Lutteuse depuis quelques années déjà, Hilary Honorine s’est longuement confiée pour Le Sport au Féminin. Sa victoire aux Championnats de France et ses ambitions à venir, la jeune athlète a évoqué tous les sujets. Entretien.
Le report des Jeux Olympiques n’a pas forcément été une mauvaise nouvelle pour Hilary Honorine qui a pu profiter cette crise sanitaire pour passer du temps avec sa famille. Mais la jeune sportive de 23 ans n’en oublie pas pour autant ses objectifs futurs. Entretien.
« La lutte est un sport complet »
J’ai commencé la lutte au collège. J’ai tout de suite accroché et deux ans après j’ai intégré le pôle espoirs. Ensuite je suis entrée au Pôle France où je suis restée quatre ans. Maintenant ça va faire trois ans que je suis à l’INSEP. J’ai testé pas mal de sport, mais c’est vraiment la lutte qui m’a plu car c’est un sport complet. C’est aussi un sport de saisie. Il faut beaucoup travailler. C’est une des rares disciplines à être aussi complète. Chacun possède une lutte différente puisqu’il faut mêler stratégie, force et souplesse. C’est vraiment ce côté de la lutte qui m’a attirée vers ce sport. Juste avant le confinement, j’étais en stage en Ukraine. On était en pleine préparation pour le tournoi de qualification Olympique, mais le coronavirus a tout arrêté.
« Dans ma tête, je me suis dit que je ne pouvais pas perdre »
Ma victoire aux Championnats de France ? J’étais très contente car ça faisait un an et demi que j’étais en galère, notamment à causes de petits pépins physiques. C’était ma première compétition en 2020. Je m’étais préparée de la meilleure des manière. J’avais fait un bon régime. J’avais quelques concurrentes mais j’étais tête de série tout de même. Forcément j’avais la pression car je ne m’étais quasiment pas entraînée pendant un an et demi. J’allais faire face à des filles qui, elles, ne s’étaient sans doute pas arrêtées. Je suis arrivée confiante. Dans ma tête, je me suis dit que je ne pouvais pas perdre. J’ai évidemment été déçue que tout s’arrête ensuite. J’avais pour ambition d’aller encore plus loin. Mais c’est comme ça.
Les Tournois de Qualification Olympique
Le titre aux Championnats de France m’a ouvert une porte. Grâce à lui, je pouvais participer aux deux tournois de qualification pour les Jeux Olympiques. Malheureusement, tout a été annulé et reporté l’année prochaine aux mêmes dates. Tout est remis en jeu. Pour le moment, on ne sait pas vraiment si l’on devra repasser par des qualifications aux TQO ou non. C’est vrai que ce serait un peu frustrant de devoir rejouer les Championnats de France alors que je les ai déjà gagnés. Ce serait plus simple de n’avoir qu’à disputer les deux TQO. Je pourrais entièrement me focaliser là-dessus. Mon objectif est bien évidemment de finir première et de me qualifier pour les Jeux. Cette année en plus me permettra d’engranger de l’expérience.
« Bien sûr que la santé prime »
Le report des Jeux de Tokyo ? Pour moi c’était on ne peut plus logique. On ne pouvait pas les disputer cet été dans le contexte actuel. Il faut l’accepter. C’est sûr que c’est une bonne nouvelle pour certains et moins pour d’autres. Mais il faut penser au contexte surtout. Bien sûr que la santé prime. Quand le report a été officialisé, j’avoue que j’ai un peu mis ma préparation en stand-by. Le plus important était ma famille et mon entourage. Il y avait des choses bien plus graves que le report des Jeux Olympiques. Un an de plus, ça donne du temps pour se préparer encore mieux physiquement et mentalement. Je pense que mes ambitions peuvent s’en retrouver encore augmentées. Le confinement m’a permis de faire le point en me posant les bonnes questions et en repoussant encore plus mes limites. J’ai loupé les Jeux ? Eh bien tant pis, ça me donne encore plus envie d’y participer l’année prochaine.
« Aujourd’hui la lutte me prend tout mon temps »
Avant d’atteindre Paris 2024, il y a plusieurs étapes à passer. Les Championnats d’Europe et du Monde notamment. J’aimerais être sélectionnée pour voir de quoi je suis capable au niveau international. Après ces mois sans compétition, j’aimerais savoir où est-ce que j’en suis actuellement. Faire des compétitions plus relevées ça me permettrait de découvrir des luttes différentes de celles pratiquées en France. Cela me servirait également à corriger mes erreurs et à m’améliorer en tout points. Après Paris 2024, je pense que j’arrêterai. Les années passent et je n’ai pas envie de passer ma vie entière dans la lutte. Je ne sais pas vraiment ce que je ferais après. J’aimerais construire une famille et voyager. Aujourd’hui, la lutte me prend tout mon temps et c’est parfois difficile de composer avec sa vie privée.
Son plus beau souvenir en carrière
C’est bête mais je crois que ça remonte à l’époque où j’étais en cadette. C’était la première fois que je devenais championne de France. J’avais grandement été surprise de moi-même. Je n’y étais pas forcément allé pour gagner à la base. C’était énormément de sacrifices, d’abnégation et de travail pour en arriver là. Mes parents étaient vraiment très fiers de moi. Il y avait beaucoup d’émotions qui s’entremêlaient ce jour-là. C’est un peu là que tout a commencé pour moi puisque c’était mes premiers pas au plus haut niveau en quelque sorte. C’était vraiment le point de départ de ma carrière.
Photo à la Une : (@HilaryHonorine)