Sacrée cinq fois championne du monde de football freestyle, Melody Donchet est la joueuse (hommes/femmes confondus) la plus titrée dans sa discipline. A 30 ans, la Française est devenue une véritable icône dans un sport en plein essor. La native de Montreuil sur mer s’est longuement confiée pour Le Sport au Féminin.
Un palmarès long comme le bras, un destin de championne et une passion mordante pour le ballon rond. En 2019, Melody Donchet a été sacrée pour la cinquième fois de sa carrière championne du monde de football freestyle. Une performance historique qui a fait de la Française la joueuse la plus titrée dans sa discipline. Et pourtant, tout n’a pas été rose pour la sportive qui a su provoquer son destin.
A 18 ans alors qu’elle peut entrevoir un avenir professionnel dans le football, Melody Donchet subit une grave blessure aux ligaments croisés du genou. Pendant sa réeducation, la Tricolore se découvre une passion – et un sacré talent – pour le football freestyle. Une discipline peu médiatisée à l’époque mais qui connaît un grand essor ces dernières années.
La quintuple championne du monde s’est longuement confiée pour Le Sport au Féminin. Son parcours, ses titres, son regard sur la discipline et sur le jeu vidéo Street Power Football, la native de Montreuil-sur-mer se livre sans langue de bois. Extraits.
Parlez-nous de votre parcours …
J’ai débuté par le football très jeune, quand j’avais quatre ans. J’ai joué jusqu’à mes 18 ans, j’ai fait des sélections régionales et j’avais un avenir professionnel – le sélectionneur de l’équipe de France jeunes m’avait repéré à l’époque. Malheureusement je me suis fait une rupture des ligaments croisés du genou et j’ai dû arrêté le football. Pendant ma convalescence j’ai découvert le football freestyle. C’était un passe-temps au début, puis c’est devenu mon métier et une véritable passion. Arrêter le sport n’était pas envisageable pour moi et comme mon genou n’était pas du tout stable, je me suis lancée à fond dans cette discipline.
J’aime la liberté dans le football freestyle. On fait un peu « ce que l’on veut ». Il faut bien sûr de la rigueur et du travail si on veut atteindre les sommets, mais ça n’a rien à voir avec le football qui est beaucoup plus encadré en termes d’entraînements, de match etc … J’aime ce côté autonome et le fait de pouvoir s’entraîner où et quand on veut. J’ai fait de magnifiques rencontres, j’ai voyagé dans 57 pays. Je veux surtout transmettre ma passion aux plus jeunes. Les jeunes adorent le côté technique et spectacle.
Vous êtes quintuple championne du monde de football freestyle …
C’est vrai que c’est un beau palmarès, j’en suis très fière aujourd’hui. Ce n’était pas prévu, car à la base je voulais vraiment percer dans le football. Quand j’ai commencé les compétitions de freestyle, il n’y avait pas assez de filles donc je devais me confronter aux garçons. C’est là que j’ai compris que j’avais quelque chose à faire dans cette discipline, car j’obtenais de bons résultats. J’ai participé à mon premier championnat du monde féminin en 2011 – le premier de l’histoire – je me suis inclinée en finale face à une Hongroise. En 2013 j’ai décroché mon premier titre de championne du monde et après je ne me suis plus arrêtée ! (rires).
En 2013 le titre au Super Ball avait une saveur particulière. C’est une compétition créée par un footballeur freestyle de République Tchèque. Il n’y avait pas beaucoup de moyens en 2013 donc tout se déroulait sur une piste cyclable – aujourd’hui c’est un rendez-vous incontournable et plus de 500 joueurs et joueuses de football freestyle participent à la compétition.
En 2014 j’ai remporté le Mondial RedBull au Brésil, au pays du football. Je voulais absolument remporter le titre, car c’est un évènement très très médiatisé. Je savais que cela pouvait m’aider à entrer dans une autre dimension – la vidéo de la finale a eu près de 80 millions de vues sur internet ! C’est là que tout a commencé …
Quel est votre regard sur la médiatisation du football freestyle en France ?
