Allison Pineau a quitté le Paris 92 cet été pour s’engager avec le Buducnost Podgorica (Monténégro). La demi-centre de l’équipe de France, qui aspirait à rejouer la Ligue des champions, se dit très heureuse de son choix. Entretien.
Allison Pineau rayonne depuis de nombreuses années sur la planète handball. Élue meilleure joueuse mondiale de l’année en 2009 par l’IHF, la demi-centre tricolore a toujours soif de victoires. Après un petit passage d’un an au Paris 92 pour se relancer, elle n’a pas hésité lorsque Buducnost est venu frapper à sa porte. Arrivée au Monténégro cet été, Allison Pineau a accepté de se confier en exclusivité sur son choix, son nouveau club, mais également sur les chances de son équipe en Ligue des champions. Entretien.
Comment se passe votre nouvelle vie au Monténégro ?
Ça se passe bien. Vu la situation actuelle, je pense que c’est un peu partout pareil. On jongle, on s’adapte. Je me suis bien intégrée ici. La vie est plutôt cool. Ça fait du bien de ne pas toujours aller à dix mille à l’heure. J’ai bien pris mes marques dans ce nouveau pays. Nous sommes de nouveau confinés depuis vendredi dernier, mais la pratique du handball en club reste autorisée. Les bars, les restaurants et les commerces non essentiels sont fermés.
Quel bilan faîtes-vous de vos premiers mois à Buducnost ?
Je suis contente de mes premiers pas ici. De la manière dont je me suis plutôt bien intégrée au système. J’ai fait de bons matchs, même si on a joué seulement cinq rencontres en Ligue des champions (2 matchs ont été reportés). En raison des cas de Covid qu’on a eu en août lors de notre préparation, on a été privé d’une grosse partie de notre équipe. On a joué notre premier match de Ligue des champions contre Podravka (défaite 29-26) avec cinq joueuses profesionnelles et sinon que des jeunes qui n’avaient jamais joué à ce niveau-là. Il y avait donc un écart important.
Forcément, on aurait aimé faire quelque chose de mieux, mais on a donné tout ce qu’on pouvait. Ce n’était pas simple ensuite d’enchaîner le CSKA Moscou (défaite 25-22) et Odense (défaite 30-21) avec des joueuses qui ont repris dix jours avant ces matchs, après être restées 35 jours sans jouer à cause du Covid. Nous avons eu un gros désavantage puisque nos matchs n’ont pas été reportés alors que maintenant, s’il y a trop de cas dans une équipe, la rencontre est reportée. Le protocole a changé, mais un peu trop tard. C’était la situation du moment. Dans l’ensemble, je suis vraiment contente de mes performances et de ce que j’ai montré.
Le niveau en Ligue Butagaz Energie est de plus en plus homogène. Pensez-vous que c’est le meilleur championnat du monde ?
Il y a Metz et Brest en tête qui se détachent des autres équipes, mais après on retrouve un gros peloton où c’est assez homogène et dense. Les clubs continuent de grandir, même si ce n’est pas toujours simple. Je ne sais pas si aujourd’hui c’est le meilleur, mais il en fait partie avec le Championnat de Hongrie. Les étrangères apportent quelque de plus et les clubs continuent de se structurer. Il y a cette envie de donner plus de possibilités aussi pour faire grandir les jeunes du centre de formation. Je pense que le Championnat français s’est amélioré depuis 4/5 ans. Avoir deux clubs (Metz et Brest) en Ligue des champions est aussi une très bonne chose, car ça pousse les autres équipes à en faire plus. C’est de bon augure.
Regrettez-vous de disputer uniquement la Ligue des champions ? (Ndlr : le Championnat du Monténégro est disputé par des jeunes joueuses et non pas par les joueuses professionnelles comme Allison)
Non parce que si les matchs de Ligue des champions ont lieu toutes les semaines (ce qui n’est actuellement pas le cas en raison de l’épidémie), on aura une rencontre chaque week-end donc non, dans le fond, ça ne me dérange pas. C’était ma décision et j’ai toujours su en signant ici que ça allait se passer comme ça. J’avais cette volonté de me protéger un peu physiologiquement en venant ici. Il y a beaucoup de matchs en France, avec énormément de déplacements et j’avais envie de ralentir le rythme. C’est un choix personnel et ça a été ma volonté. J’ai toujours dit que j’avais aussi signé dans ce club pour cette raison-là.
Quelles sont, selon vous, les équipes favorites de la Ligue des champions ? Votre club en fait-il partie ?
C’est vrai qu’actuellement, en faisant un premier bilan, on se retrouve cinquième de notre groupe donc loin d’être favorites après ce début de saison compliqué. Au-delà de ça, je pense qu’on a une carte à jouer même si ça dépendra de tous ces matchs reportés (s’ils vont être joués ou pas). Je pense qu’on sera meilleures en deuxième partie de saison. Ça dépendra aussi de beaucoup de paramètres comme le tirage au sort. Parmi les autres équipes, le CSKA s’est très bien détaché pour sa première campagne en Ligue des champions. Györ est toujours là. Il faudra aussi probablement compter sur Brest. Metz apparait un peu amoindri cette saison, mais il y a eu beaucoup de changements dans leur équipe. Il ne faut pas non plus oublier Rostov.
C’est difficile à dire aujourd’hui, car il y a une deuxième partie d’année qui va compter et ça dépend aussi de l’adversaire sur qui vous tombez après les poules. Je pense qu’il y a vraiment cinq équipes qui peuvent prétendre au titre et derrière elles, un peloton important qui peut jouer les troubles faites. Je nous mets dans cette catégorie-là.
Etes vous inquiète pour la suite de la saison ?
La situation n’est pas simple du tout. On est en constante adaptation. Nous avons récemment appris la veille de notre match contre Györ qu’on n’allait finalement pas jouer cette rencontre. Nous nous entraînons toute la semaine avec en ligne de mire ces matchs de Ligue des champions et après c’est forcément frustrant de savoir que finalement nous n’allons pas jouer. J’espère que cet Euro (qui a lieu en décembre) va démontrer qu’une bulle peut être possible et qu’on pourra continuer cette saison de la meilleure des manières. J’ai notamment vu qu’ils avaient utilisé cette technique au Japon pour une compétition de gymnastique et ça a très bien fonctionné.
Il faut se préparer à cette idée de bulle pour que le sport continue de la meilleure des manières. Il pourrait aussi y avoir une solution avec le vaccin, mais on n’a pas assez de recul pour savoir si ça va vraiment fonctionner. (Seriez-vous prêtes à jouer sous bulle ?) Oui, pour que le sport continue d’exister, car sinon tous les clubs vont finir par mourir. Il faut que les matchs aient lieu. Quand on va au Final Four de la Ligue des champions, on est bien dans une bulle. On joue sur terrain neutre. Donc oui, je suis pour cette solution.
La deuxième partie de notre entretien avec Allison Pineau est à retrouver dès la semaine prochaine sur notre site. Il sera bien évidemment question de l’équipe de France et de l’Euro qui commence le 3 décembre prochain.
Photo à la Une : (@EHF)
3 commentaires
Pingback: Ligue des champions EHF : Brest, Metz, Györ et Buducnost qualifiés pour les quarts de finale – Le Sport au Féminin
Pingback: Equipe de France – Allison Pineau : « J’ai rapidement su que l’Euro ce n’était pas pour moi cette année » – Le Sport au Féminin
Pingback: Equipe de France : Allison Pineau annonce son forfait pour l’Euro ! – Le Sport au Féminin