Alors qu’elle est en pleine préparation de sa saison, la snowboardeuse Chloé Trespeuch s’engage pour la protection de l’enseignement de sa discipline. Elle nous explique la situation et pourquoi il est primordial que les choses évoluent. Et vite.
L’enseignement du snowboard en France est menacé. Pouvez-vous nous expliquer la situation ?
Depuis toujours, le monitorat de snowboard est regroupé sous le monitorat ski et snowboard. C’est-à-dire que pour obtenir le droit d’enseigner, il faut suivre une formation de 18 semaines. Il faut un niveau de ski très élevé et un niveau de snowboard un peu moins élevé. Jusqu’à présent, tous les snowboardeurs de haut niveau bénéficiaient d’une passerelle et avaient le droit d’accéder à un programme aménagé, c’est-à-dire qu’ils n’avaient pas besoin d’un niveau de ski excellent. En effet, étant donné qu’ils étaient issus du snowboard de haut niveau, il était évident qu’ils n’allaient enseigner que le snowboard. Mais avec une réforme européenne, il a été décidé que cette passerelle serait supprimée. Donc, désormais, pour enseigner le snowboard, il faudra passer l’Eurotest en ski. C’est un examen très compliqué et il n’y a aucune chance de l’obtenir si l’on n’a jamais fait de ski en compétitions…
Les skieurs alpins ne peuvent pas encadrer des snowboardeurs pour les amener au haut niveau
Il sera donc très difficile pour les snowboardeurs d’obtenir le monitorat…
Oui et c’est d’autant plus incompréhensible que le snowboard est un sport vraiment différent du ski. Dans l’équipe par exemple, on a tous commencé le snowboard à 7-8 ans et on a très peu fait de ski. On se débrouille bien sûr mais on est loin d’avoir un niveau compétition. Et cette réforme ferme la porte du monitorat pour tous les snowboardeurs puisqu’il n’y aura plus de diplôme propre au snowboard. Donc notre discipline sera enseignée par des skieurs qui auront eu une semaine de formation au snowboard… Et qui dit disparition de l’enseignement du snowboard, dit également moins d’athlètes de haut niveau en France. Parce que des skieurs alpins ne peuvent pas encadrer des snowboardeurs pour les amener au haut niveau. Et c’est d’autant plus triste que toutes les autres grandes nations de ski (Italie, Suisse, …) ont un diplôme propre au snowboard.
J’ai surtout envie que la ministre des sports nous entende
Cela doit également vous toucher à titre personnel ?
Oui, ça m’atteint vraiment parce que tous mes coachs ont pu bénéficier de cette passerelle et ce sont tous d’anciens snowboardeurs. Ce sont eux qui m’ont permis d’avoir la carrière que j’ai, ce sont eux qui m’ont transmis leurs compétences. Et avec cette réforme, tout cela sera terminé. C’est triste, d’autant que le snowboard n’est pas un sport jeune. Il est bien implanté en France depuis les années 80, c’est une discipline olympique depuis 1998. Et les snowboardeurs français rapportent souvent des médailles (12 médailles en 6 olympiades).
Vous avez bon espoir de faire évoluer les choses ?
Oui, je pense que là, on n’en est qu’au début du « combat ». J’ai surtout envie que la ministre des sports nous entende et que cela fasse évoluer les choses comme dans les autres pays. Donc j’ai de bons espoirs, oui.
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