La discipline n’est pas encore assez médiatisée, mais les choses avancent petit à petit. L’objectif est de créer des clubs de football freestyle – il n’y en a que trois en France. Aujourd’hui on est tous autodidactes et on s’entraîne seul. On aimerait créer une structure professionnelle avec des clubs, une Ligue etc …
Quand on est passionnée on n’a jamais envie de s’arrêter, aujourd’hui je m’entraîne pour garder la forme. J’ai atteint mon objectif et je suis devenue la footballeuse freestyle la plus titrée au monde et la seule à avoir gagné trois trophées Redbull. J’ai 30 ans maintenant, je n’ai plus rien à prouver et tout le reste est du bonus et du plaisir.
Que pensez-vous du jeu vidéo Street Power Football ?
Je n’ai pas testé le jeu, mais j’ai assisté au lancement. C’est vraiment ce qui nous manquait. Un jeu 100% street football, c’est très positif pour notre discipline. Les jeunes adorent tout ce qui est geste technique, trickshot … et c’est notre quotidien. Je suis très fière d’avoir mon personnage dans le jeu vidéo, c’est vraiment génial. Qui ne rêve pas d’avoir son personnage dans un jeu vidéo ? Je suis très contente de ce projet.
Est-ce que le côté sport collectif et esprit d’équipe du football vous manque ?
Oui je dois avouer que le football me manque. J’ai essayé de reprendre, mais physiquement ce n’est pas possible. Mon genou me pose toujours des problèmes et je n’ai jamais récupéré totalement de cette blessure. Pour le football freestyle ce n’est pas très contraignant, pour le football, les duels physiques, c’est beaucoup plus compliqué … Ma rotule se bloque, j’ai très peu de flexion et d’extension.
Quel est votre prochain rendez-vous en football freestyle ?
Ce sera lors des championnats du monde Redbull en novembre prochain. Je suis d’ores et déjà qualifiée et j’ai un titre à défendre. Les sélections se déroulent actuellement donc j’attends patiemment le nom de mes adversaires. En raison du Covid 19, le tournoi va se dérouler en ligne … Chaque joueuse va devoir se filmer et réaliser une vidéo, je ne suis pas très fan de ce format, car il n’y aura pas de côté show. Pour moi un Mondial se déroule en face à face, on peut charrier l’adversaire et lui mettre la pression. Tout cela est impossible derrière une caméra ! Je n’ai pas encore pris ma décision quant à ma participation.
Vous êtes également passée à l’émission Incroyable Talent …
J’ai participé deux fois à cette émission, en 2012 avec mon groupe et en 2019. En 2019 on m’a demandé de me présenter seule à l’émission mais j’ai été prévenue sur le tard et je n’ai pas eu le temps de préparer un show en solo. Du coup, mon équipe est venue avec moi pour l’émission mais pour mettre la femme en avant, tous mes coéquipiers étaient masqués. Je me suis blessée sur scène et pendant le show je me suis refait les ligaments croisés. J’ai serré les dents et je n’ai rien laissé paraître. J’ai réussi à terminer le show puis j’ai filé à l’hôpital.
Votre regard sur le développement du football freestyle féminin
Je suis fière de m’être imposé dans un milieu qui était à l’époque plus dédié aux hommes. Je me suis toujours sentie à l’aise avec les garçons. J’habitais dans une cité et je jouais au football en bas de l’immeuble avec eux et ça s’est prolongé quand j’ai commencé le foot en club. Quand j’ai débuté le freestyle il n’y avait que trois femmes qui le pratiquaient en France. Je ne me suis pas sentie mise à l’écart. Le foot freestyle est différent du football traditionnel. Dans cette discipline, les femmes peuvent tout à fait rivaliser avec les hommes, la dimension physique n’entre pas en compte et ça change beaucoup de choses. En 2010 j’ai participé au tournoi Redbull avec les garçons, car la compétition féminine n’existait pas. C’est interdit désormais.
Photo à la Une : (@DR)
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