La Nouvelle-Zélande est dans l’Hexagone pour une double confrontation contre la France dont le premier ce samedi à Pau (15h). Après plus de deux ans sans match à cause de la pandémie, les Black Ferns viennent d’être balayés à deux reprises par les Anglaises et s’apprêtent à affronter des Bleues qui les ont battues lors de leurs deux dernières rencontres.
Les Black Ferns auront envie de bien faire ce samedi à Pau (15h) après leurs deux lourdes défaites contre les Anglaises (43-12 et 56-15). Face à l’équipe numéro 1 mondiale, les Néo-Zélandaises s’attendaient à des rencontres rudes mais peut-être pas à un tel écart de niveau. Les Kiwis ont été totalement décomposés en regardant leur équipe encaisser les plus lourdes défaites de son histoire. Les championnes du monde en titre n’ont plus joué ensemble depuis août 2019 à cause de la pandémie. Un retour sur les terrains avec une double confrontation contre leurs rivales les plus redoutables n’était peut-être pas la meilleure solution pour se remettre en jambes, surtout quand l’adversaire a joué 14 rencontres pendant ce temps-là.
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« Le score ne reflète pas vraiment la façon dont le match s’est déroulé pour nous, a déclaré Portia Woodman après la deuxième défaite consécutive contre les Anglaises. Vous savez que les Anglaises sont bonnes avec leurs mauls, et si vous enlevez cela, nous sommes une équipe assez égale. Après un test, il y a eu d’énormes améliorations. J’étais étrangement heureuse après ce match. Notre ligne d’attaque et notre mêlée étaient également meilleures. »
Des succès contre la France pour se rassurer ?
Les joueuses de Glenn Moore voudront donc prendre leur revanche avec la double confrontation qui se profile contre l’équipe de France. Pour se remettre dans le droit chemin, les Black Ferns vont devoir montrer leur plus beau visage contre des Françaises qui viennent de s’imposer contre l’Afrique du Sud (46-3) mais surtout qui restent sur deux succès consécutifs contre les Fougères Noires (30-27 à Grenoble en novembre 2018 puis 25-16 à Chula Vista, en Californie, en juillet 2019). La première victoire de l’histoire contre la Nouvelle-Zélande en 2018 avait permis aux Françaises de passer un cap psychologique. Il faudra donc s’attendre à une rencontre accrochée entre deux équipes qui veulent se sublimer dans cette tournée d’automne.
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Pourtant certaines voix s’élèvent en Nouvelle-Zélande pour alerter sur le manque de moyens des joueuses à l’approche de la Coupe du Monde à domicile. En effet, dans un peu moins d’un an, les Black Ferns défendront devant leur public leur titre mondial et tenteront de remporter un sixième sacre dans la compétition (1998, 2002, 2006, 2010 et 2017). L’ancienne star des Black Ferns, Honey Hireme-Smiler, est l’une des observatrices à tirer la sonnette d’alarme pour la sélection. « Je suppose que c’est ce que le professionnalisme à plein temps fait pour le jeu et ces joueuses, a expliqué l’ancienne joueuse au média Newstalk ZB après les deux revers historiques contre l’Angleterre. Beaucoup de ces joueuses sont là depuis un certain temps déjà, mais le simple fait de voir les progrès accomplis, à la fois individuellement et en tant qu’équipe, est vraiment impressionnant. En même temps, c’est très difficile. Il a été difficile de voir mes sœurs Black Ferns lutter contre des scores aussi élevés face à l’équipe d’Angleterre et, pour moi, c’est, à la réflexion, une véritable indication de notre situation en matière d’investissement dans notre équipe féminine de rugby Black Ferns. »

Un manque d’investissements pour les Black Ferns
Elle s’inquiète également de cette amélioration permanente des Anglaises ces dernières années sans voir un investissement profond en Nouvelle-Zélande. Les joueuses de la sélection ne sont que des semi-professionnelles et ne vivent donc pas exclusivement du rugby. Elle s’appuie sur l’investissement réalisé sur l’équipe à 7 pour démontrer son raisonnement : « Nous venons de terminer les deux derniers mois de Black Ferns sevens (la sélection à 7) et ils ont une réussite énorme en termes de médaille d’or olympique, mais cela montre ce que l’investissement fait pour les joueuses. Elles sont constamment performantes, au sommet de leur art, parce qu’elles sont maintenant des professionnelles à plein temps. Vous pouvez voir la différence entre les filles sevens qui sont maintenant dans le programme du XV, où elles en sont en termes de compétences et d’impact au sein de l’équipe du XV. » Comme l’a avoué le sélectionneur néo-zélandais avant leur départ pour l’Angleterre le mois dernier, les joueuses sont « un peu sous-exploitées ».
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Les Black Ferns ne disposent que de cinq à sept rencontres par an et ne disputent que la Farah Palmer Cup de fin août à début novembre avec leurs clubs. La Fédération a décidé de lancer une nouvelle compétition qui débutera en 2022, pour que les joueuses puissent avoir plus de temps de jeu avec la Super Rugby Aupiki, signifiant « l’ascension vers le royaume le plus élevé ». Malgré ce constat assez inquiétant, Honey Hireme-Smiler explique : « Je sais que c’est difficile pour elles, mais nous avons encore des joueuses de rugby passionnantes et il s’agit simplement d’investir en elles pour qu’elles puissent s’assurer que nous ramenions cette Coupe du monde à la maison quand nous la jouerons ici en Nouvelle-Zélande. » La Nouvelle-Zélande est à la croisée des chemins et voit ses principaux concurrents se rapprocher voire les dépasser. Pour continuer à prétendre à ce titre de meilleure nation du monde, la Fédération va devoir offrir des moyens supplémentaires à sa sélection féminine. Un choix qui pourrait s’avérer payant en octobre 2022 lors de l’ouverture de la Coupe du Monde.