L’histoire d’amour entre la natation et Marie Kuntzmann a débuté très tôt. A l’âge de trois ans elle fait ses premières brasses dans un bassin. Très vite, elle sait que son avenir se dessinera les yeux rivés sur carreaux du fond de la piscine. En 2018, elle participe à ses premières finales A, aux championnats de France mais c’est son arrivée au club de Toulouse qui s’avère déterminante pour la suite de sa carrière.
En septembre 2018, vous rejoignez les Dauphins du TOAC de Toulouse, qu’est ce qui a encouragé votre choix ?
Mon coach ne restait pas sur Chalon et il n’y avait pas d’études supérieures là-bas, alors que pour moi c’était très important. On sait bien que la natation ce n’est pas ce qui est le plus lucratif. Dans ce projet-là, c’est Toulouse qui répondait le mieux au double projet sport-étude. J’ai fait une première année de STAPS dans le groupe orienté sprint, ce qui ne me convenait pas. Avec mon ancien coach on avait axé l’entraînement sur la polyvalence. Finalement je ne nageais pas assez, donc l’année d’après je suis passée avec Nicolas Castel qui a pris les commandes du pôle France. Cette saison là, j’ai pu m’exprimer et je fais championne de France sur le 5km, vice-championne de France sur le 400m. Des résultats qui sont vraiment intéressants cette saison, aussi j’ai pu rentrer en Equipe de France à Doha en eau libre, ça évolue petit à petit.
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Il y a peu, vous vous penchez sérieusement vers la nage en eau libre, comment la transition s’est-elle effectuée ?
J’avais fait quelques étapes de Coupe de France, les 3-4 années avant cette saison et ça me plaisait. En arrivant dans le groupe de Nicolas sur Toulouse, on commençait à plus nager que les années précédentes. Il m’a dit qu’il fallait tenter pour voir ce que ça donnerait. En septembre, je fais 3ème au 25km, 4ème au 10km. Et de là Stéphane Lecat, le Directeur Technique de l’eau libre discute avec mon coach et me trouve du potentiel, donc il me permet d’accéder à la sélection française pour Doha pour essayer de se qualifier aux championnats d’Europe qui suivait. Ce que je ne suis pas parvenue à faire. C’était ma première expérience internationale donc j’étais assez surprise par les évènements, dans l’eau. Mais j’ai réussi à montrer que j’avais ma place sur les championnats de France au mois de juin. Actuellement, en eau libre je me sens plus à l’aise sur 5km, après en bassin il faut encore que je travaille beaucoup la gestion de course. Je bute sur cet aspect-là. J’ai tendance à partir trop vite ou trop lentement justement. C’est encore trop varié et pas assez régulier. Ça va venir avec le temps !
Malgré une saison 2020 échancrée par la pandémie, vous revenez plus forte. Comment l’expliquez-vous ?
C’est assez étrange c’est vrai. On a eu les trois mois de confinement, derrière on a pris le temps de reprendre doucement. Techniquement surtout, ça m’a beaucoup aidé. Paradoxalement, physiquement cette pause forcée a permis a pas mal de monde de récupérer de toutes ses années qu’on a enchaîné sans trop s’arrêter. On nous répète souvent que pour des jeunes comme nous, il ne faut pas s’arrêter plus d’un mois. Cette fois-ci, ça a été bénéfique pour le corps, après bien sur la reprise n’a pas été facile, et on s’en doutait bien !
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Pourtant, vous avez eu une grosse période de moins bien en décembre à la suite de votre fracture du 5ème métacarpien ?
Je me suis cassée la main de moi-même, j’ai craqué mentalement et je me suis énervée brutalement donc je me suis fait mal. J’avais du mal à gérer mes émotions, je vivais une séparation par ailleurs donc j’ai décidé de me faire suivre par une psychologue/préparatrice mentale. Tout le long de ma saison, jusqu’à avant les championnats de France, j’ai fait un gros travail sur ça, je pense que ça m’a réussi. Depuis, même quand les résultats étaient insuffisants, j’étais au RDV à la course d’après, j’ai appris à rebondir à la suite d’un échec ! C’est assez compliqué d’expliquer cette remontée en puissance. J’ai eu un plâtre à la main jusqu’au 24 décembre. Une semaine avant d’enlever mon plâtre, j’ai été un peu dans l’eau, mais sans nager, juste pour retrouver des sensations au niveau des jambes. Avant ça je ne faisais que du vélo en salle, c’était long !
A court et moyen terme quels sont vos objectifs ?
La saison prochaine l’objectif se sera de se qualifier aux championnats du monde en eau libre. De septembre à décembre, nous avons des temps de qualifications à décrocher qui nous permettent d’accéder aux sélections françaises, comme pour Doha. La première partie de saison sera centrée sur la recherche de ces temps. Ils nous sont encore inconnus donc je ne sais pas encore s’ils sont relativement accessibles ou pas. Dans tous les cas, je veux tout faire pour y aller, et j’ai le soutien aussi qu’il me faut pour y parvenir. A côté de ça, il y a aussi les championnats universitaires, qui devaient se dérouler cette année. Nous n’avons pas encore les dates mais c’est une étape importante. De même pour les jeux méditerranéens.
Vous visez Paris 2024. Que représentent les Jeux pour vous ?
C’est l’objectif de ma vie. Actuellement je me vois continuer jusqu’en 2028, mais le passage en 2024 sera obligatoire et très particulier du fait que ces Jeux auront lieu à domicile. Finalement, ça va arriver vite, on s’y lance à fond. C’est l’objectif de tout sportif, en tous cas, sont qui sont sélectionnables. Les Jeux, ça représente beaucoup pour un nageur. Une fois qu’on est allé au jeux, on a réalisé un rêve de gosse et ça on ne peut pas nous l’enlever. Pourtant, si l’on y va, derrière il faut faire le travail pour se battre. Cette année l’édition de Tokyo risque d’être particulière alors espérons qu’en 2024, la situation soit plus sereine.
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Si vous deviez garder un seul souvenir de carrière, lequel serait-il ?
Sans hésiter, le titre de championne de France du 5km à Gravelines, début juin 2021. Je n’étais pas partie dans l’optique de décrocher le titre. Je n’étais pas partie de la meilleure des manières. Je revois encore les images, j’étais assez loin. Finalement, j’ai 8 ou 9 secondes d’avance sur Océane Cassignol qui est tout de même une grande figure de la natation en eau libre. C’était une grande fierté et un vrai soulagement. Ça fait des années que je travaille et les résultats étaient toujours un peu en deçà des espérances, alors ça fait vraiment du bien ! Ça m’a boosté quoi qu’il arrive pour continuer sur cette lancée. Après une année compliquée, je perçois ça comme une récompense. C’était inattendue mais je garde ce titre de championne de France, conquis avec la manière, bien au chaud dans mes souvenirs.
Photo à la Une : (@JorisBouchaut)
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