Alors qu’elle a récemment mis un terme à sa carrière professionnelle, Maëva Guillerme (31 ans) s’est confiée sur le site de la LFH. Passée par Le Havre, Arvor, Nice, l’UB-MB et enfin Mérignac, l’ailière gauche a connu une carrière riche. Extraits.
Une retraite mûrement réfléchie
« Le contexte actuel n’a rien à voir avec ma décision qui était mûrement réfléchie depuis longtemps. Quand j’ai prolongé la saison dernière, j’avais déjà informé le club que ce serait ma dernière. Je voulais déjà arrêter l’année passée, mais pour la petite anecdote, ça fait plusieurs années que je voulais rejouer avec mes partenaires, Audrey Deroin, Audrey Bruneau et Marine Desgrolard. Mais on se loupe depuis des années pour X raisons… Certaines font des bébés, d’autres se font opérer. Je suis toujours la rescapée, je les attends depuis un moment, il y a eu des rendez-vous manqués, mais cette-fois je prends bien ma retraite sportive (rires).
Je suis résignée. Au vu de la situation actuelle, ne pas finir ma carrière sur une saison pleine, c’est tellement secondaire… La santé collective est la priorité aujourd’hui ! Les choses sont ainsi, c’est comme ça. Je prends un peu de recul, j’ai déjà eu plusieurs retraites de fêtées, et ce qui est drôle, c’est que les filles m’avaient déjà dit qu’elles ne me feraient plus de cadeaux, parce qu’à chaque fois je suis revenue sur ma décision. Il n’y aura pas de retour à haut niveau c’est certain, mais c’est toujours compliqué d’arrêter complètement. Le handball a pris une grosse partie de ma vie, et c’est forcément compliqué de partir, on est toutes un peu « junkie ». Peut être que je vais m’ennuyer un peu, et qu’à un moment je vais me relancer dans une équipe au niveau amateur. »
Entre souvenirs et nostalgie
« Je suis une vieille, et il y a eu pleins de moments forts dans ma carrière. Je vais retenir trois moments forts : mon tout premier titre dans le handball, avec le comité de l’Eure. C’était une histoire un peu improbable, nous nous étions faites éliminer dès le premier tour, nous avons été repêchées, et nous finissions championnes de France. Mal commencer, finir de façon improbable, ça résume un peu ma carrière au final (rire). Le deuxième souvenir est le titre de champion de France avec l’Arvor 29 (2012). Je pense que le titre dont rêve toutes les joueuses qui jouent en première division c’est celui-ci. Il m’avait échappé pendant des années quand je jouais au Havre, et enfin je touchais du doigts le sacre, c’était un moment très fort.
Et puis le troisième est la vie collective que nous avions à l’UMBB. Même si nous avions une équipe de rescapées, avec des filles qui avaient eu une carrière brisée, nous avions une vie excellente. Les entraînements étaient tellement difficiles, mais tellement intéressants avec Manu Mayonnade. Il croyait tellement en nous, que nous pouvions perdre tous les matchs du monde, mais nous y allions toujours avec la « gniaque ». Le dépôt de bilan du club a été une période très difficile à vivre, mais je garde des souvenirs très forts de cette période. »
Une reconversion dans l’immobilier
« Après l’UMBB je savais pas trop vers quoi m’orienter. J’avais fait pas mal d’études, mais un peu dans le vide… J’ai parlé de mes pistes avec Raphaël Benedetto, et il m’a fait découvrir son propre métier de courtier en emprunt immobilier. Je suis tombée amoureuse de ce métier, et j’ai passé les formations pour faire ça. Il m’a aidé, et aujourd’hui je travaille avec lui dans sa société. Pour moi c’est essentiel d’anticiper sa reconversion. Nous sommes tellement prises par notre quotidien de sportive de haut niveau, nous vivons un peu dans une bulle, et on a parfois du mal à prendre conscience de l’après. Il y a une forme de naïveté quelque part, et nous ne sommes pas à l’abri d’une blessure dans une carrière… J’ai eu la chance de pouvoir faire cette transition en douceur, et aujourd’hui c’est beaucoup plus simple pour moi de me retirer. Je sais ce qui m’attend derrière, je sais que ça va bien se passer pour moi. »
Photo à la Une : (@LFH)