Après avoir pratiqué la natation artistique dans sa jeunesse, Jade Cadière est depuis plus de dix ans entraîneur au sein de l’Aqua Synchro Lyon. A 26 ans, l’ancienne nageuse voudrait que sa discipline de prédillection soit davantage mise à l’honneur. Entretien.
A seulement 26 ans, cela fait déjà dix ans que vous entrainez. Comment garder la motivation tout les matins de l’année ?
C’est déjà de transmettre ma passion ! Je ne vais jamais à l’entraînement à reculons puis j’ai choisi un travail que j’aime, c’est très important. Ce n’est aucun contraite et que du plaisir. Il n’y a jamais de baisse de motivation malgré ce confinement, même si certaines filles vivent mal cette période puisqu’elles ne peuvent plus s’entraîner. Il n’y a que celles qui sont inscrites sur les listes ministérielles qui peuvent continuer à pratiquer la natation artistique. L’entraîneur se doit d’être à 2000% pour motiver les troupes.
Vous vous décrivez comme « souriante, dynamique, fofolle, généreuse…mais assez nerveuse ». Comment gèrez vous le stress pendant les compétitions ?
Les personnes qui me connaissent diront que je suis exigeante et perfectionniste comme le demande ce sport. Je suis assez dure avec les filles car je sais où je veux les enmener et vers quels objectifs on va ensemble. J’arrive assez facilement à gérer le stress et je me dois d’ailleurs de savoir le gérer car les filles sont souvent, elles, très stressées. Pendant leur performance, qui dure trois minutes, je suis un peu stressé car j’espère que tout va bien se passer. Car de toute façon, je ne peux plus rien contrôler à ce moment-là.
Quels sont les gros points forts de la natation synchronisée ?
C’est un sport qui est très complet. On fait de la natation pure avec des courses, on travaille aussi beaucoup en dehors de l’eau la souplesse, le cardio, le renforcement musculaire. Il faut également que les filles soient performantes dans tous types de danses (hip hop, classique…) pour pouvoir réussir à être prêtes à pratiquer la natation artistique. Il faut être très complet pour faire ce sport et donc il nous arrive souvent de se préparer en faisant de l’accrosport. C’est une discipline avec beaucoup de grâce et très complexe. Il faut avoir beaucoup de souffle Pratiquer ce sport est une façon pour certaines filles de s’exprimer dans l’eau et de cacher leur timidité qui peut parfoit être présente dans la vie de tous les jours. Dans mon rôle d’entraîneur, il y a la performance de l’athlète qui est importante, mais aussi le social qui doit représenter 60% du travail. Au sein de notre club, je travaille en collaboration avec une soffrologue qui aide les filles. La cohésion d’équipe est également très importante.
Quelle relation avez-vous avec les filles que vous entraînez?
Je suis très très proches d’elles. C’est très important qu’elles soient bien dans leur peau, dans le sport qu’elles pratiquent. Je suis toujours là pour elle en tant qu’entraineur même si je ne suis pas leur ami. Je suis leur pilier et repère dans la natation artistique. J’ai beaucoup de nageuses que j’ai suivi pendant 5/6 ans et c’est un peu un déchirement quand elles partent. Il faut aussi savoir les laisser s’en aller par rapport à leur vie future. Certaines pleurent ou m’envoient des petits mots.
Comment vivez-vous la période actuelle qui est compliquée à gérer pour de nombreux clubs, même si les nageuses professionnelles inscrites sur les listes ministérielles peuvent continuer à s’entraîner ?
Je travaille beaucoup pour trouver des solutions pour les filles. Je négocie pour avoir des créneaux supplémentaires et je garde le liens avec elles grâce à des visios. Il faut aussi que ça soit concret pour elles. Il est important qu’on arrive à continuer d’avancer les balais et la préparation physique. En parallèle, j’entraîne toujours dans les bassins, les filles qui sont inscrites sur les listes ministérielles même si ça ne fait pas une équipe complète. On peut faire du travail individuel, mais sur le long terme ça ne pourra pas durer. Ca va devenir compliqué même si tout le travail qu’on fait en ce moment est qualitatif.
Quel est votre regard sur la médiatisation de la natation artistique ?
Au niveau de la Fédération Française de Natation, des sports vont etre plus médiatisés. La FFN met plus de moyens dans la course pure que dans la natation artistique car au niveau mondial, il y a beaucoup plus de performances réalisées par les athlètes français dans ce type de nage. En natation artistique, nous sommes la sixième meilleure nation mondiale. Nous faisons la maximum de notre côté pour être plus médiatisé puisque pour le moment, avec le water polo et le plongeon, nous passons après tous les autres types de nage.
Photo à la Une : (@JadeCadière)