Dix-huit fois championne du monde, cinq fois championne du Glory, championne de France pro en Anglaise, Anissa Meksen possède un palmarès long comme le bras. Elle s’est confiée pour Le Sport au Féminin sur sa carrière et le confinement en Thaïlande. Extraits.
Très tôt, le virus des sports de combat touche la jeune Anissa. Dès l’âge de douze ans, elle a déjà des rêves plein la tête : « A douze ans, j’ai eu envie de suivre mon grand frère à la salle, ça m’a immédiatement plu. Dès la première année ou j’ai commencé, j’ai tout de suite voulu devenir championne du monde. » Pendant quatre ans, Anissa Meksen pratique la savate chez elle, à Nancy. Elle s’envole ensuite pour Toulouse, à 18 ans, pour suivre un cursus en sport-étude. Désormais installée à Phuket en Thaïlande, la boxeuse s’entraîne sans relâche au Tiger Muay Thai, une variante du kick-boxing.
Un palmarès incroyable… mais anonyme ?
Entre 2002 et 2013, Anissa Meksen remporte onze titres de championnes de France, une sacrée performance, mais loin d’être la seule. Cinq titres de championne du monde entre 2008 et 2013, trois titres de championne d’Europe en 2007, 2010 et 2011, son palmarès forge évidemment le plus grand respect. Alors comment expliquer que l’on en parle si peu en France ? « La boxe pieds poings n’est malheureusement pas reconnue en France, les structures pour s’entraîner n’étaient pas adaptées c’est pour cette raison que je suis partie. Aujourd’hui, je boxe avant tout pour moi et marquer ma propre histoire. Des regrets ? Franchement, au début, oui, mais maintenant, on s’habitue. Je suis reconnue dans mon milieu et c’est l’essentiel. » Un « anonymat » qui ne semble plus la déranger donc, même si elle admet que la France possède un train de retard et il est de taille. « Aujourd’hui les femmes font des main events de gros shows… la France a du retard malheureusement. »
Du changement et un départ pour la Thaïlande
Lassée par la boxe française, Anissa Meksen décide de découvrir de nouveaux horizons dans le but de se professionnaliser. Elle part donc s’installer à Phuket en 2014 dans le but de s’entraîner au Muay Thai, un changement de discipline qui n’a visiblement eu aucune conséquence sur son niveau vu que la Française a glané en une année seulement les titres de championne d’Europe et de championne du monde WPMF. « J’ai été championne du monde en K1 et en Muaythai, j’ai aussi pris la ceinture de championne de France en boxe anglaise a Levallois neuf jours après avoir pris la ceinture du Glory au Madison Square Garden » explique-t-elle. Et lorsqu’on lui demande si son « changement de discipline » n’a pas été trop compliqué, on peut ressentir toute la force de son caractère dans sa réponse : « Toutes ces disciplines sont connectées et j’ai soif de challenges. Je prends tout ce que je fais très à cœur, je suis une perfectionniste, il n’y a rien de facile, j’ai travaillé toujours plus dur pour pouvoir m’adapter. C’est une grande fierté car c’est le fruit de grands sacrifices. »
Un confinement bien organisé
Le dernier combat d’Anissa Meksen remonte au 23 février dernier, en Hollande. La Nancéenne préfère toutefois relativiser sur la suite des opérations pour elle et sa discipline : « Tout le monde est dans le même bateau, il faut être patient… mais oui le ring manque et le retour à une vie normale surtout ! » clame-t-elle, avant d’ajouter : « Je passe beaucoup de temps à la maison, on fait des balades, je m’entraîne une fois par jour et en ce moment je développe des vidéos sur mes entraînements pour partager ce que je fais avec mes fans. » Enfin, Anissa Meksen se confie sur le fonctionnement du confinement en Thaïlande, qu’elle trouve bien mieux organisé qu’en France : « J’ai l’impression que la Thaïlande est mieux organisée que la France. Les masques sont obligatoires, on en trouve partout. La prise de température et le lavage de mains sont imposés à chaque entrée de magasin. Les villes sont fermées depuis deux semaines mais elles rouvrent demain. Nous avons le droit de sortir en respectant les règles de bons sens : ports du masques, respecter les distances etc. Ici il y a peu de cas, seulement 200. » En attendant que la boxe féminine ne soit beaucoup plus reconnue en France, Anissa Meksen reste un élément incontournable de sa discipline. Et ce n’est que le début.
Photo à la Une : (@AnissaMeksen)