La météo était bien capricieuse ce week-end à Angers pour les Championnats de France. Des variations de temps qui ont contraint les sportives à s’adapter, mais cela ne les a pas empêchés, pour autant, de réaliser de bonnes performances devant un public angevin, peu nombreux, mais au rendez-vous. Il y a eu des surprises, des déceptions, mais aussi des aurevoir émouvants, tout au long du week-end. Revenons sur les moments marquants du Championnat de France d’athlétisme.
Dernier heptathlon de Nana
Antoinette Nana Djimou avait annoncé, avant ce week-end, que ces championnats seraient les derniers de sa carrière. La souriante heptathlonienne aux 34 sélections en équipe de France, en a perdu un temps sa joie de vivre. Elle a mené l’heptathlon de long en large, mais au départ de son dernier 800, ultime épreuve de la discipline, la double championne d’Europe s’effondre. Submergée par l’émotion, on se demande même si elle pourra courir ces deux tours de piste. Il faut dire que les filles de l’heptathlon lui avaient réservé une surprise qui l’a touché, on s’en doute, en plein cœur : elles avaient toutes un dossard de course, au nom de Nana Djimou, dans le dos. Finalement, elle parvient à boucler son dernier double tour de piste, avant de rester un long moment, sur la piste du stade Josette et Roger Mikulak. La fédération a ensuite réservé une surprise poignante, celle qui a marqué l’athlétisme français pendant plus de 20 ans.
Elle ne participera pas à ses 4e JO à Tokyo, car l’envie n’est plus là. « Monsieur Covid » comme elle l’a expliqué, au micro du speaker du jour, est venu bouleverser ses plans alors qu’elle avait pris la décision de raccrocher ses pointes après les championnats d’Europe de Paris. Ils n’auront pas lieu, alors la camerounaise d’origine, s’était fait violence. Elle avait repris contact avec son ancien entraineur, Sébastien Levicq avec lequel elle s’était fâchée, pour qu’il l’emmène le plus loin possible. Mais la pensionnaire du CA Montreuil n’a plus envie de courir, elle ne prend plus plaisir à se faire du mal.
Les reports des grandes échéances ont marqué pour elle le point de non-retour, elle a même avoué s’être « forcée » à venir finir sa carrière aux France Élites afin de porter un dernier hommage à la fédération française, qu’elle a longuement remerciée, ainsi qu’à celui qu’elle considère comme « un père » le DTN Ghani Yalouz. La spécialiste des épreuves combinées à tout de même une pointe d’amertume concernant son départ à la retraite, la championne aurait aimé finir cette grande carrière sur un nouveau titre de championne de France, mais la réunionnaise Esther Turpin à son aise en javelot et au 800m qui s’est emparée du titre dans les derniers instants.
La surprise Renouard
Sur 3000m steeple, ce samedi, Claire Palou était la fondeuse que tout le monde attendait. Mais les choses ne se sont pas déroulées ainsi, d’abord, l’athlète de l’INSEP prend la tête du peloton avec sa collègue d’entrainement, Aude Clavier. À ce moment-là, les bases sont de 9min30, on pense alors qu’elle joue les minimas olympiques. Mais on assiste dans le denier 1000m à une toute autre course, le rythme ralentit pour se caler sur un temps de plus de 9m40 et Flavie Renouard se reprend petit à petit après un début de course en demi-teinte. La différence se fait à la dernière rivière, parfaitement négociée par l’athlète de Mondeville Hérouville, elle prend le meilleur sur Claire Palou et vient déposer ses adversaires dans la dernière ligne droite.
Son finish, explosif, comme elle en a le secret, n’a laissé aucune chance à ses rivales du jour et c’est en championne de France qu’elle franchi la ligne d’arrivée « un rêve » décrit-elle, plus tard en zone mixte. Actuellement dans la meilleure forme de sa carrière, la médaillée de Bronze aux Europe de cross en 2019, a décroché, grâce à sa superbe course du samedi, son billet pour les championnats d’Europe espoirs de Tallinn en Estonie, qui se dérouleront du 8 au 11 juillet. Interrogée par le sport au féminin après sa course, à propos de ce qu’elle se sentait capable de faire aux côtés de la recordwoman de France qui termine finalement 3e, elle a répondu avec un beaucoup de recul « En championnat, tout est possible, alors j’ai tenté ma chance ». A 20 ans, elle a l’air de savoir ce qu’elle veut, elle remporte les France Elites en 9m46’81 devant Alexa Lemitre, ce samedi, et on l’imagine déjà construire sa carrière vers Paris 2024.
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Stey et Beretta atomisent les records de France
Pauline Stey et Clémence Beretta ont donné le-là, dès 10h ce dimanche matin au stade du Lac du Maine. Au terme d’un 10 000m marche emmené par les deux athlètes et Eloïse Terrec de la Roche sur Yon, les records Espoirs et Elites sont tombés. En 44’47’48 Beretta s’offre le nouveau record de France de la discipline. Aux avant-postes dès le départ de la course, elle n’a jamais laissé ses adversaires la mettre en danger. Il faut avouer que l’équipe de France de marche féminine était bien représentée ce dimanche puisque Pauline Stey, autre membre de la sélection nationale, a elle aussi brillé sous les gouttes de pluie angevines. Elle explose le record de France de la spécialité en franchissant la ligne en 45’03’75, bien loin des 46’32 de la précédente marque.
