Chaque semaine, Le Sport Au Féminin vous propose de découvrir un sport olympique méconnu du grand public. Après l’haltérophilie et l’aviron, place à une discipline aussi esthétique qu’athlétique : la natation artistique. Conjuguant natation, danse et gymnastique, l’activité nautique est exigeante et demande un travail de synchronisation exemplaire. Laissez-vous plonger dans cet univers aquatique plein de paillettes… Et de peps.
Endurance, souplesse, synchronisation… Les qualités requises à la pratique de la natation artistique sont souvent négligées et oubliées par le grand public. Sport olympique depuis les Jeux de 1984, la discipline demande à la fois un effort de réflexion – puisque les nageurs et nageuses doivent être coordonnés à la musique, et physique, les muscles étant toujours sollicités lors d’une représentation.
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La natation artistique : une discipline moderne ?
Beaucoup de sports étaient déjà pratiqués durant l’Antiquité. Tout comme le lancer du disque ou la lutte, la natation artistique n’échappe pas à la règle. Elle a cependant subi des changements en une vingtaine de siècles.
Les premières traces de la discipline remontent à Rome où des danseuses évoluaient devant le roi avec grâce tout en effectuant des figures dans l’eau. De l’autre côté du globe, les Samouraïs japonais devaient eux aussi danser le plus joliment possible, en uniforme, pour être sélectionnés dans l’armée.
À notre ère, le sport s’est développé sous l’impulsion d’un ballet aquatique présenté par Annette Kellerman (Australienne) en 1907. Plus tard, entre les années 10 et 30, Katherine Curtis (Américaine) a mis au point un enchainement de figures aquatiques en les associant avec de la musique. Peg Sellers y a incorporé des techniques de nage et de sauvetage. La natation artistique est née. L’art est reconnu officiellement comme un sport en 1947 mais en contrepartie, exclu les hommes. Il faut attendre 1984 pour voir la discipline intégrer les JO. L’an 2000 pour qu’une catégorie masculine soit autorisée à concourir lors de compétitions.
Un sport féminin dorénavant mixte
Une majorité de femmes pratique la natation artistique. Mais la toute première compétition était en réalité exclusivement masculine. Elle s’est déroulée à Berlin en 1891, sous l’appellation « natation ornementale et scientifique ». Plus d’un siècle sépare les hommes de ce sport, jusqu’à ce que la Fédération internationale de natation (FINA) les autorise à la pratique.
En 2017, la France comptait environ 200 nageurs artistique pour 20 000 licenciés. Un chiffre trop petit pour qu’ils participent à une compétition dépassant le cadre national. Alors des duos et des équipes mixtes ont vu le jour. Principalement grâce à la performance de Billy May et Kristina Lum aux Championnats du monde de Kazan (2015).
Des règles basées sur la technique, sa difficulté et l’esthétisme d’une performance
En solo, duo, à huit ou à dix, les nageurs doivent danser pendant 2 à 5 minutes. La discipline requiert qu’un sportif ne touche pas le fond de la piscine. Une caméra sous-marine s’occupe de la vérification. Si cette règle n’est pas respectée, un point de pénalité est infligé.
Les athlètes doivent aussi effectuer deux programmes différents. L’un libre, travaillé auparavant avec un entraineur, l’autre avec des figures imposées, sans musique. Les notes données un jury déterminent un nombre de points plus ou moins conséquent, qui élisent le vainqueur.
Ainsi, les nageuses sont notées sur trois critères. L’aspect technique des figures (synchronisation et exécution des mouvements). L’aspect artistique (chorégraphie, style, interprétation musicale). Enfin, l’aspect de la « difficulté » fait référence aux positions rapprochées entre les nageuses, la longueur des figures et la rapidité d’exécution de celles-ci.
L’aspect athlétique de la natation artistique
La souplesse et le tonus des muscles sont les meilleures armes d’un ou d’une nageuse de natation artistique. Mais le souffle et l’aspect cardiaque ne sont pas à négliger non plus. Les sportives sont souvent en apnée lorsqu’elles effectuent des figures. Par conséquent, elles doivent travailler en amont pour parfois rester 50 secondes dans l’eau sans respirer.
Elles possèdent aussi des bras et des jambes solides. Les portés « éjectés », qui ont lieu au-dessus de l’eau, nécessitent une sollicitation complète des abdominaux, des biceps et des cuisses.
Parmi les Françaises les plus capées, on retrouve Virginie Dedieu, quatre fois médaillée d’or aux Championnats du monde de 2003, 2005 et 2007 en solo, également détentrice de médailles d’argent aux Championnats d’Europe et du monde entre 2000 et 2004 et d’une médaille de bronze en duo aux Mondiaux de 2001 avec Myriam Lignot. Plus récemment, le duo Laura Augé-Margaux Chrétien, a atteint la 8e place de la finale des JO de Rio avec 174.2491 points. L’été prochain, les soeurs Charlotte et Laura Tremble participeront aux Jeux de Tokyo.
Jade Cadière, entraîneur de natation artistique :
« C’est un sport qui est très complet. On fait de la natation pure avec des courses, on travaille aussi beaucoup en dehors de l’eau la souplesse, le cardio, le renforcement musculaire. Il faut également que les filles soient performantes dans tous types de danses (hip hop, classique…) pour pouvoir réussir à être prêtes à pratiquer la natation artistique. Il faut être très complet pour faire ce sport et donc il nous arrive souvent de se préparer en faisant de l’acrosport. C’est une discipline avec beaucoup de grâce et très complexe. Il faut avoir beaucoup de souffle. Pratiquer ce sport est une façon pour certaines filles de s’exprimer dans l’eau et de cacher leur timidité qui peut parfois être présente dans la vie de tous les jours. La cohésion d’équipe est également très importante. »
Photo à la Une : (@FFN)
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