Beaucoup de choses inédites se passent tous les quatre ans lors des Jeux Olympiques. De belles histoires se mélangent souvent au plaisir du sport mais également des histoires moins drôles, moins joviales, dont cette quinzaine olympique aurait pu se passer. C’est cas de l’athlète Biélorusse Krystsina Tsimanouskaya, contrainte de quitter les Jeux après avoir critiqué sa fédération.
La politique se mélange souvent dans beaucoup d’aspects de la vie quotidienne et le sport n’y échappe pas. C’est ce qui a coûté la place de Krystsina Tsimanouskaya aux Jeux de Tokyo qui a dû écourter son séjour au village olympique de la capitale nippone. Alors qu’elle se préparait à courir les séries du 200m, la jeune femme de 24 ans a été retirée de la liste de la compétition par sa propre Fédération qui l’a forcée à quitter la sélection olympique. Selon le président du comité olympique biélorusse, Viktor Loukachenko, fils du président Alexandre Loukachenko, son retrait des JO est dû à « une décision des médecins, en raison de son état émotionnel et psychologique ». Cette déclaration a été immédiatement qualifiée de « mensonge » par l’athlète. Selon elle, cette décision est le résultat des critiques qu’elle a émit publiquement sur sa fédération et ses entraîneurs sur son compte Instagram.
Des critiques suite à une inscription à une épreuve
Krystsina Tsimanouskaya avait déjà critiqué sa Fédération en affirmant avoir été contrainte de participer au relais 4×400 m car deux autres athlètes n’avaient pas réalisé un nombre suffisant de contrôles antidopage, selon elle. « L’entraîneur m’a ajoutée au relais sans m’en parler. J’en ai parlé publiquement. L’entraîneur principal est venu me voir et m’a dit qu’il y avait un ordre d’en haut de me retirer de l’équipe », avait-elle expliqué.
Suite à ce retrait de la compétition, la jeune femme aurait été forcée de quitter le Japon pour retourner dans son pays natal. Selon elle, ses coaches seraient venus dans sa chambre d’hôtel pour lui indiquer de faire ses bagages et l’aurait conduite à l’aéroport sans son consentement. Dans une vidéo Instagram, l’athlète avait alerté les autorités sur sa situation : « Je demande au Comité international olympique de m’aider, j’ai subi des pressions et on essaye de me faire partir du pays sans mon accord . »
Une demande d’asile politique
Le Comité international olympique (CIO) a expliqué que Krystsina Tsimanouskaya a sollicité l’aide de l’instance. Selon Mark Adams, porte-parole du Comité, « le CIO et le comité d’organisation des Jeux de Tokyo (TOCOG) ont parlé à l’athlète biélorusse hier soir (dimanche soir) à l’aéroport d’Haneda. Elle se sentait en sécurité et a passé la nuit sur place. » James MacLoad, responsable des relations avec les comités internationaux olympique, s’est entretenu avec la jeune femme : « Nous lui apportons notre soutien. On veut savoir ce qu’elle veut faire. Elle est entre les mains des autorités et nous avons demandé un rapport au comité olympique biélorusse ». Un rapport qui risque de remettre de l’huile sur le feu entre le CIO et Viktor Loukachenko, déjà suspendu par l’instance en mars dernier.
Par peur pour sa sécurité, la sprinteuse espère avoir le droit à l’asile politique. Bon nombre de pays lui ont déjà proposer des visas humanitaires, comme la Pologne ou la République Tchèque. Le ministre des Affaires étrangères tchèque, Jakub Kulhanek, lui a proposé son aide. Sur Twitter, il déclare : « Les autorités japonaises viennent de nous confirmer que l’athlète Krystsina Tsimanouskaya avait reçu notre offre d’asile. Si elle décide de l’accepter, nous ferons au mieux pour l’aider. Les Jeux olympiques n’ont rien à voir avec la politique, les méthodes du régime Loukachenko sont absolument honteuses. » En effet, ces derniers mois le régime biélorusse a montré de quoi il était capable pour faire taire ses opposants. En octobre dernier, la basketteuse Yelena Leuchanka avait été emprisonnée quinze jours pour avoir participé à des manifestations contre le pouvoir en place. Les sportifs ne sont pas les seuls dans la ligne de mire du Président Biélorusse, les journalistes, opposants et militants subissent également une forte répression dans leur pays.
Malgré cette offre de Jakub Kulhanek, Krystsina Tsimanouskaya a fait une demande d’asile à la Pologne, qui lui a accordé un visa humanitaire. Elle devrait partir prochainement du Japon pour rejoindre le pays d’Europe de l’Est.
Photo à la Une : (@DailySabah)