Ils nous faut désormais au moins deux mains pour compter le nombre de joueuses forfait pour les Jeux. Entre situation sanitaire qui se dégrade et manque d’attractivité de la compétition, tentons les enjeux du tournoi de tennis de Tokyo 2021.
Très amère, Johanna Konta est la dernière en date a avoir déclaré son forfait pour les Jeux. Elle avait posté sur twitter, à la fin de la semaine passée, un message expliquant qu’elle ne pourrait participer à la compétition olympique. Malade symptomatique depuis plusieurs jours, elle s’était dans un premier temps isolée avant de s’attacher d’un test positif. De plus, sa participation à l’édition 2016 de Rio la renvoi à des souvenirs joyeux. Son chagrin se fait d’autant plus ressentir, qu’elle avait prévu de clore le chapitre tennis de sa vie à la fin de la saison 2022. La joueuse de 29 ans souhaitera, à ce moment-là, se tourner vers d’autres projets. Elle ressent notamment l’envie de fonder une famille et de se consacrer à une carrière professionnelle en dehors du sport de haut niveau. La situation est similaire pour Coco Gauff, à 17 ans elle rêvait de ses premiers Jeux Olympiques depuis un moment, mais monsieur Coronavirus prive la jeune championne de son rêve. L’Américaine a contracté le virus, elle a donc dû déclarer son forfait depuis les réseaux sociaux, ce dimanche soir. Konta et Gauff font encore enfler davantage la liste des joueuses forfaits pour les JO, déjà considérablement remplie depuis des jours. Dans tous les cas de retrait, c’est le COVID qui est mis en cause. Beaucoup ne parviennent pas à se projeter vers une compétition, certes mythique quoi qu’il en soit, mais largement irritée par la pandémie. Parfois il s’agit d’un sentiment de lassitude vis-à-vis de la situation, encourageant les sportives à poser le pied à terre face à un tas de contraintes souvent trop prenantes psychologiquement. C’est l’explication qu’ont donné la Canadienne Bianca Andreescu et la médaillée d’or en double mixte de Londres, Victoria Azarenka. Elles se sont retirées de la liste des partantes en pointant du doigts les difficultés liées à la crise sanitaire.
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Tokyo n’attire pas
Le prestige qui entoure la compétition la plus importante de ces cinq dernières années, semble avoir perdu de son éclat. Le tableau féminin sera amputé de plusieurs figures importantes du tennis mondial. La situation nous interroge sur la qualité du tournoi des JO 2021 ainsi que sur la valeur que les joueuses en activité adjugent à l’événement. On a l’impression d’assister à une cascade d’abandon se succédant jour après jours. A ceci s’ajoute, ce que l’on pourrait qualifier de langage de bois autour de la situation. La plupart des explications de forfait sont de près ou de loin provoquées par la COVID-19, pourtant les principales concernées se taisent les unes après les autres, laissant les amateurs du tennis libre d’imaginer les véritables raisons de ces forfaits. Cette édition ne sera pas pauvre de talent, mais elle posera question quant à la ferveur qu’elle suscite chez les principales actrices.
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Non-dits et langue de bois
D’autres jouent la carte de la fatigue physique, à tort ou à raison sûrement. Pour Angélique Kerber c’est son corps qui « avait besoin de repos après ces dernières semaines qui ont été très intenses ». Evidemment, il est tout à fait acceptable que la demi-finaliste de Wimbledon souhaite laisser le temps à son organisme de récupérer. Toutefois, cela tourmente encore les amoureux du tennis féminin. Elle prendra le temps de retrouver la compétition à la fin de l’été. Une décision loin d’être anodine puisqu’à 33 ans, les JO de Tokyo auraient certainement été les derniers de l’Allemande. Mais elle n’est pas là seule à avoir mis en avant sa condition physique malmenée lors de l’évocation de son retrait. Lorsque Simona Halep a annoncé qu’elle renonçait aux Jeux, sans avoir joué à Wimbledon non plus, toujours par la faute d’une faiblesse persistante au mollet, les réactions ont été les même. Pourtant, on ne peut s’empêcher d’imaginer que si la ferveur autour de la compétition était celle habituelle, certaines têtes d’affiches auraient fait le nécessaire pour se présenter sur les courts de Tokyo. La 8ème mondiale, Serena Williams ne s’est toujours pas exprimée sur les raisons qui l’ont poussé à prendre la décision de ne pas monter dans l’avion direction le Japon. Bien qu’elle ait laissé sous-entendre que la pandémie a joué un rôle dans son choix, elle s’expliquera probablement davantage, pointant les faits qui l’ont poussé à déclarer forfait, au début de la compétition.
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Un rendez-vous pour la jeunesse ?
Autre détails loin d’être anodin, l’ambiance est similaire chez leur homologue masculin. De nombreux joueurs de grande classe n’iront pas à Tokyo (Federer, Nadal, Thiem ..). Il faut dire que l’idée de jouer dans un stade vide n’est guère très stimulante. Le huit clos a été décidé par les organisateurs de l’Olympiade, début juillet, coupant dans leur élans les plus grands talents internationaux. Alors que la finale de Wimbledon, s’était déroulée depuis plusieurs milliers de spectateurs, cette décision, bien que le contexte soit différent, fait tâche dans la perception du déroulée de la compétition. Tout comme la Coupe Davis les JO étaient le dernier événement lors duquel les tenniswomans pouvaient porter fièrement leur couleurs nationales. Malheureusement, comme pour le premier, la compétition a perdu considérablement de son charme. S’il y a bien un point positif que nous pourront retenir de ces dernières annonces ce sont les places libres que laissent ces derniers forfaits. Le tournoi sera vraisemblablement très ouvert et on pourra, sans doute, compter sur les outsiders qui connaitront leur première expérience sérieuse, pour faire le spectacle. Acquérir de l’expérience dans une compétition comme les JO, quoi de mieux ?
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