Charlotte Lembach s’est longuement exprimée dans nos colonnes suite à l’annonce officielle du report des Jeux Olympiques de Tokyo 2020. Une décision logique aux yeux de la Strasbourgeoise, qui comptait tirer sa révérence à l’issue de la compétition. Mais la Française n’est pas du genre à baisser les bras et ses ambitions restent intactes. Entretien.
Quelques semaines après la qualification de l’équipe de France de sabre dames pour les Jeux Olympiques de Tokyo 2020, le CIO a annoncé officiellement le report de la compétition. Une décision somme toute logique au vue de la crise sanitaire et de la pandémie de coronavirus qui paralyse le monde depuis plusieurs semaines. Une nouvelle que beaucoup de sportives attendaient, mais qui change forcément leurs plans et leur préparation.
C’est le cas de l’escrimeuse Charlotte Lembach, qui avait contribué à la qualif’ des sabreuses tricolores et qui était en bonne posture pour se rendre au Japon en juillet. La Strasbourgeoise s’était en plus fixée l’objectif de décrocher une médaille olympique à Tokyo, avant de prendre sa retraite. Et si cette décision a mis un petit coup au moral de l’expérimentée sabreuse, elle ne compte pas baisser les bras pour autant. «J’ai un rêve, celui d’être championne olympique donc je ne peux pas m’arrêter là. Je vais continuer pour une année supplémentaire.» Pour Le Sport au Féminin, la Française s’est longuement confiée. Entretien.
Comment avez-vous réagi à l’annonce du report des Jeux Olympiques ?
On le sentait un peu venir. Mais au moment où ça a été officialisé, il y a eu beaucoup d’émotions, quelques larmes, car personnellement je comptais mettre un terme à ma carrière à l’issue des Jeux Olympiques de Tokyo 2020. Il y a eu pas mal de chamboulements par rapports aux projets que j’avais en tête à la fin de ma carrière. J’ai un rêve, celui d’être championne olympique donc je ne peux pas m’arrêter là. Je vais continuer pour une année supplémentaire. Mais maintenir les JO cette année n’était pas la solution. La décision est tout à fait légitime, le plus important est de sortir de cette crise sanitaire sans précédent et que tout le monde puisse retrouver une vie normale. Pour disputer les Jeux Olympiques, il faut arriver en pleine forme et le contexte actuel ne permet pas aux sportifs et sportives d’arriver prêts le jour J. Maintenant que la décision a été prise, on va pouvoir se préparer pour l’année prochaine, on a le temps de repartir sur de bonnes bases.
Quel sera l’impact de cette décision sur vos prochaines semaines de préparation ?
Le problème est que l’on n’a pas trop de visibilité sur ce qui va se passer. L’équipe de France de sabre dames était qualifiée mais on ne connaît pas les modalités de qualification depuis l’annonce du report. Il y a des incertitudes sur les qualif’ au niveau international, national mais aussi fédéral. J’ai eu mon coach au téléphone récemment, il m’a dit de prendre mon temps, de me maintenir en forme mais de ne pas faire trop trop de sport. Quand on a l’habitude de faire 5, 6h de sport par jour et qu’on passe à 1h, 1h30 maximum, ça fait forcément un changement.
Craignez-vous que la qualification de l’équipe de France de sabre dames soit remise en cause depuis l’annonce du report ?
Oui un peu, c’est quelque chose qui peut arriver. Maintenant, ça serait beaucoup de chamboulements pour les équipes qui étaient déjà qualifiées et les sportives qui l’étaient en individuel. Je pense que l’équipe de France restera qualifiée mais les décisions peuvent changer en interne (sur la composition de l’équipe ndlr). On peut être performante à l’heure actuelle et ne plus l’être dans quelques mois, il peut y avoir des blessures etc .. Il va falloir se remobiliser et se battre à nouveau pour décrocher sa qualification en individuel.
Comment se passe le confinement ?
Ca commence à être un peu long (Rires) ! (Interview réalisé le 25 mars dernier, soit après neuf jours de confinement ndlr). Je vis dans un appartement de cinquante mètre carré au septième étage, je n’ai pas d’extérieur donc pour prendre l’air c’est un peu compliqué. J’essaie de sortir une ou deux fois par semaine pour faire les courses sinon je reste chez moi. Un peu de sport, des jeux de société, une culture cinématographique qui s’étoffe et j’ai enfin du temps pour me consacrer à mes études. J’essaie d’avancer sur mes cours et sur ma quatrième année d’école de commerce que je fais en parallèle de l’escrime. Il faut essayer de tirer du positif.
Comment faire pour garder la condition physique ?
J’ai eu la chance que mon préparateur physique m’amène un vélo d’appartement avant le confinement.Vu que je ne vais plus courir dehors je me maintiens avec le vélo, cela me permet de travailler le cardio. Il m’a également apporté des altères et quelques appareils pour que je conserve ma forme. Je fais beaucoup de renforcement musculaire (gainage, poids de corps etc ..).
Certaines personnes ne respectent pas totalement le confinement. Qu’en pensez-vous ?
Ca me désole. Je pense qu’a l’heure actuelle on vit quelque chose d’historique et d’inédit. Il ne faut pas le prendre à la légère. Quand on voit que certains marchés sont encore ouverts et que des personnes se ruent dessus .. Il faut penser aux soignants, infirmières et personnel médical qui se battent pour essayer de nous sauver, on ne leur facilite pas la tâche en continuant à sortir. Il faut rester confiné au maximum. Je ne suis pas du tout en phase avec les gens qui prennent cela à la légère. La prise de conscience est peut être un peu longue. C’est vrai qu’il y a quinze jours (début mars 2020 ndlr) quand on nous a annoncé que l’INSEP fermait, on a été surpris car on pensait disputer une compétition la semaine d’après. Je voyais encore mes amis le week-end au début, et quand on t’annonce qu’il faut être confiné c’est un petit choc. On n’a pas trop le choix et il faut s’adapter. En tant que sportifs on a l’habitude de s’adapter à des situations délicates donc on fait avec. Quand le Président prend la parole et annonce clairement la situation, on ne peut plus faire comme si c’était quelque chose de secondaire. On parle d’une pandémie, d’une crise sanitaire mondiale et il faut être très vigilant et respecter les consignes.
Sortez-vous pour applaudir à 20h ?
Oui tous les soirs ! Il n’y a pas trop de bruit dans mon quartier mais j’étais récemment en Face Time avec des amis, il y avait des sifflets, des vuvuzelas (Rires). C’est un beau geste mais le plus important est de rester chez soi.
Photo à la Une : (@FFEscrime)