Dimanche, l’ASMUR, AS Mazères Uzos Rontignon, accueille le Paris Saint-Germain dans le cadre des 16ème de finale de la Coupe de France. Le club de Régional 1 s’apprête à affronter un grand d’Europe non sans une pointe d’excitation. L’entraîneur de l’équipe, Ludovic Sarthou, s’est longuement confié pour le Sport au Féminin sur ce rendez-vous. Technicien dans un laboratoire médical, celui qui occupe plusieurs casquettes dans le football féminin de son département s’appuie sur ce genre de rencontre pour faire grandir le club pyrénéen.
Quand on est une petite structure comme la votre, comment s’organise la réception du Paris Saint-Germain ?
Dans un premier temps, il y a déjà eu la découverte du tirage entre plaisir et joie de se dire qu’on a tiré ce qui se faisait de mieux dans la poule qu’on avait. C’était extraordinaire. Et rapidement, la joie laisse place à la crispation en se demandant : « Mais comment on va gérer ça ? » Il a fallu rapidement trouver un stade qui pouvait permettre d’accueillir ce match avec les interrogations immédiates de la Fédération. Notre structure permettait d’accueillir la rencontre, mais sans aucune garantie sur l’état de la pelouse et dans une enceinte qui n’aurait pu accueillir plus de 800 personnes, donc peu de places.
Il a fallu trouver un stade répondant aux cahiers des charges de la fédé, un lourd dossier, sans oublier les problématiques liées à la billetterie. Il fallait se mettre d’accord rapidement sur le lieu, l’horaire, le jour. Ca a été un premier périple pendant quelques jours, du tirage qui a eu lieu le 18 décembre jusqu’à rendre le cahier des charges le lundi 23 décembre, dernier délais. Donc c’était une course poursuite.
Une fois passé tout ça, il y a des questions en terme de sécurité à régler, des questions en termes d’organisation matérielle et humaine. Ca a été l’objet de deux ou trois réunions. On a la chance d’avoir une quarantaine de bénévoles au club qui se sont spontanément portés volontaires pour aider à l’organisation de cette rencontre. Aujourd’hui on va dire qu’on est quasiment prêt. Avec mon président et le président délégué, je pense qu’on est devenu un couple à trois ! Mais bon en tout cas en tout cas c’est super agréable. Ca va permettre, l’espace d’un temps, de mettre en lumière un club qui se bat depuis quelques années, tant pour le foot féminin que pour le foot en général. On va profiter de cet engouement éphémère
Votre choix pour le déroulement de la rencontre s’est porté sur le Noustre Camp de Pau. Et déjà 2 000 places ont trouvé preneur. Il y a un réel engouement autour de la rencontre.
On avait deux solutions. Soit le terrain du Stade du Hameau qui fait 18 000 places où on aurait pu privatiser une partie de la grande tribune, soit la pelouse du Pau FC. Notre choix s’est finalement porté sur les installations paloises du Noustre Camp, bien plus adaptées. Il vaut mieux qu’on fasse un stade de 2600 places plein qu’un stade de 18 000 vide.
Concernant l’engouement, cela s’explique par l’absence de club féminin dans le coin. Dans la région, il y a les Girondins de Bordeaux. Et si on trace une ligne droite, il n’y a que Toulouse et Montauban, des clubs qui sont respectivement à deux heures et deux heures et demi de route. Et forcément, l’arrivée et la présence d’un club comme le Paris Saint-Germain attire puisqu’il jouit d’une aura particulière déjà de part le nom. Le public lambda se base sur le nom. Les connaisseurs se basent aussi sur la qualité de l’effectif qui est constitué de nombreuses internationales. Donc forcément, ça va attirer des curieux.
Concernant le sportif, comment prépare-t-on ses joueuses à ce genre de rencontres ? Quels ressorts utilise-t-on ?
Je prépare le match totalement normalement. Je suis quelqu’un de rigoureux, qui travaille énormément. Donc j’ai préparé ce match un peu plus que d’habitude. J’ai pu énormément travailler sur la vidéo et échanger avec mon Conseiller Technique Régional. Après, on va dire qu’on a eu la chance d’avoir pu jouer ce type de match contre Soyaux il y a deux ans, avec une partie de ce groupe-là. On ne sera pas dans la découverte. Alors certes, il y aura peut être une saveur particulière parce que c’est le PSG. Mais Soyaux, c’est déjà une place forte du football féminin français. C’était l’opportunité de se frotter à une grande équipe. On a beaucoup grandi ce jour-là et on grandira de nouveau après la rencontre face à Paris, savoir en tirer les bonnes leçons.
Il y a de l’excitation dans le vestiaires, à l’idée de disputer cette rencontre ?
Ce qui est bien, c’est que le discours est unanime. Elles ont toute le sourire aux lèvres, une petite excitation particulière de se dire qu’on va jouer ce qui se fait de mieux en France, voire en Europe. Forcément, il y a un certain plaisir et un certain engouement dont on essaie de profiter. Moi en tout cas, j’essaye d’en tirer profit pour bosser au maximum. Tout ce qui est pris n’est plus à prendre. Il y aura une déconcentration naturelle après ça. Donc on travaille bien pour préparer la rencontre, mais surtout pour préparer l’avenir.

Dans votre poule régionale, vous avez de plutôt bon résultats. Quels sont les objectifs à moyen terme ?
On est deuxième avec un match en moins. Notre premier objectif, c’est de terminer dans les quatre premières places pour nous assurer une montée dans la future poule élite régionale, puisque la grande région Nouvelle-Aquitaine a fait le choix de n’organiser qu’une seule poule, au lieu de deux comme c’était le cas. L’objectif des joueuses, c’est de tout mettre en oeuvre pour disputer les barrages en finissant premier. Ca fait maintenant quelques années qu’on est toujours deuxième, troisième ou quatrième, à quelques points de jouer ces matchs là qui ont finalement la même saveur que les matchs de Coupe. Ces rencontres nous permettent d’emmagasiner de l’expérience.
Vous parliez de Soyaux il y a deux ans. Vous êtes plutôt performant en Coupe de France. C’est une satisfaction ?
Ca nous sourit bien depuis quelques années. L’année dernière, on tombe contre Valence en 32ème de finale après une séance de tirs au but. Donc, on est plutôt dans le vrai en terme de résultat, de contenu. Chaque année, il faut se remettre en question et le niveau augmente mais c’est enrichissant. Il y a six ans, les équipes avaient quelques individualités entourées de joueuses plus moyennes. Aujourd’hui, c’est de plus en plus homogène. Ca ressemble de plus en plus à du foot masculin, si je peux me permettre.
Photo à la Une : (@David Le Deodec)