Tavernier et Robert Michon assurent avant les Jeux
Les deux grandes lanceuses françaises ne se sont pas fait peur ce week-end. En toute logique, Alexandra Tavernier a décroché, sans aucune difficulté, le titre de championne de France, pour la 7e fois de sa carrière, avec un jet à 73m85. Elle a démontré son excellente forme cet hiver, en plaçant le nouveau record de France à 75m38. En progression constante depuis sa déconvenue à Rio, elle est devenue une nouvelle femme. Bien mieux dans sa tête, la lanceuse de Gilles Dupray, se présentera sous son plus beau jour à Tokyo. Elle espère venir titiller les Américaines et Polonaises dans les 77 mètres, cet été.
Pour Mélina Robert Michon la difficulté n’a pas non plus été la concurrence, en réelle patronne elle s’est imposée avec un lancer à 60m 85 lors de son 5e essai. Ce 20e titre de championne de France en poche la rassure avant l’échéance olympique, mais la performance ne la satisfait pas entièrement. Toujours plus ou moins en difficulté dans les années olympiques, la vice-championne olympique de 2016 ne s’est pas sentie à l’aise sur le plateau du stade d’Angers, tantôt sec, tantôt mouillé. Elle aura l’occasion d’affiner les derniers détails lors de son stage à Aix-les-Bains, à partir de ce mercredi, avant de s’envoler le 15 juillet pour Tokyo.
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Samba Mayela et Zahi maîtrisent
Sacrée sur 100m haies pour la deuxième fois, à 20 ans Samba Mayela a saisi l’occasion de se montrer au grand public. Déjà qualifiée pour Tokyo, elle a joué la gagne en finale contre la Nantaise Laura Valette. Le chrono est prometteur dès les demi-finales, elle franchit la ligne d’arrivée en 12’75, synonyme de meilleure performance française de l’année, mais surtout de 3e performance européenne de la saison. En finale, la hurdleuse de Champigny-sur-Marne accroche encore un temps de 12’80, une belle lancée pour la jeune athlète de 20 ans, qui avait connu un début de saison compliqué à cause d’une blessure à l’ischiojambier. Carolle Zahi a quant à elle fait parler son expérience en finale du 200m, poussée par la jeune Gémina Joseph qui arrivait à Angers avec un gros chrono (22’77). En maîtrise, l’athlète du l’athlé Sud 77 n’a pas flanché et s’est adjugée le titre en 23’24.
Les sauts sous la pluie
Le concours du triple saut de ce dimanche n’a pas été de tout repos. Sous une pluie battante, les sauteuses ont tenté, tant bien que mal de bien figurer pendant ce concours. C’est Victoria Josse qui s’offre la médaille d’or en 13’77, entraînée par Benjamin Compaoré, elle bat son record personnel et se place aux avant-postes, devant l’expérimentée Assani Issouf, championne de France l’an passé. Le concours du triple, a été marqué par de nombreux essais mordus, synonyme d’une finale très engagée. Le concours de longueur avait quant à lui était remporté par Yanis Esmeralda David avec 6m63. Elle n’a pas réussi à rééditer l’exploit et ne se classe que 6e de la finale du triple.
Laureen Maxwell est allée très haut ce dimanche après-midi. Malgré des conditions météorologiques médiocres, mais sous les applaudissements du virage et de la tribune, la sauteuse en hauteur de l’athlé 91 s’est envolée à 1m91. Elle réalise alors le meilleur saut français de la saison. À 19 ans, elle bat à trois reprises son record personnel pour s’adjuger la 2e meilleure performance de l’histoire de la catégorie junior. Aucune athlète de moins de 20 ans n’était parvenue à ce niveau depuis Maryse Ewanje-Epée il y a 40 ans.
Lamotte et Brossier au rdv devant leur public
L’Angevine Amandine Brossier avait derrière elle une sacrée équipe, tous ses supporters angevins ont répondu présents. En 51’47elle boucle son tour de piste avec autorité, devant la star du 400m Floria Guei. Ni l’athlète du Sco athlé, ni son entraîneur et compagnon ne cachent leur joie. Devant ses proches, Brossier achève sa dernière compétition de préparation aux Jeux sur une note plus que positive. Sur le bord de la piste, son entourage, très fier, a longuement chanté à la gloire de leur championne qui leur fera vivre, c’est certain, des émotions inoubliables à Tokyo.
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Rénelle Lamote était presque comme chez elle, ce week-end. Aux abords de la piste, on pouvait voir des pancartes « Allez Réré!! » et des centaines de supporters qui criait son nom. Son éternelle bonne humeur séduit le public français et ses performances sont très encourageantes à un mois des Jeux. Victorieuse en 2’00’35 de sa finale du 800m, on sent bien que Lamote est une nouvelle athlète. Très enjouée et à l’aise avec sa nouvelle manière de s’entrainer, c’est épanoui qu’elle abordera l’échéance olympique. Avant cela, elle souhaiterait passer sous les 1’58 au meeting de Monaco le 9 juillet.
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