À vingt-cinq ans, Hélène Ngom a remporté le week-end dernier en Chine la manche de Coupe du monde de Chengdu. Une performance éblouissante, que l’épéiste de Beauvais a accepté de partager avec Le Sport au Féminin.
En Chine, son objectif était simple, modeste, « atteindre les quarts de finale. » Mais à Chengdu, l’épéiste de l’Académie beauvaisienne d’escrime a fait bien plus que ça. Au terme d’un week-end fou, Hélène Ngom a remporté sa première manche de Coupe du monde. De quoi émouvoir la jeune femme de vingt-cinq ans qui a eu beaucoup de mal à redescendre de son petit nuage et qui a encore du mal à réaliser ce qu’elle vient d’accomplir. La voilà désormais parmi les grandes. Prête à foncer vers Tokyo.
Hélène qu’avez-vous ressenti au moment de cette première victoire en Coupe du monde ?
(Elle sourit) C’était un moment incroyable. Quand je me suis retournée, les filles étaient toutes là, derrière moi, prêtes à me sauter dessus. Je ne pensais tellement pas gagner… Quel soulagement ! Le travail finit toujours par payer. J’ai encore du mal à y croire. Mon objectif était de faire un quart de finale. Alors gagner… C’était inimaginable, insoupçonné !
Vous avez d’ailleurs enchainé les performances pour décrocher ce titre.
Et c’est plutôt gratifiant de battre de telles adversaires. La chinoise Zhu m’avait ridiculisé à Barcelone il y a deux ans. Je suis contente d’avoir pris ma revanche. Battre l’Américaine Hurley est aussi une belle performance tant son niveau est exceptionnel. Elle est quand même championne du monde. Et puis L’Italienne Fiamingo pour finir. Une vice-championne du monde. C’est incroyable.
Qu’est ce qui a changé par rapport à votre douzième place à La Havane (Cuba), en janvier dernier ?
À Cuba, je ne me sentais pas aussi bien. Là, je me sentais libre sur la piste. J’avais l’impression de pouvoir faire tout ce que je voulais. C’est une sensation incroyable. La confiance, je l’ai depuis septembre. Mais là, je n’avais pas peur. Je ne craignais pas mes adversaires. C’était génial.
Quelles sont vos prochaines échéances ?
La prochaine est à Cali (Colombie). Je vais essayer de confirmer ma performance, ce qui me permettrait de me qualifier avec l’équipe de France. Je ne veux pas me projeter plus loin. Je suis de nature stressée, alors j’essaye de ne pas trop m’emballer.
Vous allez être attendue maintenant…
Exactement. Et c’est ma crainte, un peu. Mais j’ai un mois pour me préparer, travailler, et redescendre sur terre. Je dois aborder cette compétition sans me dire que j’ai gagné la première.
En 2016, vous avez pris la décision de quitter l’INSEP. Vos récentes performances vous conforte dans ce choix ?
Après Rio, j’étais tout le temps blessée. La charge d’entraînement ne me convenait pas. Il me fallait un autre équilibre. J’ai donc décidé de faire appel à un préparateur physique personnel. Pour atteindre mes limites, gérer mes efforts. Cela a pris du temps. Mais dans le sport de haut niveau, les efforts finissent toujours par payer. Et aujourd’hui, mes efforts payent.
Avez-vous déjà les Jeux Olympiques de Tokyo dans un coin de votre tête ?
Bien sûr. Mais dans un premier temps, je ne me focalise que sur l’équipe de France. Je veux prétendre aux championnats d’Europe (en juin) et du monde (en juillet) avec la France. Tokyo, quoi qu’il advienne, sera mon dernier objectif. Mêler le sport et le travail demande énormément d’efforts et de sacrifices. À vingt-six, vingt-sept ans, je pense qu’il est temps de ranger les épées. On verra ce que je ferai après. Peut-être que je resterais dans le monde de l’escrime, mais une chose est sûre aujourd’hui, Tokyo sera ma dernière échéance.
Propos recueillis par Romain Boisaubert
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