Nouvelle mini-série mise en place par notre rédaction, consacrée cette fois aux clubs emblématiques qui ont fièrement marqué l’histoire du basket français. Pour ce premier numéro, le plus beau palmarès est mis à l’honneur avec leTango Bourges Basket. De dominés à dominants, retour sur les grandes lignes de l’histoire des Tangos.
Celles qui se sont appelées historiquement les Tangos, en l’honneur des couleurs orange et noir qui ornent le maillot du club, ont sans conteste fait partie de l’une des institutions les plus symboliques du basket féminin en France. Même si la gloire n’a pas toujours été au rendez-vous et qu’il lui aura fallu batailler pour aujourd’hui avoir une place colossale dans l’histoire de ce sport, Bourges s’est imposé. Au fil des générations de joueuses exceptionnelles, menées par des entraîneurs tout aussi prestigieux, le club du Cher s’est fait un nom parmi le gratin européen. Avec pas moins de 36 titres nationaux dont 14 titres de champion de France ainsi que 5 titres européens, Bourges se dresse fièrement parmi les meilleurs.
1967. Naissance du Cercle Jean-Macé Bourges
À ses débuts, le club omnisports du Cercle Jean-Macé se concentre davantage sur le basket et plus précisément sur sa section masculine (il faut attendre le milieu des années 70 pour qu’apparaissent les premières équipes féminines). Des efforts qui vont être payants puisqu’en 1977, l’équipe devient championne de France de Nationale 3 (troisième division) et passe en Nationale 2 (deuxième division). Le niveau étant bien supérieur, le club redescend dès la saison d’après. Le conseil d’administration se résigne à dire qu’il leur est impossible – par manque de moyens notamment – d’atteindre le très haut niveau avec l’équipe masculine. En 1987, le CJMBB décide alors de se concentrer sur l’équipe féminine.
Car entre temps, les filles ont évolué, grimpant les échelons jusqu’à atteindre, en 10 ans, la Nationale 4, qui n’est que le plus bas niveau du championnat de France mais qui va lancer humblement l’épopée céleste qu’a connu le club. En 1987, deux ans seulement après l’accession au sein de cette cinquième division et pour les 20 ans de la création du club, Bourges devient champion de France de Nationale 4 sous les ordres de Patrick Dorie. L’histoire est en marche. L’équipe ne s’arrête plus de grandir et de monter en grade, atteignant la Nationale 1B en 1989, remportant également la Coupe de France, sous les ordres de Catherine Malfois cette fois. La saison suivante, Bourges conserve son titre en Coupe mais accède également à la Nationale 1A.
Évidemment, cette explosion sur le plan sportif n’est pas anodine. Les Maires de l’époques s’investissent. La ville s’attarde à rénover le Prado, rajoutant, au fil des années, des tribunes à cette salle tout aussi emblématique que le club qui y joue. Sans oublier les supporters qui ont rapidement apporté ferveur et fidélité à leur équipe.
1994. Vadim Kapranov ou le début de la domination totale
Avoir atteint la première division ne semble pas être suffisant. Ne dit-on pas que « l’appétit vient en mangeant » ? Désireux de ne pas s’arrêter en si bon chemin, Bourges va prendre une décision qui va littéralement bouleverser l’histoire du club, de manière positive évidemment. Pour accéder au graal du basket féminin, en France et bien plus encore, Bourges, sous la houlette de Pierre Fosset, nouveau président du club, fait venir un tout nouvel entraîneur. Vadim Kapranov. Le technicien russe, ancien joueur soviétique, arrive avec, dans sa valise, la pivot Yelena Khudashova, accompagnée d’autres « gloires » du club comme Yannick Souvré, Anna Kotocova ou Odile Santaniello. À la fin de cette première saison de « renouvellement », le Cercle Jean-Macé Bourges termine à la cinquième place synonyme de qualification européenne pour la Coupe Ronchetti (équivalent de l’EuroCoupe aujourd’hui). La saison d’après, la mayonnaise prend. Bourges devient champion de France pour la première fois de son histoire et remporte la Coupe Ronchetti, pour sa première participation, face au club italien de Parme.
« Ce titre n’est pas qu’une victoire en Ronchetti, c’était le début de l’histoire du club. C’est le premier titre européen de basket féminin en France. À partir de là, on a commencé à parler de basket français, de Bourges »
Anna Kotocova
1996. Rivalité sur le toit du basket français et européen
Coup de tonnerre dans le basket français. La domination berruyère va durer, c’est une certitude. Sa victoire en Coupe Rochetti lui ouvre les portes de la plus prestigieuse compétition européenne : l’Euroligue. Pour sa première année, Bourges réalise la performance notable d’atteindre le dernier carré mais finit par s’incliner. Sur le plan national, les Tangos réalise un nouveau doublé, empochant, face à Valenciennes, le titre de champion de France pour la deuxième année consécutive et remportant le Tournoi de la Fédération (ancienne compétition où s’affrontaient les quatre meilleures équipes).
