Avant la prochaine étape de la Coupe du monde à Oberhof, l’ancienne biathlète Marie Dorin-Habert s’est confiée en exclusivité pour Le Sport au Féminin. Elle évoque l’équipe de France et les biathlètes qui l’impressionnent le plus aujourd’hui.
Cela va faire deux ans que vous avez quitté le circuit. Avec ce recul, comment percevez-vous le circuit actuel ?
En ce moment, on est en plein changement de génération, dans pas mal de nations. Et ça se ressent au niveau des résultats. Comme il y a eu pas mal de départs, il y a eu un changement de hiérarchie et ça rebat les cartes. Donc là, on est dans une phase où il faut que tout le monde trouve sa place. Et il y en a que ça fait monter et qui montent d’ailleurs très fort.
Par exemple, en équipe de France…
Oui, c’est une équipe très talentueuse. Par exemple, Justine (Braisaz), ça fait longtemps qu’on la voit monter mais là elle a compris que c’était son temps, qu’elle n’était plus la petite jeune qui arrive et qu’elle devait confirmer qu’elle avait sa place au plus haut niveau. Et elle a énormément gagné en régularité. C’est aussi le cas de Julia (Simon). Et j’espère qu’on va les revoir régulièrement dans les Top 10.
D’après vous, jusqu’où pourraient-elles aller ? Un podium final en Coupe du monde dans les prochaines années, cela vous semble possible ?
C’est très dur à dire. Le potentiel elles l’ont, c’est sûr ! Elles peuvent aller décrocher des dossards jaunes, des médailles, des titres. Après est-ce qu’elles vont le faire ? C’est toute la difficulté du sport, du mental et des aléas de la vie.
Il y a des athlètes à très haut potentiel qui ne s’en sortent jamais. Par exemple, je ne pensais pas que la Norvégienne Tiril Eckhoff s’en sortirait un jour. Parce qu’elle avait un excellent potentiel mais jusqu’à maintenant, elle était tellement irrégulière au tir, que c’était dommage et triste pour elle. Je me disais qu’elle était trop vieille et que son temps était passé. Et pourtant cette année, elle semble avoir trouvé le calme derrière la carabine. Son tir est bon, propre et posé. Et les balles rentrent ! Ou encore Kaïsa Mäkäräinen, qui, au sommet de son art tirait très bien et puis les années d’après, elles ne tiraient plus bien du tout. En fait, ça dépend vraiment d’un athlète à l’autre. Mais, une chose est sûre, Justine et Julia ont le potentiel pour viser les meilleures places au classement général.
Et au niveau mondial, qui vous impressionne le plus ?
Dorotea Wierer ! Elle a des qualités de tir que je n’ai jamais eues et que j’aurais rêvé d’avoir. En plus, c’est une athlète accomplie, qui gère son côté « jet-set » à la perfection, sans oublier son côté biathlète. Pour moi, ce sont deux milieux incompatibles parce que le biathlon est un sport tellement exigeant… Et pourtant, elle le gère très bien. En plus, c’est une fille très sympa. J’ai beaucoup d’admiration. Sinon, Tiril Eckhoff. Elle a ramé pendant des années, elle s’est accrochée et aujourd’hui, elle enchaîne les victoires.
Durant votre carrière, vous avez skié avec deux générations de biathlètes françaises (Sandrine Bailly, Marie-Laure Brunet, au début, et la génération actuelle en fin de carrière). Est-ce que vous avez noté un changement dans la manière d’aborder les courses ? Avec notamment une médiatisation plus importante autour de votre sport…
Oui, c’est vrai. Avec la médiatisation qu’il y a aujourd’hui autour du biathlon, tout le monde a à cœur d’exister et se sent vite une star. Parfois, ça peut faire tourner un peu les têtes. Malgré tout, le biathlon reste un milieu assez humble. Notamment de par le tir. Parce que chacun sait qu’il peut rater des balles. On a beau être le meilleur, parfois ça passe à côté, ça arrive à tout le monde. Et ça peut arriver très vite. Finalement, je ne sais pas s’il y a eu un véritable changement, pas de manière très franche en tout cas. C’est plutôt des petits détails.
Photo à la Une : (@DR)