Ce jeudi, deux joueuses ont révélé avoir été victime d’agressions sexuelles à plusieurs reprises avec leur entraîneur, Paul Riley. Depuis ces témoignages, la ligue nord-américaine fait face à un énorme scandale. Les joueuses ont réussi à obtenir le report des rencontres de ce week-end et la commissaire de la ligue a déposé sa démission.
C’est un véritable raz-de-marée qui s’abat sur la NWSL. La ligue nord-américaine de football féminin fait face depuis ce jeudi à des accusations d’inaction contre des agressions sexuelles. Tout à commencé avec les déclarations de deux anciennes joueuses de l’entraîneur Paul Riley au site The Athletic. Sinead Farrelly et Meleana Shim ont témoigné du mauvais comportement de l’entraîneur depuis leur rencontre en 2010. Sinead Farrelly qui a connu Paul Riley dans trois équipes différentes l’accuse de l’avoir contraint à des « rapports sexuels forcés ».
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Pendant son passage à Philadelphia Independence, elle se rend dans la chambre d’hôtel de Paul Riley après la finale perdue contre les Western New York Flash (1-1, 5-4 t.a.b.). Il lui aurait dit : « On emporte ça dans nos tombes. » Les deux joueuses ont également évoqué une autre agression lors de leurs passages sous les couleurs des Portland Thorns où leur entraîneur les aurait forcées à s’embrasser dans son appartement. Meleana Shim a indiqué : « Ce type a ses pratiques bien à lui. » L’accusé a répondu à ces accusations en niant toutes ses actions au site The Athletic : « Je n’ai jamais eu de relations sexuelles avec ces joueuses, ni fait d’avances sexuelles à leur égard. »
Deux affaires pour des entraîneurs de NWSL
Paul Riley a été limogé de son poste de coach du North Carolina Courage après ces accusations d’agressions sexuelles. « Paul Riley est licencié avec effet immédiat à la suite des très graves allégations de mauvaise conduite. Le Courage soutient les joueuses qui se sont manifestées et nous les félicitons d’avoir courageusement partagé leurs histoires », a déclaré le club qui avait Paul Riley comme entraîneur depuis 2017 dans un communiqué.
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Ce scandale fait notamment écho à une autre affaire survenue cette semaine dans la ligue. Richie Burk a été licencié de Washington Spirit après une enquête sur des allégations de harcèlement moral et d’autres comportements abusifs. Il n’en fallait pas moins pour mettre le feu aux poudres chez les joueuses. Très en colère, des centaines de footballeuses se sont réunies jeudi soir pendant deux heures en vidéo-conférence pour partager leurs histoires et prendre des décisions. Le verdict finit par se dessiner. Le syndicat des joueuses (NWSLPA) va demander le report des cinq rencontres du week-end. Une requête acceptée par la ligue qui sous la pression n’avait pas d’autres choix que de l’autoriser.
« Cette semaine, et une grande partie de cette saison, a été incroyablement traumatisante pour nos joueuses et notre personnel, et j’assume l’entière responsabilité du rôle que j’ai joué, a estimé Lisa Baird, commissaire de la NWSL dans un communiqué. Je suis vraiment désolée pour la douleur que tant de personnes ressentent. Conscients de ce traumatisme, nous avons décidé de ne pas nous rendre sur les terrains ce week-end afin de donner à chacun l’occasion de réfléchir. Les affaires courantes ne sont pas notre préoccupation en ce moment. Notre ligue a beaucoup de choses à réparer, et nos joueuses méritent tellement mieux »
Les stars américaines soutiennent le mouvement
Cependant, la colère ne s’arrête pas à un simple report des matchs. Des joueuses accusent la ligue et sa commissaire Lisa Baird en particulier d’avoir rejeté les témoignages de Sinead Farrelly sur des comportements inappropriés de Paul Riley et d’ignorer certaines requêtes sur d’autres affaires.
Une accusation soutenue par l’une des stars de la sélection américaine, Alex Morgan. Véritable icône du football féminin, la double championne du monde (2015 et 2019) a affirmé sur les réseaux sociaux : « La ligue a été informée à de multiples reprises et a refusé à chaque fois d’enquêter. Elle doit accepter la responsabilité d’un processus qui n’a pas réussi à protéger ses propres joueuses de cet abus. Je suis écœurée. Protégez vos joueuses, faites ce qui est juste, NWSL. » Ce soutien de l’attaquante de 32 ans est d’autant plus important qu’Alex Morgan a joué à Portland sous les ordres de Paul Riley.
La Ballon d’Or 2019, Megan Rapinoe a également partagé son indignation sur les réseaux sociaux : « À tous ceux qui sont dans l’exercice du pouvoir et qui ont laissé faire, qui ont entendu et rejeté, qui ont autorisé ce monstre à changer d’équipe sans aucune répercussion, allez-vous faire foutre, vous êtes tous des monstres et vous pouvez TOUS donner votre démission immédiatement. »
Une démission qui pourrait en appeler d’autres
Des appels à démissionner qui ont fini par aboutir avec la démission de la commissaire de la ligue, Lisa Baird. Lisa Baird avait promis quelques heures avant son départ un nouveau processus de signalement anonyme pour les joueuses et les équipes et la transmission du dossier à l’US Center for SafeSport, l’organisation indépendante qui s’occupe de la lutte contre les abus sexuels dans le sport américain.
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Entre-temps, la FIFA a décidé d’ouvrir une enquête après ces accusations qui font trembler le pays. L’instance internationale se dit « profondément préoccupée » par ses accusations et rappelle sa position contre les abus sexuels : « toute personne reconnue coupable de mauvaise conduite et d’abus dans le football doit être traduite en justice, sanctionnée et exclue du jeu. » Ce vendredi soir, la NSWL a donc annoncé brièvement la démission de sa commissaire dans un communiqué.
La crise n’a donc pas fini de secouer le football féminin aux États-Unis et risque de perdurer pendant encore quelque temps. Le report des rencontres ne devrait pourtant pas continuer car les joueuses ne peuvent pas faire grève à cause de leur convention collective avec la Fédération pour les joueuses évoluant dans la sélection nationale. Ce scandale pourra peut-être permettre à d’autres joueuses de dénoncer les comportements de leurs entraîneurs et d’espérer changer le système.