Kimsy Demontoux et Aurane Micaa vivent sur le Campus de la Tony Parker Adéquat Academy depuis le début de l’année scolaire. Ces deux jeunes filles, aux ambitions différentes, vivent pleinement leur passion tout en gardant un projet scolaire. Le Sport au Féminin les a rencontré pour évoquer leur quotidien, leurs aspirations et leur vision du basket. Extraits.
A parcours différent ambitions différentes. Kimsy Demontoux et Aurane Micaa n’ont pas forcément le même projet. L’une se développe au quotidien quand l’autre souhaite embrasser une carrière professionnelle. Plusieurs choses les réunissent pourtant. La passion pour la balle orange mais également le toit qui les abrite. Les deux jeunes filles, de 15 et 19 ans, vivent à la Tony Parker Adéquat Academy (Lyon). Au sein de l’établissement crée en 2019, elles profitent pleinement d’un cadre agréable, d’installations à la pointe et d’une expertise de haut-niveau avant de rejoindre le monde professionnel. « Come to our Academy and Get a job », c’est la promesse faite à tous les jeunes qui rejoignent le Campus. La certitude donc, pour les plus assidus, de réussir dans le monde du sport, de l’esport, ou de trouver sa voie dans le monde de l’emploi.
Originaire d’Alsace, Kimsy Demontoux a rejoint le Centre de Formation du FC ASVEL il y a plus de quatre ans. Championne de France U18F en 2019, la meneuse de jeu de 19 ans continue son apprentissage à la Tony Parker Adéquat Academy cette année. Si un avenir radieux l’attend sur les parquets, elle poursuit en parallèle ses études à l’Université de Lyon, en Biologie.
Aurane Micaa, 16 ans, est encore au lycée. Arrivée en Métropole début 2020 et après avoir passé une année à Bourges, la jeune martiniquaise a choisi de rejoindre le Rhône et la Tony Parker Adéquat Academy. Elle réalise ses cours sur le Campus et continue de vivre sa passion, le basket. Si elle ne cache pas son ambition de rejoindre le Centre de Formation du FC ASVEL, elle garde la tête sur les épaules en nourrissant un double-projet scolaire et sportif.
Quel est votre quotidien sur le Campus. Racontez moi votre journée ?
Aurane Micaa : Aujourd’hui, je me suis levé à 7h-7h30 pour aller manger et aller en cours à 8 heures. Ensuite, je finis les cours à 10 heures pour aller à l’entraînement à 10h30, mais j’y vais plus tôt pour répéter des gammes, faire des étirements. L’entrainement se termine à 12h00, parfois un peu plus tard comme aujourd’hui. On a une pause déjeuner et on reprend les cours à 14h pour les finir à 16h. Et on termine la journée avec un entrainement à 16h30.
Cela fait deux entraînements par jour, en plus des cours. Ce n’est pas trop compliqué à gérer pour toi, à ton âge ?
AM : Au début, c’est chaud. On a des courbatures ect. Mais après, on s’y fait. On commence à avoir l’habitude, c’est une routine. Il y a des jours où on peut réaliser des confrontations, en 5×5 ou 3×3, et d’autres jours où l’on travaille physiquement que ce soit au niveau musculaire ou au niveau cardio avec des courses, sans ballon.
De ton côté, Kimsy,tu es à la Fac de Lyon. Comment tu gères les cours et le basket ?
Kimsy Demontoux : C’est super compliqué. On a une dispense d’assiduité, du coup on est pas obligé d’y aller. Pour les cours magistraux, on peut les avoir super facilement mais tout ce qui se fait en TP, TD, c’est plus difficile à rattraper, sachant que ce sont les cours les plus importants pour réussir les partiels. On essaie de mettre en place un planning en révisant une heure par-ci, 30 minutes par là, mais les entraînements sont fatigants.
C’est important pour vous de poursuivre vos études ?
AM : Le sport, et surtout le basket, c’est une passion. Même si je suis encore jeune, je pense à mon avenir. Etre journaliste sportive, ce serait un métier que j’aimerais exercer plus tard. Je pense à faire une école de journalisme, j’ai cet objectif-là aussi.
« J’ai su me gérer très rapidement »
Kimsy, c’est ta quatrième année au Centre de formation. Désormais tu es à l’Academie en plus de tout ça. Qu’est ce qui a changé par rapport aux années précédentes ?
KD : J’ai vécu le passage entre l’avant et l’après. Avant on était au lycée Lumière dans le 8ème arrondissement et on logeait à l’internat de ce lycée. On avait des horaires aménagées, et on faisait les navettes entre le lycée et Mado Bonnet tous les jours pour entrainement. Durant les week-ends et les vacances, on était logé dans les appartements du club. On était quelques filles à y loger parce qu’on habitait loin et qu’on ne pouvait pas rentrer chez nous.
Et la-bas, on se faisait à manger, notre lessive, on vivait comme si on était indépendante. Tout ça à 15 ans. On était livré à nous même. Si tu veux te coucher tard, manger mal, c’est ton problème. Il fallait faire ses courses, ses lessives, être à l’heure en cours ou aux entraînements. On est très mature grâce à ça.
Et tu as du bien te gérer pour en arriver là j’imagine ?
KD : J’ai su me gérer très rapidement parce que, c’est bien de faire ce que l’on veut, quand on veut, mais c’est à tes risques et périls. Il faut se connaitre, connaitre son corps aussi, ce qu’il peut encaisser ou non.
