Melissa Plaza, passée notamment par l’Olympique Lyonnais et l’En Avant Guingamp, a finalement obtenu gain de cause par le conseil des prud’hommes puis la cour d’appel de Rennes. L’ancienne joueuse professionnelle accusait le club des Côtes-d’Armor d’avoir bafoué ses droits de travailleuse.
La fin de carrière de Melissa Plaza ne ressemble en aucun point à une fin de carrière de joueuse professionnelle classique. Le 11 juin dernier, cinq ans après avoir mis un terme à son aventure dans le football de haut niveau, la femme de 32 ans a gagné sa bataille juridique face à son ancien club. Le conseil des prud’hommes puis la cour d’appel de Rennes ont donné raison à la jeune femme, estimant que l’EAG avait bafoué ses droits de travailleuse. Melissa Plaza s’est immédiatement félicitée de cette victoire sur son compte Twitter en prenant directement à parti le club et surtout l’ancien président de Guingamp, Bertrand Desplat.
Une blessure à l’origine du conflit
Tout commence à la saison 205-2016. Melissa Plaza débarque à Guingamp pour un an à la recherche de temps de jeu, elle qui en a eu trop peu à l’OL les deux saisons précédentes. La joueuse choisit de jouer pour le club breton dans le but de retrouver une place en équipe de France (elle comptabilise deux sélections). Mais rapidement, cette nouvelle aventure va tourner au cauchemar. Le 4 octobre 2015, alors que l’EAG joue un match à Saint-Maur, la joueuse doit sortir en début de match suite à un choc au genou avec une adversaire. Opérée des ligaments croisés de ce même genou un an plus tôt, la jeune femme, alors âgée de 27 ans, demande à passer une IRM pour connaître la raison de sa douleur. Le médecin du club ne lui prescrit aucune ordonnance mais lui conseille de rester au repos pendant une semaine.
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Après trois semaines sans terrain, Melissa est contrainte de rejouer sous anti-inflammatoires et sous infiltrations alors que l’état de son genou ne fait que s’empirer. Fin octobre, elle va dans le bureau de Bertrand Desplat, son président, pour parler de sa situation. Un entretien qui tourne vite au vinaigre et qui se termine, selon la jeune femme, par une sévère remontrance à l’égard de la jeune femme. « Il m’a dit que j’étais une enfant pourrie gâtée, qu’il va falloir que je ferme ma gueule et que je joue parce que ma contribution à l’EAG, pour l’instant c’est zéro ! », explique Melissa.
En début d’année 2016, la joueuse finit par aller de son propre gré voir un médecin à Rennes qui lui fait passer un arthroscanner. Le constat est sans appel. Elle joue sans ligaments au genou gauche, et le cartilage du genou droit est endommagé. Selon le professionnel de santé, deux choix s’offrent à la jeune femme : soit elle arrête sa carrière, soit elle portera une prothèse dans cinq ans.
Deux semaines plus tard, Melissa Plaza reçoit un courrier de la Sécurité Sociale lui indiquant qu’ils n’ont aucune trace d’un accident de travail datant du 4 octobre 2015. Elle reçoit des absences injustifiées de la part du club et des bulletins de salaire vierges. À la fin de son contrat, le 30 juin 2016, elle reçoit deux fois d’indemnités de la part de Pôle Emploi qu’elle aurait du recevoir car le club aurait falsifié ses attestations.
Après avoir été opérée des deux genoux, elle saisit la Sécurité Sociale et le syndicat des joueurs et des joueuses de l’UNFP pour monter un dossier contre le club breton. Elle gagne en première instance en 2018 mais l’EAG fait appel. Après deux ans et demi de procédures, elle finit par gagner en appel en juin dernier. Guingamp est condamné à lui verser un peu plus de 18 000€. La joueuse s’est félicitée quant à sa victoire en justice : « jamais aucun joueur, ni aucune joueuse n’a fait tomber Guingamp, le fief de Noël Le Graet, et moi, je l’ai fait, ça m’a pris cinq ans. Quand il s’agit de femmes, ils n’ont aucun scrupule à outrepasser le droit du travail. Je n’aurai jamais réparation pour mon genou, cela ne me rendra mes cinq, six ans de carrière. Mais au moins, j’ai obtenu justice. »
Photo à la Une : (@EnAvantGuingamp)