L’une des figures du football japonais féminin, Kumi Yokayama, a fait sa première apparition en tant qu’homme transgenre dans une vidéo Youtube. Sous contrat avec le club pro féminin Washington Spirit, son expérience en Allemagne et aux USA lui a permis de s’affirmer pleinement au plus haut niveau. Un premier pas important pour la cause du genre au Japon.
Née femme dans la ville japonaise de Lama, Kumi Yokayama est actuellement joueuse du Washington Spirit en National Women’s Soccer League. Mais ce week-end l’attaquante a fait une grande annonce. C’est sur la chaîne Youtube de son ancien coéquipier Yuki Nagasoto qu’elle a décidé de dévoiler au grand jour sa transidentité. Avec un grand calme et une profonde fierté, Kumi Yokayama a demandé à tous ceux qui parleraient d’elle ou la rencontrerai de l’appeler par le pronom « il ». Désormais, c’est ainsi que nous parlerons de lui. Ce n’est pas un hasard que le joueur japonais qui évolue aux USA ait choisi ce moyen pour communiquer son annonce, puisque Nagasoto est lui aussi joueur de football transgenre. Les deux se sont exprimés sur les difficultés qu’ils rencontraient en tant qu’hommes transgenre, dans un milieu où il est préférable de ne pas faire de vague. Nagasoto était devenu, en septembre 2020, la première joueuse à jouer dans l’équipe première du club masculin japonais, Hayabusa Eleven.
Le sport de haut niveau contraint les personnes transgenres dans leur transition
Kumi Yokayama avait participé à la coupe du monde féminine en 2019 avec le Japon, mais c’est bien avant qu’elle a opéré sa transition de genre. A 20 ans il avait subi une ablation des seins pour retirer le tissu mammaire. Un choix contraint, puisque la prise d’hormones, plus traditionnelle, auraient été incompatible avec les tests anti-dopage. Un risque qu’un sportif de haut niveau ne peut se permettre de prendre. Le Japonais qui a évolué au FFC Frankfurt à la saison 2017/2018 prévoit d’affirmer davantage son genre et de continuer sa transition. Ses prochaines opérations sont prévues à la fin de sa carrière sportive, une fois son organisme mis au repos.
L’ouverture aux autres des USA et de l’Allemagne
Son expérience aux USA lui a, sans doute, permis de s’affirmer plus encore. Ce qui n’a pas toujours été le cas sur ses terres d’origine, le Japon, un pays où les mentalités sont encore plutôt fermées à ce sujet. Dans ce pays où le conformisme règne en maître, la transidentité est un concept relativement nouveau. Le temps est un facteur nécessaire à sa compréhension. La prise de parole de personnalités publiques à propos de la cause transgenre est primordiale. Leurs discours et prises de positions permettent d’éveiller les esprits encore groggys. Contrairement aux pays asiatiques, l’Allemagne et les USA sont des pays qui ont connaissances depuis plusieurs décennies de ce qu’est la transidentité. C’est cette ouverture aux autres, qu’il a longuement côtoyée, qui a permis à Kumi Yokoyama de prendre confiance, et de se présenter tel qu’il est, ce week-end. Le soutien de son club Washington Spirit a été sans appel, « Nous te soutenons et sommes fiers de toi, Kumi ! Merci de montrer au monde que c’est bien d’être qui tu es ! »
La cause transgenre commence à faire parler d’elle, par parcimonie, dans le monde du sport. L’exemple de l’haltérophile néozélandaise Laurel Hubbard, première sportive transgenre à être qualifiée pour les Jeux Olympiques, est prometteur d’un avenir juste et radieux pour les sportifs transgenres.
Photo à la Une : (@Aflo/Reuters)