Présent sur le Tour de Bretagne, Cyrille Guimard s’est confié en exclusivité pour Le Sport au Féminin. Le multiple vainqueur d’étapes sur le Tour de France est notamment revenu sur le manque de considération du cyclisme féminin et ses solutions pour le mettre en lumière.
Un homme bien connu du monde du vélo était présent hier sur le Tour de Bretagne. Âgé de 72 ans et actuel sélectionneur de l’Equipe de France masculine de cyclisme, Cyrille Guimard a donné son point de vue sur le cyclisme féminin. Il évoque notamment sa colère au sujet du manque de considération de ce dernier. Un vrai moment de confidence à découvrir.
Quel regard portez vous sur le cyclisme féminin?
Un regard bienveillant car j’adore le cyclisme, et notamment le vélo féminin. Je trouve que, malheureusement, il n’est pas suffisant médiatisé. Il y a plusieurs raisons qui expliquent cela mais le peu de présence du cyclisme féminin sur les chaines de télévision est un grave préjudice pour cette activité. Les championnes ne sont pas reconnues à leur véritable niveau. N’oublions pas que nous avons eu énormément de titre de championne de France chez les femmes, mais ça ne suffit pas à faire venir assez de partenaires. On a donc peu d’équipes professionnelles contrairement à d’autres pays comme les Etats-Unis, la Belgique, les Pays-Bas ou même l’Italie. Le cyclisme féminin n’est pas développé comme il devrait l’être.
Quelle est la solution pour combler ce manque de notoriété?
La solution est de diminuer l’écart entre les hommes et les femmes comme le font certaines autres fédérations. Je pense qu’il y a des organisateurs qui ont le pouvoir et les moyens d’organiser des vrais courses type Tour de France. Cela existait à l’époque de Jeannie Longo et c’était une très bonne chose. Aujourd’hui, si on n’a pas la présence de la télévision, on aura du mal à faire décoller le sport féminin. Je crois qu’il faut vraiment beaucoup de passion chez nos cyclistes feminines dans un sport où elles ne gagnent pas leur vie. En France, vous avez trois-quatre filles qui gagnent entre le SMIC et deux fois le SMIC. C’est quand même très peu alors que les autres ne peuvent pas se consacrer à 100% à leur passion.
Quelle est la réaction des filles face à ce problème?
Non seulement elles en souffrent mais beaucoup arrêtent. Arrivé à 22-23 ans, c’est compliqué. L’aide des parents est primordiale quand elles sont jeunes mais après, dès lors qu’il faut se débrouiller seul, elles ont beaucoup de difficultés. Quand vous devez entrer dans la vie active, vous ne pouvez pas vous entraîner 20 heures par semaine et avoir une autre activité à côté.
Photo à la Une : @FFC
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