Elles ont marqué le 21ème siècle par des performances sportives, des coups d’éclat, des exploits, des records. Leur aura, atout déterminant de l’élan du sport féminin dans le monde, dépasse largement les frontières de leurs disciplines. Elles, ce sont les plus grandes championnes de l’ère moderne. Dans ce premier portrait, focus sur la prodige intouchable des bassins olympiques, l’Américaine Katie Ledecky.
3 août 2012, Londres. Dans le flambant neuf Aquatics Center d’Hyde Park, le monde entier demeure ébahi face à la démonstration tout en contrôle d’une ado de 15 ans. Le visage angélique de Kathleen Geneviève Ledecky s’illumine sur l’écran géant. Comme une grande, l’athlète du Maryland vient d’asséner un coup monumental à ses rivales Belmonte, Friis et Adlington, la championne olympique en titre, pour empocher sa première médaille internationale. La plus belle de toute, déjà, le métal doré de l’Olympe, sans y oublier la manière. L’adolescente pulvérise de 11 secondes son record personnel sur 800 m (8:14,63 s), soit tout simplement le deuxième chrono le plus rapide de l’histoire sur la distance, et le nouveau record des Etats-Unis. En jouant les cavaliers seuls dès les premiers instants de la course, Ledecky, audacieuse, a surpris son monde. Et le Monde entier s’éprend déjà de celle qui va devenir très vite la référence absolue de la natation mondiale.
La Phelps au féminin
Fille d’une ancienne nageuse de l’université du Nouveau-Mexique, Katie Ledecky, née en 1997 à Washington, mais résidant à Bethesda, ville moyenne du Maryland, a suivi très vite les traces de sa mère et de son frère Michael, athlète prometteur lui aussi, pour rejoindre les rangs de la National’s Capital Swim Club, école de nage très réputée sur la côte Est des Etats-Unis. Très vite, la jeune fille performe, et après avoir battu d’innombrables records nationaux, elle impressionne pour sa première grande compétition : elle obtient la première place et les minimas qualificatifs aux Jeux Olympiques lors des Championnats Américains sur 800 m nage libre. La suite, vous la connaissez. Adoubée à seulement 15 ans dans le bassin londonien, ce n’est véritablement qu’un an plus tard, dans l’électrique Palau San Jordi de Barcelone, que la nageuse prend une nouvelle dimension. 3 titres, 2 records du monde à la clé lors de ces Mondiaux catalans : surpuissante, imprenable dans ces épreuves longue distance, l’Américaine devient la première depuis sa compatriote Stenbocker, en 2003, à réaliser le triplé 400, 800 et 1500m nage libre aux Championnats du Monde. Tout simplement colossal. Désignée meilleure nageuse de l’année par la FINA, Ledecky semble déjà au sommet. Ce n’est en réalité que partie remise. Elle réitère ses performances deux ans plus tard, glanant trois nouveaux titres sur ses épreuves de prédilection lors des Mondiaux de Kazan, et, immense exploit pour une nageuse si peu prédestinée pour les épreuves de vitesse, parvient à conquérir l’or mondial sur 200m nage libre. Au nez et à la barbe des meilleures sprinteuses mondiales. Pour la natation féminine, c’est une première dans l’histoire. Avec, à la baguette, une extraterrestre en train d’entraîner son sport vers des sphères inégalées.
Tokyo 2020, le clap de fin?
Si l’an dernier, lors des Mondiaux de Gwangju, Katie Ledecky, vaincue par la prodige Titmus sur 400 m nage libre, est apparue loin de ses standards habituels (tout de même une médaille d’or et une autre en argent), la Marylandaise semble toujours intouchable au tournant de cette décennie. Avec 6 médailles aux Jeux (dont 5 en or) et pas moins de 17 breloques mondiales, personne ne fait mieux chez les nageuses au 21ème siècle. Malgré la crise sanitaire qui a entraîné le report des Jeux de Tokyo d’une année, Ledecky, qui a profité de son temps libre pour suivre des cours sur le coronavirus, ne semble pas rassasiée. Elle pourrait, dès l’année prochaine, devenir la femme la plus titrée de l’histoire des Jeux. Et au vu de sa place de reine incontestée dans la hiérarchie mondiale ( il lui faut pour cela 5 médailles d’or), l’objectif semble atteignable. Mais à bientôt 24 ans, cela pourrait être le dernier coup d’éclat de la torpille Ledecky, présente depuis près d’une décennie dans une discipline qui demande tant d’efforts physiques quotidiens et de sacrifices. Quoi qu’il advienne dans la capitale japonaise l’an prochain, l’athlète est déjà entrée dans la légende du sport féminin. Un petit bout de femme qui a pulvérisé 14 records du monde et conquis plus d’un titre, communiquant toujours avec sympathie et humilité auprès du public. L’illustration parfaite de la championne ultime, qui a marqué à jamais une génération entière.
Photo à la Une : (@Harry How / Getty Images)
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