Huit françaises (plus le barreur) vont participer aux Championnats d’Europe Universitaire d’aviron du 4 au 8 septembre prochain. Pour être au plus près de l’évènement, Le Sport Au Féminin est parti à la rencontre de trois d’entre elles. Premier volet avec Julia Verhoeven, championne de France en individuel en 2017.
Qualifiée pour les Championnats d’Europe Universitaire d’aviron, Julia Verhoeven est étudiante à Audencia Bachelors de Nantes. Fana de sport depuis son plus jeune âge, elle a eu un coup de coeur pour l’aviron et a connu une belle ascension, en participant à plusieurs compétitions internationales avec l’équipe de France Juniors.
Après avoir longtemps rêvé de devenir une sportive de haut niveau, elle a fait un choix fort en renonçant à sa carrière professionnelle pour privilégier ses études. Une décision difficile à prendre mais la Gravelinoise ne regrette rien. Aujourd’hui sa passion pour le sport reste inchangée et elle s’épanouit au niveau universitaire : « le vrai bonheur n’est pas de gagner mais de partager des choses simples avec les personnes que l’on aime. »
Parlez-nous de votre parcours
Lorsque j’étais petite, j’ai essayé beaucoup de sports (tennis, danse, saut en hauteur…). J’ai commencé l’aviron en troisième et j’ai tout de suite aimé l’ambiance et le fait de pratiquer un sport sur l’eau, dans la nature. J’aimais la compétition car je gagnais souvent grâce à ma taille et mon mental, j’ai donc persévéré dans ce sport au point de quitter ma ville et ma famille à l’âge de 16 ans pour entrer en sport-étude à Nantes.
Vous avez donc du faire des sacrifices pour atteindre ce niveau ?
Oui, j’ai du me séparer de ma famille, de mes amis. Ce fut un choix difficile mais je ne regrette rien. Vivre à 600 km de chez moi m’a permis de quitter ma zone de confort, de devenir championne de France, de rentrer en équipe de France Junior deux années consécutives, et aussi d’obtenir le bac avec mention. Je me suis endurcie mentalement et j’ai beaucoup appris sur la vie. En étude supérieure, j’envisageais de poursuivre le sport de haut-niveau car mon rêve était de participer aux JO. Je me suis vite rendue compte que de concilier sport de haut-niveau et études était impossible. C’est la raison pour laquelle je me suis tournée vers le sport universitaire.
Comment s’est passé le changement entre sport de haut niveau et sport universitaire ?
Au début, la transition ne fut pas facile car j’avais l’impression de retourner à une vie « normale » après toute cette euphorie et cette dynamique d’entrainement intensive que je vivais depuis l’âge de 13 ans. Mais l’aviron universitaire m’a beaucoup apporté et j’ai retrouvé le goût de faire du sport sans stress et sans l’angoisse du résultat. Le sport universitaire fût donc un véritable tremplin dans ma vie d’étudiante et d’ancienne sportive de haut-niveau. De plus, j’ai réalisé que le vrai bonheur n’était pas de gagner mais de partager des choses simples avec les personnes que l’on aime.
Quelle est votre place sur le bateau et quelles sont les qualités requises pour ce poste ?
Dans le bateau de huit que nous formons pour les Championnats d’Europe, je suis à la sixième place. Ce poste demande de la concentration et de la coordination pour faire le lien avec le reste du bateau. De plus, je fais partie des places du milieu où il faut pousser très fort dans l’eau pour propulser le bateau. Cela demande de la puissance et de l’endurance.
Comment abordez-vous ces Championnats d’Europe universitaire en Suède ?
Ayant vécu des compétitions internationales en équipe de France Junior, je suis confiante pour cette compétition. Je ne me mets pas du tout la pression, j’ai confiance en mon équipage qui est de grande qualité. Je vois cet événement comme une occasion de se faire plaisir sur un rendez-vous international en se confrontant avec de beaux équipages. Je rame aussi car j’apprécie mes collègues, qui se donnent beaucoup de mal pour s’entraîner tous les jours. Cela sera sans doute une aventure humaine et sportive inoubliable !
Imaginiez-vous pouvoir un jour représenter la France dans une compétition mondiale?
Quand j’étais enfant, j’ai toujours rêvé d’être championne dans un sport, j’admirais tous les sportifs de haut-niveau. Etre à cette place est quelque chose d’émouvant. Après tant de sacrifices et d’efforts, c’est une belle satisfaction. J’ai vraiment hâte d’y être !
Quelle est votre devise ?
« La vie ne vaut le coup d’être vécue que pour de grandes choses. » Mais j’en ai aussi une autre qui me tient vraiment à cœur : « Le bonheur n’est réel que lorsqu’il est partagé. »
La France est-elle selon vous en retard au niveau de l’évolution du sport féminin ?
Au niveau de l’aviron, c’est un sport mixte, il y a autant de femmes que d’hommes. Mais cette discipline reste encore trop méconnue du public. Le sport féminin en général se développe peu à peu mais il y a encore du travail. Je dirais que la France est surtout en retard pour aider les sportifs de haut-niveau à concilier sport et études. Il suffit de comparer notre situation avec l’Angleterre, l’Allemagne ou encore les Etats-Unis. Je trouve ça vraiment dommageable pour nous, jeunes athlètes.
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