Historique. Les féminines de l’Olympique Lyonnais ont égalé le plus grand des Real Madrid masculins, celui des années 50 de Di Stefano et Kopa, en soulevant une cinquième Ligue des Champions consécutive. La portée de l’exploit est immense.
Où situer cet Olympique Lyonnais sauce Wendie Renard, Eugénie Le Sommer et Sarah Bouhaddi dans le panthéon du sport ? S’il est sans conteste le numéro un dans le football féminin, nul doute qu’aujourd’hui, il est presque impossible de trouver une équipe féminine ayant duré aussi longtemps sur les sommets continentaux, toutes disciplines confondues. Seul le Daugava Riga de Uljana Semjonova, cauchemar soviétique des clubs tchécoslovaques et français au démarrage de l’Euroligue féminine de basket-ball (15 titres en 16 ans entre 1960 et 1975) semble avoir fait des dégâts de la même ampleur. Et encore, le contexte de l’époque, en pleine Guerre Froide, n’est pas le même.
« C’est légendaire parce qu’il fallait chaque année se renouveler, innover a décrit Jean-Michel Aulas, architecte à part entière de la construction de l’effectif. Cet instinct de se remettre en cause à chaque fois a permis – même si l’équipe de Wolfsburg a été très forte ce soir (dimanche) – de réussir un match tout à fait étonnant. Et on repart à Lyon avec une cinquième Ligue des champions consécutive, ce qui est absolument incroyable, et la septième dans les bagages de cet Olympique Lyonnais. »
Sur France Info, la ministre des Sports Roxanna Maracineanu n’a également pas tari d’éloges sur l’exploit historique des Lyonnaises, espérant que leurs succès soient un nouveau tremplin pour le développement du football féminin dans l’Hexagone : « On peut les appeler les Légendaires, elles entrent dans la légende du football. On est très heureux pour les filles, pour l’entraîneur Jean-Luc Vasseur et le président Aulas. C’est une très bonne nouvelle. Le football, ce n’est pas que du foot masculin. Depuis la Coupe du monde, on accueille plus de jeunes filles dans les clubs, mais il faut aussi qu’en haut, ça se structure mieux, que la Fédération donne les moyens aux clubs de se structurer en toute autonomie. Qu’ils puissent avoir les moyens de se développer, avec un statut et plus de visibilité (…) Aujourd’hui, Lyon, Paris et Montpellier sont très engagés, mais il faut appeler les clubs à accorder plus de moyens à leur section féminine, à faire des centres de formation féminins. »
Gagner malgré les embûches, point d’orgue d’un sacre historique
« Ça a été une saison difficile parce qu’il a fallu tenir compte de ce coronavirus, arrêter le championnat. On a eu énormément de blessées, ce soir quatre de nos meilleures joueuses étaient absentes. C’est ça la force de l’Olympique lyonnais et de l’équipe, d’avoir su se transcender malgré les absences. On a préparé l’avenir en allant chercher un petit peu partout de nouvelles joueuses, certaines étaient sur le banc aujourd’hui, d’autres vont arriver. »
Les propos de Jean-Michel Aulas sont lucides. L’OL n’avait rien en sa faveur, si ce n’est d’être sûr de sa cornélienne force, à l’approche de cette finale. Comment réussir à remotiver ses troupes après plusieurs mois de pause sportive, passés dans la torpeur accablante d’un confinement inédit ? Les Lyonnaises ne se sont pas précipitées au Pays basque lancé sur la frénésie d’une saison entière. Leur retour à la compétition, orchestré il y a presque un mois en finale de la Coupe de France, ne pouvait pas leur permettre de tutoyer déjà leur plafond de verre technique et physique à l’approche des échéances européennes du mois d’août. Mais l’OL l’a quand même fait. Sans Hegerberg, meilleure buteuse de l’histoire de la C1. Sans Mbock, clairement la meilleure joueuse tricolore cette saison. Sans Amandine Henry, clé de voûte d’un entre-jeu lyonnais à l’assise toujours aussi barcelonesque. Lyon l’a fait, malgré les aléas d’un COVID-19 que personne ne peut contrôler.
« Comme on sait qu’on va perdre aussi un certain nombre de joueuses qui vont retourner en Angleterre, il fallait innover, souligne Jean-Michel Aulas. On va jouer dès dimanche prochain (contre le Paris FC), car nous, on n’a pas demandé de report de match pour le début du championnat… (petit tacle pour le PSG masculin) Il faut tout de suite se remettre en cause, on savourera la victoire quand ça ira un petit peu mieux. On est toujours dans une période difficile avec le coronavirus, donc il faut savoir admettre la réalité, et la réalité c’est qu’il y a un championnat qui démarre dès dimanche, et on ne veut pas louper ça. »
L’OL est un infatigable cheval de course. Épreuve après épreuve, il concourt puis triomphe sans discontinuation, normalisant presque la portée de ces exploits. Lyon est une équipe mythique. Et ses joueuses sont des légendes.
(Photo à la Une :@GettyImages)