Valérie Hirschfield est une femme qui inspire le respect. Amputée d’une jambe en 2004, la Française de 55 ans ne cesse de repousser ses limites. Elle s’est fait une spécialité de monter les marches avec l’unique aide de ses béquilles. Voici son témoignage.
« J’ai grandi en Afrique du Sud et j’ai fait énormément de sport quand j’étais petite. En 1993, nous sommes revenus vivre en France. J’ai eu un souci de santé et plusieurs opérations. Sur 13 mois, j’ai eu 17 opérations pour essayer d’enrayer ma maladie. Chaque opération réduisait ma jambe. J’ai demandé l’amputation en 2004 et un médecin a réussi à me sauver la vie. Mes enfants ont grandi très vite en raison de mes problèmes de santé et j’avais envie de reprendre ce rôle de maman. J’ai d’abord repris le tennis fauteuil, car je n’avais au départ pas de prothèse. Pendant dix ans, je me déplaçais uniquement avec mes béquilles et c’était devenu un jeu pour voir jusqu’où je pouvais aller comme ça.
En 2015, je me suis mise à faire du paddle avec une seule jambe. J’avais cette notion de dépassement en tenant en équilibre malgré mon amputation. C’était un jeu que je voulais à tout prix maîtrisé. J’ai alors vu une course de paddle aux Pays-Bas où il fallait relier quinze petits villages. Les organisateurs ont accepté que j’y participe en juin 2015. Je me suis fait appareiller d’une prothèse pour pouvoir participer à cette compétition. C’était 220km en 5 jours, soit l’équivalent d’un marathon par jour, et j’ai réussi à faire 180km. Il y a un jour où je n’ai pas réussi à partir en raison de douleurs à cause de ma prothèse. Je suis revenue un peu déçue de ne pas avoir participé à l’ensemble de la compétition. J’ai retenté l’expérience en 2016 et j’ai fait les 220km comme tout le monde. Ça a été ma première compétition avec des gens valides.
En 2017, j’ai voulu faire une marche de 63km sur deux jours pour récolter des fonds pour les enfants malades en hôpitaux. Des amis et des gens que je ne connaissais pas se sont joints à moi. Le premier jour j’ai réussi à faire 16km avec ma prothèse et le lendemain j’ai fait les 30km restants uniquement avec mes béquilles. Ça a été un gros défi pour moi, car j’ai tout fait avec la force de mes mains et mes épaules. J’ai fait des courses d’escaliers pour la bonne cause à Marseille où je montais les marches deux par deux. J’ai aussi monté en béquille les 1 000 marches de la Tour Montparnasse et les 1 600 marches de la Tour Eiffel. Cette dernière course a été très difficile, car il y avait énormément de vent. Même pour les coureurs valides, c’était très dur physiquement. J’ai renouvelé à plusieurs reprises ces expériences. Je participe aussi aux No Finish Line de Paris, Nice et Monaco. »
Photo à la Une : (@DR)