Alissia Lejeune sera au départ de l’édition 2021 du Rallye Aïcha des Gazelles du Maroc. L’étudiante de 23 ans, qui sera accompagnée de Marie Bossard, s’est confiée pour Le Sport Au Féminin. Entretien.
C’est une épreuve hors du commun. Qui réunit uniquement des femmes. Le Rallye Aïcha des Gazelles, dont l’édition 2021 aura lieu en septembre de la même année, rassemble des sportives venues du monde entier qui vont devoir « naviguer à l’ancienne ». C’est à dire sans GPS et sans vitesse, mais avec comme seul but de savoir se repérer en hors-piste. « Les Gazelles », comme elles sont appelées depuis 30 ans et la première édition de cette compétition, doivent rallier plusieurs balises dans un ordre prédéfini en faisant le moins de kilomètres possible. Ce principe d’éco conduite, en quad, camion, 4×4 ou autres engins automobiles, se déroule donc au Maroc. Et Alissia Lejeune, participante à l’édition 2021, a accepté de nous en parler. Entretien avec cette étudiante en journalisme qui ne souhaite qu’une chose : repousser ses propres limites.
Les raisons de sa participation à ce projet
Il y en a quelques-unes. J’étais avec un garçon pendant deux ans et il était copilote. C’était son métier. J’avais déjà ce projet en allant le voir sur des courses un peu partout dans le monde. Je me suis passionnée pour ce monde de l’automobile. Puis j’avais envie de faire mon truc à moi et ne pas juste vivre ce qu’il vivait lui. Un jour, j’ai vu qu’il existait des rallyes féminins. Je pense que le déclic a été lorsqu’on s’est séparés en janvier puisqu’après, j’ai un petit peu vrillé dans ma tête. J’avais le choix entre continuer ou tout arrêter. Mais je voulais montrer que je peux faire un truc pour moi.
Je suis étudiante, mais j’ai toujours été un peu impulsive à vouloir faire des choses pas ordinaires. J’avais envie de retrouver un truc qui m’anime. Cette séparation a sûrement été l’élément déclencheur. J’en ai parlé à Marie (Bossard) qui m’a soutenu à 100% et qui a accepté de participer à ce projet avec moi. C’est le défi de deux jeunes filles. Le vrai point positif aussi, c’est que j’ai tout de suite été soutenue par plein de gens.
Une compétition hors du commun
Avant de m’inscrire à cette compétition, je ne connaissais pas vraiment le Rallye Aïcha des Gazelles. Je n’ai pas vraiment suivi les éditions précédentes, mais je me suis beaucoup renseignée depuis sur les rallyes qui existaient. L’avantage de cette compétition, c’est qu’ils sont très forts au niveau de leur organisation. J’ai appelé et j’ai parlé avec des gens qui m’ont convaincu d’y participer. Que ça soit juste féminin, c’est aussi super cool. Ça change. Ce n’est pas une course de vitesse, mais d’orientation et c’est vraiment ça qui me plait. Autant vous dire qu’en voiture je sais aller vite, mais mon sens de l’orientation est déplorable. C’est donc un double défi vu qu’il ne faudra pas que je me perde dans un paysage qui se ressemble de partout. Je trouve ça tellement chouette de participer à cette compétition surtout qu’on va apprendre plein de choses avant la course (plusieurs stages de préparation, dont un stage de conduite).
Uniquement des filles au départ
On est plus sur un pied d’égalité, mais ce n’est pas pour autant que ça va être plus facile. On est des sauvages entre nous. On a toute la même envie. Même en voyant les photos, j’ai vu qu’il y avait une superbe cohésion. Ça a l’air assez exceptionnel. Je pense que les filles entre elles sont ultras compétitives avant tout. Après c’est aussi pour le plaisir et pas forcément pour gagner. Surtout que je suis mauvaise perdante. Je trouve ça important qu’il y ait des choses seulement pour les filles. Je commence à me sentir très féministe. On est obligées de se mettre deux fois plus en avant pour réussir alors qu’on n’a pas besoin d’avoir quelqu’un derrière nous pour réussir. Et je serais encore plus fière après avoir montré que je suis capable de réaliser de belles choses.
Sa coéquipière et amie Marie Bossard
Je l’ai rencontré en master l’année dernière. Avec Claudia, on forme un très beau trio. Entre nous, ça a très bien matché. J’aime Marie parce qu’elle est un peu plus âgée que moi et surtout hyper mature. C’est la maman du groupe. Elle est incroyable avec un bon caractère. Elle ne fait pas dans la dentelle. Quand quelque chose ne va pas, elle va me le dire et ça aussi c’est important. On s’est toujours bien entendue et je me sens en sécurité avec elle. J’ai aussi un gros caractère donc si ça fait des étincelles entre nous deux, ça durera cinq minutes et pas plus.
Son ambition
J’espère que ça me donnera envie de participer à d’autres épreuves de ce type. Je ne sais pas ce que j’attends, mais j’ai besoin de faire quelque chose de nouveau. Quelque chose où je dois tout apprendre de A à Z. Il y a des notions de mécanique à connaître alors que je ne sais même pas changer une roue. C’est vraiment le challenge et j’adore ça. Je viens d’une famille de garçons et mon père est de base mécano. Quand je lui ai dit ça, j’ai vu la lumière dans ses yeux et c’était incroyable. Pouvoir dire qu’on va se rejoindre sur ça, c’est super. Il va me donner plein de conseils. Il y aura aussi une fierté pour moi de participer à cette compétition. J’ai toujours eu un petit grain et le souhait de ne pas faire comme les autres.
Photo à la Une : (@AlissiaLejeune)