Pause sportive inédite imposée, c’est l’occasion de faire un zoom rétro sur ces sportives françaises qui ont marqué l’histoire. Premier volet ce mardi avec Céline Dumerc, joueuse star et capitaine de l’équipe de France de basket durant le début du 21ème siècle.
Dans le monde du sport, il y a les sportives lambda. Les têtes d’affiche. Et les icônes. Celles qui franchissent les frontières de leur discipline, propulsant cette dernière vers des sphères inégalées. S’il fallait trouver une tête de gondole au basket féminin français, nul besoin de parier que l’immense majorité opterait pour Céline Dumerc. A l’instar de Tony Parker chez les hommes, ‘Caps’ Céline est l’emblème du basket féminin national. Une véritable icône.
Née à Tarbes en 1982, d’un père artisan et d’une mère comptable et ancienne basketteuse, c’est dans l’historique TGB (Tarbes Gespe Bigorre) que Céline s’inscrit, à l’âge de 13 ans, après des débuts dans les clubs locaux de Laloubère puis d’Ossun. La trajectoire est fulgurante : après deux années probantes en Bigorre, elle opte pour le Centre Fédéral de Basket-Ball, situé à l’INSEP, afin d’y parfaire une technique déjà au-dessus de la moyenne. Car du haut de son mètre 69, la jeune joueuse, qui évolue naturellement au poste de meneuse, doit se servir d’autres armes face à des adversaires plus grandes, plus athlétiques. Dribbleuse de talent, très habile dans les pick n roll, passeuse hors pair et shooteuse longue distance, Dumerc dispose d’un QI basket hors-norme. Les caractéristiques parfaites d’une meneuse complète, et d’une joueuse au potentiel impressionnant.
La gagne dans le sang
Trois ans plus tard, en 2000, son ancien club du TGB l’arrache à la concurrence et paraphe son premier contrat. La Tarbaise devient, à 18 ans, une des plus jeunes joueuses de l’histoire à avoir évolué dans le Championnat de France. Avide de triomphe, son ascension se poursuit toujours aussi frénétiquement. Après deux finales malheureuses en 2002 (Coupe Ronchetti, petite sœur de la Grande Coupe d’Europe) et en 2003 (Championnat de France), Dumerc est recrutée par Bourges. La surperpuissance du basket français est en pleine reconstruction après une période faste à la fin du 20ème siècle (3 Coupe d’Europe et 6 Championnats de France entre 1995 et 2001), et veut faire de sa nouvelle joueuse l’emblème du nouveau projet. Coachée par Pierre Vincent, son futur sélectionneur chez les Bleues, Dumerc découvre le goût du succès, avec trois titres de championne de France en 2006, 2008 et 2009. Dans le 5 majeur des Orange et Noir dès son arrivée, la meneuse devient très vite une incontournable de l’équipe de France, qu’elle a découverte en 2003. L’âge d’or des Bleues coïncide avec son arrivée.
Capitaine légitime
Céline Dumerc s’est forgée un solide palmarès international avec les fameuses « Braqueuses » : un titre continental en 2009, le bronze en 2011 puis l’argent lors des trois éditions suivantes (2013, 2015, 2017). Mais surtout, en point d’orgue de la dynastie des Bleues et de la magnifique carrière de la numéro 9, le parcours aux Jeux Olympiques de Londres en 2012, qui a vu les Françaises décrocher une finale et la première médaille olympique de leur histoire (l’argent) scellera définitivement l’empreinte de la Bigourdane dans le basket féminin, et plus encore, dans le sport français. Qui sait quel aurait été le destin des Tricolores sans l’omniprésence de la capitaine Dumerc, à la baguette de l’attaque française et décisive lors des matches couperets ? (contre la Grande Bretagne pour la qualification en 8ème et la Russie en ½ finale). Ce triomphe, Vincent et ses joueuses le doivent à C.D, qui a su élever son niveau dans les moments clés. Une vraie graine de championne.
Une trace indélébile
Malgré deux passages ratés en Russie (Iekaterinbourg entre 2009 et 2011) et dans la prestigieuse WNBA américaine ( Atlanta Dream en 2014), Dumerc a côtoyé de manière linéaire l’excellence, voire l’exceptionnel durant plus d’une décennie, glanant au passage trois nouveaux championnats de France (2012,2013,2015) lors de son second passage à Bourges. Du quasi-inédit dans l’histoire des parquets féminins hexagonaux. Voire du jamais-vu, de voir une joueuse avoir une telle assise en France.
Aujourd’hui au club de Basket Landes, au crépuscule d’un sublime parcours sportif, la meilleure joueuse européenne de l’année 2012, qui sait aussi se montrer omniprésente hors des terrains (elle fait partie des marraines de la team UNICEF, et est à la tête de plusieurs spots publicitaires pour faire connaître le sport féminin dans l’hexagone) se rapproche de ses adieux. Un au revoir à son sport, son hobby, sa passion. La balle orange. Celle qui lui a tant apporté. Celle pour qui elle a tant donné. C’est sans doute cela que l’on retiendra de Céline Dumerc. Son formidable esprit de conquérante, qui, malgré son modeste gabarit, pouvait lui faire franchir des montagnes. Un caractère de leader incontesté, qui appartient à jamais à l’une des plus grandes sportives françaises des deux dernières décennies.
Photo à la Une : (@DR)
2 commentaires
Pingback: LFB : Céline Dumerc va prolonger à Basket Landes - Le Sport au Féminin
Pingback: Athlétisme : Colette Besson, la cavale brune - Le Sport au Féminin