La championne olympique et championne du monde IBO des poids légers, Estelle Mossely (27 ans) a été désignée sportive de l’année GQ. Pour le magazine américain, la Française s’est confiée sur sa vie de sportive, ses sacrifices et son combat pour le sport féminin. Extraits.
« Je parle vraiment de sacrifices car je suis convaincu que j’en ai faits. J’ai eu un double parcours : études et sport de haut niveau. Quand tu fais deux activités à fond comme cela, tu es obligée de sacrifier des choses. À 17 ans, je suis entrée en équipe de France, à 18 ans en école d’ingénieurs (elle est diplômée de l’École supérieure d’ingénieurs Léonard-de-Vinci). Je ne passais pas mon week-end avec mes copines à m’amuser. Alors qu’à cet âge-là, on aime bien relâcher. Je ne le faisais jamais.
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Aujourd’hui, j’ai gagné la médaille d’or aux JO, je suis passée professionnelle, je suis maman. Il y a des moments où j’ai envie de rester chez moi et profiter de mon petit, mais… S’il est malade une semaine avant la compétition, je dois faire un choix, qui n’est pas facile : aller m’entraîner. Je ne m’entraîne pas si dur pour qu’à la dernière seconde j’ai à m’occuper de mon fils malade. C’est bizarre de dire cela, mais je dois déléguer. Je passe donc moins de temps avec mes proches, à prendre du bon temps. Oui, on fait du sport et ça nous fait plaisir et du bien, mais les entraînements ne sont pas toujours faciles, on repousse toujours les limites de notre corps de plus en plus loin. Le choix d’aller dans la compétition est difficile car il y a des étapes dont on se passerait bien. Mais bon… On cherche la gagne, le graal. Et on sait que le chemin est difficile pour y arriver.
« Améliorer le sport féminin, c’est une façon de faire progresser le sport en général »
Je veux faire des choses qui servent. Je suis sportive, je le fais pour moi, je gagne pour moi. Je veux être championne car je veux avoir ce plaisir d’être meilleure que toutes les autres. Mais derrière ça, quand j’arrive au bout, il faut que ça serve. Je réfléchis toujours comme ça. J’ai fait des études car je me voyais dans un grand poste, je me voyais gagner de l’argent. Mais je voulais aussi aider. Et je me disais que sans argent, ce serait compliqué. Dans le sport, pareil. Si je gagne, tout le monde me connaîtra pendant un an ou deux, et personne ne parlera plus de moi si je ne fais rien d’autres. Donc oui, je veux me placer comme une ambassadrice du sport féminin et du sport tout court même. Je défends la cause féminine car c’est ce que je connais le mieux. J’ai été pendant de nombreuses années en équipe de France, j’ai côtoyé beaucoup d’athlètes féminines, j’ai préféré me mettre sur un créneau que je maîtrise. Et améliorer le sport féminin, c’est une façon de faire progresser le sport en général. Le fait de gagner fait que derrière, naturellement, l’envie d’aider prend le pas sur les victoires. »
Photo à la Une : (@DR)
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