la même façon. À partir de là, on ne peut déjà pas comparer. Le sport féminin, il faut le regarder avec un regard différent. Mais je pense qu’un vrai passionné de football prend du plaisir à voir jouer l’équipe de France féminine ou l’Olympique lyonnais féminin.
Au football, les gardiennes sont souvent décriées…
Ça, je peux le comprendre. Quand je jouais, cela me mettait la rage quand on prenait un but à cause de notre gardienne. C’est un point sur lequel il faut progresser. Mais je trouve cela vraiment dommage que l’on s’arrête à ça. Quand on voit des buts sur des frappes incroyables, on peut se dire que l’on n’a rien à envier aux garçons. Arrêtons de comparer. En tant que spectateur, on peut prendre du plaisir chez les filles, comme chez les garçons. Il suffit juste s’y intéresser. Après, c’est sûr, si l’on attend des coups d’épaules, il ne faut pas regarder. Mais chez les féminines, au moins, on ne voit aucune joueuse se rouler par terre.
La Coupe du monde, en France, peut-être un élément déclencheur, un message porteur pour le football et le sport féminin ?
Je pense que c’est une bonne chose, oui. La Coupe du monde peut aider à dédramatiser, à montrer que le sport et le football sont aussi faits pour les femmes. C’est un super outil de communication pour aider les futures générations. J’espère que cette Coupe du monde apportera une ouverture d’esprit nouvelle.
Propos recueillis par Romain Boisaubert
Photo à la Une : (@PANORAMIC)
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