Ce n’est qu’en 1997 que Bourges atteint le sommet de l’Europe. Malgré l’absence de leur entraîneur, endeuillé par la perte de sa fille, les joueuses s’emploient pour décrocher le titre et remporter l’Euroligue. Elles finiront la saison championne de France en s’imposant à nouveau face à … Valenciennes. Que la rivalité commence. La saison suivante, Bourges organise le tournoi final de l’Euroligue. En demi-finale, le club se retrouve opposé à son rival, Valenciennes. Car oui, la rivalité s’exporte. Bourges s’impose, domine, écrase son adversaire et s’empare du titre suprême. Là-encore, la domination au sein du championnat de France ne s’arrête pas. 1998, Bourges est 4 fois champion de France en 4 saisons grâce à sa victoire finale sur… Valenciennes. Cette rivalité va perdurer pendant de nombreuses saisons, voyant Bourges dominer. Jusqu’en 2001.
2001. Inversement des rôles, Bourges court après les titres
Valenciennes évolue jusqu’à dominer Bourges. Les prémices se font ressentir dès 2001. Le club berruyer inscrit un peu plus son nom dans l’histoire du sport féminin en remportant un troisième titre en Euroligue, dominant, pour la dernière fois avant de longues années, son rival Valenciennes. En finale du championnat de France, l’USVO fait tourner la roue et prive Bourges d’un septième titre de suite.
La domination du club nordiste s’installe. Cinq titres nationaux consécutifs dont quatre en finale face à Bourges et Valenciennes remplace Bourges au sommet de l’Euroligue. Devant tant d’échecs, le CJM Bourges Basket est contraint d’évoluer pour retrouver de sa superbe.
2003. Quand évolution rime avec renouveau
Bourges doit laisser tomber son côté associatif pour s’adapter à la société moderne. Pour évoluer dans sa forme et dans son fonctionnement économique, le Bourges Basket Entreprises est créé. En 2003, suite à une nouvelle loi sur les groupements sportifs, le Bourges Basket SA voit le jour afin de gérer la section professionnelle et le centre de formation.
Après cinq longues années de disette, c’est avec Pierre Vincent aux commandes que Bourges renoue avec le goût des titres. En 2006, le club met un terme définitif à la sublime domination valenciennoise en réalisant le triplé national (championnat, coupe de France et tournoi de la Fédération). En Europe, Bourges n’arrive pas à revenir à son niveau passé, s’arrêtant souvent au Final Four. Malgré cela, l’institution peut tranquillement fêter ses 40 ans en 2007. Sous l’ère Pierre Vincent, désigné meilleur entraîneur à deux reprises (2007 et 2008), Bourges retrouve de sa superbe. Quatre titres de champion de France (2005, 2008, 2009 et 2011) plus tard, le sélectionneur de l’équipe de France féminine quitte le club fin 2011.
2011. Le tandem Valérie Garnier – Céline Dumerc vers le record ultime ?
Pour remplacer Pierre Vincent, Bourges fait appel à Valérie Garnier, alors entraîneur du Toulouse Métropole Basket. L’ancienne internationale française (de 1988 à 1990) peut compter sur le retour au club de Céline Dumerc après deux saisons passées en Russie, à Ekaterinburg. Pour ses débuts à la tête de l’équipe déjà décuple championne de France, l’actuelle sélectionneuse de l’équipe de France féminine ne déçoit pas. Actrice d’une nouvelle rivalité – minime en comparaison avec celle contre Valenciennes – qui naît face à Lattes-Montpellier, elle va apporter au club ses 11ème, 12ème et 13ème titre, égalant ainsi le record précédemment détenu exclusivement par le Clermont UC.
Céline Dumerc, légende du basket féminin au palmarès encore plus long que celui du club où elle a passé la majeure partie de sa carrière, quitte finalement Bourges à la fin de la saison 2015/16. Record égalé et compliqué à décrocher, l’objectif est atteint. Elle repart sextuple championne de France et s’engage avec Basket Landes.
2018. Bourges fait tomber le record
Valérie Garnier partie fin 2017, Bourges nomme Olivier Lafargue (ex-entraîneur de Basket Landes) au poste de coach principal. Comme pour sa prédécesseure, il réussit une première saison mémorable sur le banc du club, décrochant aussitôt LE titre. Celui qui offre à Bourges le record du plus grand nombre de victoires en finale du championnat de France. De quoi détrôner les Demoiselles de Clermont. Avec 14 titres, le club initialement parti d’une simple association tournée vers le basket masculin inscrit l’histoire du basket féminin d’une empreinte qui ne s’effacera jamais.
Le palmarès complet de Bourges
Еn France
Champion de France (14) : 1995, 1996, 1997, 1998, 1999, 2000, 2006, 2008, 2009, 2011, 2012, 2013, 2015 et 2018
Vainqueur de la Coupe de France (11) : 1990, 1991, 2005, 2006, 2008, 2009, 2010, 2014, 2017, 2018 et 2019
Vainqueur du Tournoi de la Fédération (7) : 1996, 1999, 2000, 2001, 2006, 2007 et 2008
Vainqueur du Match des Champions (4) : 2014, 2015, 2017 et 2018.
En Europe
Vainqueur de l’EuroLeague (3) : 1997, 1998 et 2001
Vainqueur de l’EuroCup (1) : 2016
Vainqueur de la coupe Ronchetti (1) : 1995
Photo à la Une : (©Bourges Basket)
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