Quelle est la suite pour toi ?
KD : Il me reste encore un an à faire au centre. Je ne voyais pas l’intérêt de partir à la fin de la saison, je n’ai rien prouvé, je n’ai pas joué de matchs, donc je me dis que faire une saison pleine en NF1 qui est déjà un très bon niveau et voir ce que vaut dans ce championnat là me permettra de voir ce que je peux faire à l’avenir et voir si il y aura des offres en deuxième ou première division. Même si on a toutes de grandes ambitions, c’est sur le terrain qu’on peut voir de quoi on est capable. Les entraînements ne reflètent rien.
« Montrer que je peux faire autant que les garçons »
Aurane, tu viens de Martinique. C’est ta première année au centre. Qu’est ce qui t’a donné envie de rejoindre la métropole ?
AM : L’année dernière, j’étais déjà à Bourges puisque je voulais découvrir le basket en France, en métropole. Je ne savais pas si j’allais rester là bas et finalement, ma mère m’a fait découvrir l’Académie. Je n’étais pas sure d’être acceptée, mais j’ai déposé ma candidature et on m’a prise. Je voulais venir ici car j’ai pu voir que le cadre me convenait, que le fait d’avoir beaucoup d’entrainement en plus des cours était une bonne chose pour mon évolution.
Tu as été acceptée à l’Académie mais tu ne fais pourtant pas partie du Centre de formation. J’imagine que c’est le but, en venant ici, de l’intégrer ?
AM : Il faut avoir des objectifs et ça en fait parti. Le but, c’est de progresser un maximum avec le coach et l’équipe. Surtout que je suis la seule fille de mon groupe. S’entrainer avec des garçons me permet de plus progresser.
D’ailleurs comment ça se passe de jouer avec les garçons ?
AM : Il faut s’imposer, il ne faut pas être timide sinon tu n’auras jamais la balle. C’est sur qu’il y a plus de contacts, plus de coup. Il ne faut pas pleurnicher à chaque fois qu’il y a un mauvais coup. C’est évident qu’il y a plus de faute, plus de contact mais je trouve ça mieux.
Je veux montrer que ce n’est pas parce que je suis une fille que je ne peux pas shooter à trois points, que je ne peux pas défendre contre un garçon plus grand et costaud que moi, qu’on ne peux pas me faire la passe parce que je suis une fille. Montrer que je peux faire autant qu’eux. Il faut faire sa place et j’ai pu la faire à leurs côtés.
Vous êtes au quotidien sur le campus, loin de vos parents. Comment vous vivez tout ça, à vos âges ?
AM : J’appelle régulièrement mes parents. Je suis enfant unique donc même pour eux c’est assez dur. C’est vrai que parfois, on a moins le moral, on a envie de revoir sa famille, surtout que la mentalité ici et chez moi est totalement différente. Mais on s’y habitue. Il y a tout de même des gens qui nous accompagnent. Je me suis fait des amis et c’est le principal.
« Le basket féminin devrait être plus mis en valeur »
En tant que passionnées, vous suivez le basket féminin, masculin ?
AM : Je regarde un peu les deux mais personnellement je suis très féministe. J’aime voir les femmes prendre le pouvoir. Le basket masculin, c’est très spectaculaire, il y a des dunks.. Mais le basket féminin est un jeu plus fin, il y a des shoots, des cross, du dribble. C’est plus technique et raffiné.
Je trouve que le basket féminin devrait être plus mis en valeur. En WNBA par exemple, les salaires sont inférieurs à ceux de NBA, la saison ne dure que trois mois. Ce serait bien que ces deux ligues soient égales. J’ai envie de voir les femmes prendre le pouvoir et montrer de quoi elles sont capables.
Quelles sont les joueuses qui vous inspirent ?
KD : Je m’inspire de celles qui sont à mon poste de jeu (meneuse ndlr). Marine Johannès, c’est une joueuse audacieuse, elle a confiance en elle, et c’est ce qu’il faut avoir. Je regarde aussi pas mal des vidéos de Julie Allemand qui était là l’année dernière, Ingrid Tanqueray ect..
AM : Il y a deux joueuses en particulier. Sandrine Gruda. J’aime beaucoup son jeu, son caractère. Elle vient comme moi de Martinique, j’aime son évolution. Et puis Liz Cambage aussi. J’aime leur état d’esprit, ce qu’elles font sur le terrain.
Vous avez pu rencontrer des professionnelles depuis que vous êtes sur le Campus ?
AM : On a rencontré Héléna Ciak, qui a échangé avec nous. Pendant les vacances scolaires, elle est venue pour participer à la semaine échanges entre passionnés. On a pu parler avec elle, de son quotidien, de ses entrainements
KD : Depuis que je suis au centre, je me suis entrainé avec elles plusieurs fois. Je n’ai pas forcément parlé de mon projet personnel avec elles. Mais elles sont vraiment très sympas malgré le fait qu’elles soient pro. Il y en a aucune qui va mal te parler parce que tu es une petite du centre. Elles vont t’encourager, te conseiller. Alysha Clark, elle est connue, championne WNBA, mais elle reste simple. S’entrainer avec elles, même si c’est pour faire la 12ème, c’est bénéfique, ça apporte de l’expérience et c’est toujours un plaisir de s’entrainer avec Marine Johannès, Alysha Clark ou Héléna Ciak.
Photo à la Une : (@Infinity Nine Media)