A seulement 21 ans, Shirine Boukli incarne l’avenir et fait partie des étoiles montantes du judo français. En cette période de confinement, la pépite formée au Judo Club d’Aramon s’est longuement confiée pour Le Sport au Féminin. Extraits.
La tête sur les épaules. Une ardente passion pour le judo et d’immenses ambitions. A seulement 21 ans, Shirine Boukli, formée au Judo Club d’Aramon, un petit club de sa région du Gard, incarne l’avenir et fait partie des plus grandes espoirs du judo français. Au début de l’année civile 2020, la jeune tricolore a réalisé une entrée fracassante dans la cour des grands en faisant ses débuts dans la catégorie senior. Résultats ? Une médaille d’argent à Tel Aviv, puis le graal avec la médaille d’or décrochée lors du Grand Slam de Dusseldorf. Fort.
Et quand on évoque le nom de légendes du judo français, Lucie Decosse et Clarisse Agbegnenou entre autres, la judokate n’y va pas par quatre chemins. « Je veux gagner des titres et être la meilleure. Ce sont des inspirations pour moi et je veux aussi écrire l’histoire ». Les étapes, la Gardoise les franchit sans encombres. En cette période de confinement, elle s’est longuement confiée pour Le Sport au Féminin. Son parcours, ses ambitions, son début d’année et son statut d’étoile montante, la Française n’élude aucun sujet. Entretien.
Comment se passe le confinement ?
Ca se passe plutôt bien. Je suis avec ma famille, j’ai la chance d’avoir une maison et un jardin donc j’arrive à trouver les moyens pour m’entraîner. Mon ancien club de la région, l’Aramon Judo Club Gardois m’a fourni quelques équipements dès le début du confinement. J’ai aussi des frères donc je peux pratiquer le judo avec eux. Ca commence à être un peu long et je le ressens, faire uniquement des préparations ce n’est pas l’idéal, mais on fait avec ce que l’on a, il ne faut pas lâcher et rester motivée. Je suis souvent en contact avec mon club (le FLAM 91 ndlr), on fait des lives deux fois par semaines pour s’entraîner, ça fait du bien et ça change les idées.
Comment jugez-vous votre forme depuis le début de l’année 2020 ?
Je trouve que j’étais dans un bonne dynamique. J’étais partie en stage à donc j’ai pu me tester contre beaucoup de filles. Je me sentais prête pour la suite. J’ai terminé deuxième au Grand Prix de Tel Aviv et j’étais très à l’aise sur les tatamis. On avait fait une très bonne préparation en amont et ça a porté ses fruits. Au Grand Slam de Paris j’ai terminé cinquième, j’étais un peu déçue mais j’ai quand même combattu des prétendantes sérieuses, notamment la championne du monde en titre en demi-finale. Ca m’a permis de me jauger et de réaliser que je n’étais pas ridicule face à des grands noms du judo. J’ai pris beaucoup de confiance en moi et le fait d’enchaîner avec la médaille d’or au Grand Slam de Dusseldorf m’a fait beaucoup de bien. J’ai pris combat après combat, je ne me prenais pas la tête et j’ai donné le meilleur de moi même.
Comment jugez-vous votre adaptation à la catégorie senior ?
J’ai encore beaucoup de travail et de choses à améliorer, je suis encore jeune, je viens juste d’arriver au « haut niveau ». J’espère que le meilleur reste à venir. Je pense être à un bon niveau, je suis montée dans le ranking (20e mondiale ndlr) et je suis assez attendue pour la suite des évènements. Je n’aime pas me vanter mais je suis satisfaite de mon judo à l’heure actuelle. Parfois je suis surprise, j’arrive à battre des filles que je regardais aux Jeux Olympiques à la télé il n’y a pas si longtemps.
Quel a été votre parcours ?
Je viens d’un petit club de la région du Gard, l’Aramon Judo Club. J’ai commencé le judo à 4 ans car mon oncle a ouvert un club, il a d’ailleurs été mon premier entraîneur. A la base c’était pour le fun, puis je n’ai jamais arrêté et c’est devenu une passion. J’ai obtenu mes premiers résultats en cadette, ce qui m’a ouvert des portes à l’international. Je suis ensuite rentrée en pôle espoir de Montpellier, j’étais en troisième à cette époque et je suis restée là-bas une année. Par la suite j’ai rejoint le pôle France de Marseille, j’ai été championne de France cadette en 2015, dans la catégorie des – 44kg puis championne de France juniors la même année. Enfin, j’ai rejoint l’INSEP en septembre 2016. Actuellement je suis au club de Flam 91, c’est comme une famille pour moi, l’atmosphère est top et on travaille beaucoup. Je suis dans de très bonnes conditions pour continuer à progresser.
On a la sensation que vous passez les étapes les unes après les autres, sans encombres …
J’essaie de prendre un maximum de plaisir et de ne pas trop me mettre de pression. Je viens de loin, quand je repense à la période où j’ai rejoint l’INSEP, j’étais en Terminale S à l’époque et mon emploi du temps était surchargé. C’était assez dur de gérer les cours et le sport mais je n’ai jamais lâché. Ca a eu des conséquences sur mes résultats sportifs et je sentais que je n’arrivais pas encore à m’exprimer pleinement sur les tatamis. Je savais que je valais mieux que ça, je me suis mis des objectifs en tête et j’ai tout fait pour les atteindre. Je voulais montrer à tout le monde que j’étais capable de faire mieux. Ca a payé car par la suite j’ai remporté les championnats de France en première division (en novembre 2018 en – 48 kg ndlr) puis les championnats de France juniors début 2019.
Quelles sont vos ambitions pour la suite de votre carrière ?
J’ai des objectifs précis en tête. Le premier est de disputer les Jeux Olympiques de Tokyo 2021. Je veux gagner des titres, être la meilleure et continuer sur ma lancée. J’ai également l’ambition de monter encore dans le ranking mondial et olympique.
Clarisse Agbegnenou, Lucie Decosse … Avez-vous pour objectif de marquer l’histoire comme elles l’ont fait ?
(Sans réfléchir) Ah oui carrément ! Je veux que mon nom soit inscrit sur le mur et qu’il y ait mon portrait aussi (Rires). Ce sont des exemples et des inspirations pour moi. Quand je vois ce qu’a réalisé Clarisse Agbegnenou notamment … Elle explose tout le monde sur ses combats ! C’est une vraie machine. Je veux tout de même suivre mon chemin et écrire ma propre histoire, pourquoi pas faire autant d’exploits qu’elles !
Avez-vous conscience de faire partie des plus grandes espoirs du judo français ?
Je ne pense pas trop à cela, mais je réalise un peu notamment lorsque je suis sollicitée pour des interviews, quand je reçois des messages de fans, que les journalistes me félicitent etc … Ce n’est pas une obsession loin de là, j’essaie de me remettre en question quotidiennement. No stress, j’ai du temps devant moi et je vais prendre les étapes les unes après les autres. Je prends ce qu’il y a à prendre et on verra ce que ça donne !
Photo à la Une : (@Samson Kadouche)